MUSIQUELa musique isolée par le PAF

La musique isolée par le PAF

MUSIQUEUne étude de la Sacem lève le voile sur la place de la chanson sur le petit écran. Les résultats inquiètent les acteurs du monde musical...
Laure Beaudonnet

Laure Beaudonnet

Musique et télévision ne font plus bon ménage. C’est le constat d’une étude de la Sacem sur la situation de la chanson sur le petit écran. Les émissions de musique sont marginalisées sur le PAF. Pire, elles sont complètement absentes des chaînes musicales de la TNT aux heures de grande écoute.

L’étude observe la période 2000-2008 où le contenu musical des chaînes hertziennes se sont réduites comme peau de chagrin, 32% de moins en moyenne et chute de 50% aux heures de grandes écoute. Les chaînes historiques dont l’impact prescripteur est le plus important s’en désintéressent, reléguant ces programmes dans la TNT.

Aucun effort d’innovation

«Les chaînes ne font aucun effort d’innovation», pointe Claire Giraudin, responsable des études à la Sacem. «Les contraintes du Conseil Supérieur de l’audiovisuel (CSA) sont moins rigides qu’avant. Les chaînes n’ont pas l’obligation d’investir dans ces formats», poursuit-elle. Certes, créer des nouvelles émissions coûte très cher et le premier handicap est législatif. Le CSA impose d’investir dans des «œuvres audiovisuelles». Or, ces programmes en sont d’emblée exclus, et une fois le budget passé dans la fiction, il ne reste plus grand chose pour le divertissement. La question de l’équité entre les différents types de création se pose. Alors que le cinéma et la fiction sont protégés, la musique est lésée. «En quoi la diffusion de concerts et de clips mettent-ils en valeur la création musicale», questionne Claire Giraudin.

De son côté, Pascal Nègre, président d’Universal Music, n’est guère plus flatteur devant cet état des lieux. «Si vos émissions ne font pas d’audience, creusez-vous la tête», dénonce-t-il. La télévision permet de découvrir de nouvelles têtes, de mettre un visage sur les artistes. «Il est anormal que les chaînes musicales ne soient pas contraintes de produire des émissions de variété», dénonce-t-il.

La solution Internet

Le président d’Universal Music ne nie pas l’utilité d’Internet pour dégoter des talents. «Mais il ne remplacera jamais la télévision qui les sert au public», précise Pascal Nègre. Pour Claire Giraudin, il manque encore au web un «aspect grande messe» qui rassemble le public à la même heure. Et la musique en pâtit.