MUSIQUECes artistes plus prolifiques morts que vivants

Ces artistes plus prolifiques morts que vivants

MUSIQUESony a annoncé lundi la sortie prochaine d'un «nouvel» album de Jimi Hendrix...
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

La musique est un marché qui ne s’arrête pas à la mort d’un artiste. Nombre d’entre eux connaissent les honneurs d’albums posthumes, permettant d’entretenir le business grâce à la nostalgie des fans. De Jimi Hendrix - dont Sony a annoncé lundi la sortie prochaine d’un «nouvel» opus - à Tupac Shakur en passant par Jeff Buckley, coup d’œil sur ces artistes qui sortent plus d’albums morts que vivants…


Fonds de tiroir


Quatorze ans après son meurtre, le rappeur Tupac Shakur, poulain de Death Row Records, reste l’une des valeurs sûres de la scène hip-hop américaine. Son sixième album posthume devrait sortir dans le courant de l’année. Pour Jeff Buckley, disparu en 1997, le chiffre grimpe à 8 albums et un 9e est en préparation (Grace around the world).



Jeff Buckley - Hallelujah
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Des disques réalisés à partir d’inédits, parfois, de concerts, souvent, voire de démos et de maquettes. Bref, du matériel de fonds de tiroir qui interroge sur la pertinence de leur publication. Car si l’artiste a préféré ne pas les sortir de son vivant, pourquoi les déterrer des années plus tard? «Toute nouvelle sortie reste un événement pour les fans, explique Basile Karkas, journaliste au magazine Rock & Folk. Ils entendront toujours des choses, sur le processus de création ou autre, dans une maquette ou une balance d’avant concert.» D’où la prolifération de compilations, de remasterisation voire de titres encore sous forme d’ébauches dans les albums posthumes. Devant un public acquis, le filon est facile à exploiter.


Ressources


Le maître incontesté de l’album posthume reste toutefois Jimi Hendrix. Depuis sa mort en 1970, le guitariste a sorti pas moins de 45 albums (46 avec Valleys of Neptune, prévu en mars).




Au point de se poser légitimement la question: quels titres peuvent encore se vanter d’être des inédits? «Le répertoire d’Hendrix a plus de ressources que celui de bien d’autres artistes, tempère Basile Karkas. C’est un artiste qui a énormément produit de son vivant. Il avait tendance à beaucoup jouer en live, à improviser et à beaucoup s’enregistrer.» De vraies surprises sont donc encore possibles.


Nostalgie


Mais les multiples albums posthumes ne sont pas seulement une ode au génie de l’artiste disparu. Cette exploitation relève aussi d’une véritable stratégie que Fabien Lecoeuvre, qui s’occupe de l’image de Claude François depuis dix-sept ans (11 albums depuis sa mort en 1978), résume en une maxime: «Comment gérer le culte de la personnalité initiée par Claude lui-même.» Pour cela, Fabien Lecoeuvre s’est directement inspiré des responsables d'Elvis Presley Enterprise. Une façon de surfer sur la nostalgie des fans en «créant l’événement avec le passé», expliquait-il en mars 2008 au Figaro.




Résultat: plus de trente ans après sa mort, le chanteur est toujours rentable. Il a vendu plus de 61 millions de disques «entre le 27 septembre 1962 et le 31 décembre 2005» selon Flèche Productions, dont 26 millions après sa disparition. «Les revenus annuels générés par son oeuvre sont compris entre 8 et 10 millions d'euros», selon l’AFP. Toutefois, pour générer des revenus et être lucratif, le business d’une carrière posthume, qui englobe aussi des produits dérivés, dépend avant tout de la personnalité et de la productivité de l’artiste de son vivant. Difficile en effet de tirer sur la corde d’un Gregory Lemarchal par exemple, dont la carrière n’a duré que deux ans.