Christine Albanel: «Je suis prête à continuer»
INTERVIEW•La ministre de la Culture et de la Communication évoque Hadopi, le remaniement et la fête de la musique...Reccueilli par Alice Antheaume
La décision du Conseil constitutionnel de censurer Hadopi vous a-t-elle parue disproportionnée?
J’en ai pris acte, c’est tout. Ce projet, que j’ai porté, visait à sortir de la logique pénale pour être davantage dans la pédagogie auprès des internautes. Le Conseil constitutionnel a validé certains points de la loi, notamment la création d'une haute autorité administrative, la Hadopi, chargée d'envoyer des avertissements aux personnes soupçonnées de téléchargement illégal, et en a annulé d’autres. Je ne vais pas vous mentir, j’aurais bien sûr préféré que la loi soit validée entièrement. Reste qu’on a promulgué la loi aussitôt pour pouvoir agir au plus vite et mettre en place des procédures accélérées.
Avant ces remous autour d’Hadopi, vous parliez d’envoyer 10.000 mails d’avertissements par jour et 3.000 lettres recommandées. Si la procédure passe désormais par un juge unique, cela sera combien?
Ces chiffres, qui étaient des projections pour établir le coût financier, datent d’il y a un an. Au fil de l’année, nous nous sommes rendu compte que ces chiffres étaient excessifs. Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour faire de nouvelles estimations.
Comment expliquez-vous que le monde de la culture soit divisé sur la question du téléchargement?
Je ne suis pas d’accord, je trouve qu’au contraire les mondes de la musique et du cinéma, tous bords confondus, se sont mis de concert pour soutenir Hadopi. Nous avons été ensevelis de messages de soutien, y compris de Steven Soderbergh. Pour les artistes, la situation est extrêmement urgente. Il s’agit de construire des solutions sur une page blanche, car Internet, c’est nouveau, rien n’est encore stabilisé.
Serez-vous là pour écrire Hadopi 2?
Oui, je suis prête à continuer.
Le remaniement ministériel sera bientôt annoncé. Vous sentez-vous menacée?
C’est une période spéciale, faite de rumeurs et d’incertitudes, qui prendra fin dans quelques jours, quand Nicolas Sarkozy annoncera le remaniement. Il est le seul à savoir ce qu’il va faire et, au regard des expériences passées, les décisions peuvent se prendre jusqu’à la dernière minute. Je fais mon travail comme je le fais depuis deux ans, sans écouter ni m’inquiéter des bruits. C’est plus sain ainsi.
Savez-vous que votre prononciation de «en effet» en «anéfé» est devenu culte sur le Net?
Oui! Des amis de mon fils m’ont avertie que les internautes s’étaient emparés de cette formule. Cela m’a fait beaucoup rire! Depuis, je fais attention à ma façon de dire «en effet».
Qu’attendez-vous de la fête de la musique ce week-end?
J’en attends un moment de plaisir. D’autant que le thème «50 ans de chanson française» fait écho aux 50 ans du ministère de la Culture. En 1959, Jacques Brel enregistrait «Ne me quitte pas» et Johnny Halliday passait pour la première fois à la radio. Je dois remplacer le Premier ministre samedi lors d’une visite à Athènes, mais je me rattraperai dimanche. Il y aura d’ailleurs une grande fête dans les jardins du Palais Royal, juste à côté du ministère de la Culture, avec Carmen Maria Vega, Yodelice ou encore Daniel Darc, ancien leader des Taxi Girl.