Chanel sans cigarette dans le métro
CULTURE•L'affiche pour le film «Coco avant Chanel» n'est pas la même dans le métro parisien et dans la rue. Quant à celle d'«Anges et Demons», elle a aussi été changée...AA avec agence
Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, ferait-elle du zèle? Après le gommage de la pipe sur une affiche de Monsieur Hulot, présentant l’exposition Jacques Tati, c’est au tour de l’affichage du film «Coco avant Chanel», d'Anne Fontaine, de connaître un traitement particulier. Ainsi que d'«Anges et Demons», le prochain film de Ron Howard dont la sortie est prévue le 13 mai. Explications.
Chanel sans fumée
Si dans la rue, le personnage principal du film, Audrey Tautou, toise les passants en pyjama de satin blanc, une cigarette à la main, l’affiche n’est pas la même dans le métro parisien. «Nous avons dû nous résoudre à n'utiliser dans le métro que deux affiches de complément, où Audrey Tautou apparaît au côté des acteurs masculins», explique Olivier Snanoudj, directeur général adjoint de Warner France, qui a produit le film sur la styliste sorti mercredi.
Métrobus argue qu’il ne peut y avoir de «publicité directe ou indirecte pour le tabac» placardée sur les murs du métro, au nom du respect de la loi Evin contre le tabac. «Nous sommes dans des lieux qui sont des services publics, où nous devons respecter la loi. Nous avons donc demandé au distributeur de Coco avant Chanel de nous fournir d'autres visuels, ce qu'il a fait», ont-ils expliqué.
Contrairement à l’affiche Jacques Tati, il n’y a donc pas eu retouche. Sur les 5.800 affiches diffusées en France, les 1.100 destinées au métro et aux autobus parisiens ont ainsi été substituées.
Mais Olivier Snanoudj s’étonne: «La cigarette de Coco Chanel a été refusée par Métrobus alors que pour tous les autres afficheurs, elle ne posait aucun problème (...) Pour nous, la vraie affiche est celle où Coco Chanel fume dans une pose naturelle qui traduit sa forte personnalité et sa modernité».
Exceptions en débat
De son côté, Jean-Pierre Tessier, le président de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité, a plaidé pour des exceptions à la loi Evin, lorsque «la cigarette ou la pipe est un attribut inséparable de sa personnalité et que l'annonceur est sans rapport avec l'industrie du tabac».
Sur l'affiche d'«Anges et Demons», point de mégot en trop. Mais une phrase qui attire l'attention: «Que nous cache le Vatican?». Pour faire son entrée dans le métro, elle a été remplacée par une autre sentence: «Depuis 500 ans, une vengeance se prépare contre le Vatican.» Raison du changement? L'interdiction de diffuser des messages politiques ou religieux, a expliqué le service de communication de Métrobus à Télérama.
Pour le reste, Jean-Pierre Tessier modère la polémique: «En tant qu'entreprise publique, la RATP se doit de montrer l'exemple, et en tant qu'annonceur elle risque d'être condamnée. Et une affiche dans le métro est plus proche, elle a un caractère plus prégnant, plus efficace que celles qu'on trouve dans la rue, donc la RATP se doit d'être d'autant plus vigilante».
Et vous, qu’en pensez-vous?