Spoke Orkestra slame en pro(ses)

Spoke Orkestra slame en pro(ses)

Les trois slameurs du groupe Spoke Orkestra prêcheront leurs bonnes paroles ce soir au Divan du Monde (Paris 18e)*. Nada, Félix J. et D’ de Kabal sont trois amoureux de la musique des mots, qui se sont joints au compositeur Franco Mannara pour sortir, e
© 20 minutes

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Les trois slameurs du groupe Spoke Orkestra prêcheront leurs bonnes paroles ce soir au Divan du Monde (Paris 18e)*. Nada, Félix J. et D’ de Kabal sont trois amoureux de la musique des mots, qui se sont joints au compositeur Franco Mannara pour sortir, en mai dernier, Interdit aux mineurs, premier gros projet musical slam.« Le slam, c’est un texte, plus quelqu’un qui le dit, plus quelqu’un qui l’écoute », explique D’, jeune rappeur parisien qui a découvert le slam il y a trois ans, dans un « café slam », où des personnes scandaient des textes sans y ajouter le moindre artifice musical. Immédiatement, il tombe sous le charme. « Quand t’arrives dans un endroit où les gens se taisent et t’écoutent dès que tu parles, ça met ta vie sur un autre niveau. » Depuis, D’ pratique en professionnel et organise régulièrement des soirées au Trabendo (Paris 19e). Et quand il revient dans un bar, il apprécie le côté « mise en danger aléatoire » qu’il a appris à maîtriser. « Sur scène ou a capella entre des tables, t’es à poil. J’ai vu des rappeurs, avec des centaines de scènes derrière eux, faire du slam pour la première fois et bafouiller. Parce qu’il n’y a plus que toi, les gens et les mots. »Un rapport 100 % naturel avec la langue qu’on retrouve chez son acolyte Félix, venant du milieu techno et slameur de textes fictionnels violents avec une voix froide, détachée et cynique. « Le slam a vocation d’aller vers toutes les musiques qui sont un peu underground, un peu instrumentales », dit-il pour confirmer cette indépendance vis-à-vis de tout mouvement musical. « Le slam, ce n’est que du contenant. Ce n’est jamais le gage d’un style, d’un type de rapport au public. C’est l’ouverture de l’espace d’expression. »Pour faire avancer le mouvement et « offrir aux gens de cette scène une vraie reconnaissance », Félix a créé Spoke Editions, qui publie des textes de slameurs. Quant à Nada, le troisième homme, il vient d’un univers encore différent, le punk, et fut l’un des premiers slameurs français. Sur scène, les trois identités fusionnent pour clamer une poésie urbaine à la fois sociale, personnelle, grave, drôle, sobre et pertinente. Un spectacle où le mot prévaut toujours sur la forme.*Le 3 décembre à Tulle, le 4 à Grenoble, le 16 à Bruxelles.