MUSIQUEHigelin raconte son dernier «coup de foudre»

Higelin raconte son dernier «coup de foudre»

MUSIQUEA l'occasion de la sortie de son dernier album, rencontre avec Jacques Higelin...
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Jacques Higelin est un bavard, pour sûr. «Quand je parle, je fume et ça me fout la voix en l'air», lance-t-il dans un sourire avant de congédier son paquet de cigarettes. Mais alors que sort son 19e album, Coup de Foudre, il rechigne à parler de ses nouvelles chansons: «On s'en fout un peu, non?» OK, mais du coup, on parle de quoi? «De Sainte- Marie-aux-Mines!»

L'album a été enregistré là-bas, dans les Vosges, dans la ferme du musicien et réalisateur de l'album, Rodolphe Burger. «Les instruments et le matériel sont installés dans un grenier magique. Il y a tout un bordel, chaleureux, rempli de sièges à moitié déglingués. Rien n'est droit ni confortable. Le confort, c'est la beauté de l'endroit.»

Rhubarbe, Rhapsodie et kouglof

Jacques Higelin raconte ces semaines d'enregistrement comme un idéal de vie communautaire entre artistes. Avec l'enthousiasme naïf de ceux qui ne voient pas qu'ils tombent dans le cliché. «Le portable ne passe pas, il n'y a pas la télé. C'est reposant. On faisait la cuisine à tour de rôle. On se marrait tellement... Mais on bossait, on était concentrés et super heureux!»

Intarissable sur les anecdotes qui ont émaillé cette période de béatitude, Jacques Higelin arrive à nous faire salement envie. Il raconte, pêle-mêle: Rhapsodie, la chatte des voisins qui danse sur le piano et joue «une musique hyper moderne étonnante»; la tarte à la rhubarbe de Lili, la mère de Rodolphe, qui veut qu'on veut arrêter d'enregistrer pour la manger chaude parce que «sinon, après, c'est moins bon»; le rituel de la lecture dramatisée de l'horoscope des Dernières Nouvelles d'Alsace; l'accent alsacien qui «rend joyeux»; le boulanger qui offre un kouglof...

Au bout d'une heure et demie de conversation à sens unique, on tente une dernière fois une question sur les chansons. «J'aime passionnément cet endroit! J'ai besoin de lieux ouverts, pas insonorisés. En studio, je n'entends rien d'autre que le battement de mon coeur dans le silence, et ça m'angoisse.»