Journées du patrimoine : Une famille en or fait briller la France par son art
patrimoine•Meilleur ouvrier de France depuis trois générations, spécialisé dans la restauration, la conservation du patrimoine et les dorures à l’or fin, l’atelier Meyer en Alsace fait rayonner son savoir-faire dans le monde entierGilles Varela
L'essentiel
- L’atelier Meyer à Schiltigheim (Bas-Rhin) est spécialisé dans la conservation et la restauration du patrimoine historique et religieux. C’est aussi une référence dans les dorures à l’or fin et la fabrication de cadre haut de gamme.
- Pascal Meyer qui le dirige, est Meilleur ouvrier de France, tout comme l’étaient son père et son grand-père qui lui ont passé la main. C’est unique en France.
- Si le domaine de prédilection de l’atelier Meyer reste la restauration de patrimoine et de dorures à l’or fin, il répond aussi à une nouvelle clientèle privée et très fortunée aux exigences diverses.
Passionné et passionnant. L’atelier Meyer, spécialisé dans la conservation et la restauration du patrimoine historique et religieux, est aussi une référence dans les dorures à l’or fin et la fabrication de cadres haut de gamme. Pascal Meyer, Meilleur ouvrier de France, fait discrètement briller le savoir-faire français dans l’Hexagone et bien au-delà de nos frontières.
Chose unique, quelle que soit la catégorie, la famille côtoie l’excellence depuis près de cent ans. « C’est l’unique entreprise en France à détenir trois générations de MOF », souligne le quadragénaire au col de blouse bleu-blanc-rouge. Son grand-père a en effet été élu l’un des Meilleurs ouvriers de France en 1976, tout comme son son père en 1972 et finalement lui en novembre 2000.
Accompagné de sa femme Eladia, issue, d’une famille Espagnole qui compte aussi bien des bijoutiers que des facteurs d’orgue, experte (entre autres) en restauration de tableaux, il répond avec leur jeune équipe aux commandes les plus valorisantes.
Dans le Bas-Rhin, leurs références ressemblent à une liste de courses avant une grande fête : la Cathédrale de Strasbourg, l’église Orthodoxe de Strasbourg, l’Abbatiale d’Ebersmunster, la Chambre de commerce… L’atelier peut se targuer encore d’intervenir à l’ambassade des États-Unis de Paris, au musée d’Orange, la cathédrale de Sens, chez le producteur de champagne Veuve Clicquot à Reims… Mais aussi, pour donner une nouvelle impulsion à leur art dans des pays de l’Est, au Japon ou au Moyen-Orient. De quoi donner confiance à leurs nouveaux commanditaires, bien souvent des architectes décorateurs basés à Londres.
« Une tendance bling-bling »
Une histoire de famille qui a cœur aussi de transmettre son savoir aux nouvelles générations pour faire perdurer les traditions, le travail bien fait, l’excellence. « J’aime la transmission, mais elle fait aussi partie de l’équilibre de l’entreprise », confie Pascal Meyer. Le Meilleur ouvrier de France a en effet déjà formé 14 apprentis et compte actuellement dans sa jeune équipe de quatre personnes (ils ont tous la vingtaine) une Meilleure apprentie de France (MAF).
Habilité par les musées de France, labellisé Entreprise du patrimoine vivant, l’atelier a de quoi donner confiance à leurs commanditaires, ce qui est primordial dans le métier où la discrétion règne. Si l’entreprise préserve les plus belles œuvres nationales, il répond aussi aux demandes des particuliers, souvent des clients les plus fortunés, pour du très haut de gamme. La demande évolue, elle a « tendance à être bling-bling, il faut que ça brille », sourit Pascal Meyer. C’est d’ailleurs la route du « super luxe » qu’a emprunté l’atelier ces dernières années.
L’intérieur d’œufs de caille tapissé de feuilles d’or
« On aime relever les défis, s’amuse l’artisan. Ce qui me plaît, c’est de chercher des nouvelles techniques de dorure pour de nouveaux supports. Sur tous les matériaux poreux, on sait à l’atelier comment faire. Mais pour tout ce qui est verre, plastique, aluminium, etc., on cherche à développer de nouvelles techniques pour de nouveaux effets de dorures et du coup, aller vers les maisons haut de gamme, de luxe françaises ou étrangères, pour leur dire : nous, on maîtrise la feuille depuis près de 100 ans, maintenant si vous avez une commande spéciale, on sait le faire. »
C’est ainsi qu’ils ont tapissé de feuilles d’or l’intérieur d’une cinquantaine d’œufs de caille pour un grand chef cuisinier, couvert de feuilles d’or le hall d’entrée d’un Boeing, une rampe de piscine, des cornes de cerfs, des flasques en aluminium ou fabriquer et dorer à l’or 24 carats 14 grands cadres pour les miroirs d’un yacht… Des exemples ou projets, la petite entreprise alsacienne en a bien d’autres, mais dont elle ne peut pas parler. Clientèle discrète oblige, le silence est d’or.
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