«Je suis un produit, les internautes misent de l'argent sur moi»

Premier artiste produit par des internautes, Grégoire est en tête des charts (deuxième des ventes physiques et premier des téléchargements) depuis sa sortie. Symbole d’un nouveau moyen de dénicher des talents et de produire de la musique, l’artiste revient pour 20 Minutes sur cette aventure et analyse ce premier succès.

Vous attendiez-vous à un succès aussi rapide?

Non, et je ne voulais rien envisager, je ne voulais pas avoir d’espérances pour ne pas être déçu. J’en ai peut-être rêvé oui, mais pas plus. Le fait que j’atteigne les 70.000 euros nécessaires aussi rapidement, que des gens croient en moi au point de miser de l’argent, je me suis dit que je n’étais pas le seul à y croire. Cela faisait surtout plaisir de voir que les gens adhéraient à ma musique. Mais de là à imaginer que cela pourrait marcher, que les gens feraient la démarche d’acheter le disque… C’est bluffant.

Pourquoi l’aventure Mymajorcompany vous a séduite? Vous aviez déjà des contacts avec des maisons de disques traditionnelles?

Avant de signer avec Mymajorcompany, j’avais eu plusieurs rendez-vous avec des maisons de disques qui s’étaient bien passés. Je ne connaissais pas le site, mais certains de ses fondateurs. Ce sont eux qui m’ont expliqué le concept et m’ont proposé d’y aller avec eux. J’ai réfléchi deux jours et je me suis lancé car je trouvais intéressant l'idée d’être plébiscité, ou non, par le public.

C’était un vrai pari…

Le vrai risque, c’était de ne pas atteindre les 70.000 euros. Car pour le reste, Mymajorcompany est une vraie maison de disques, donc je ne me faisais pas de souci pour ça. Pour moi, il s’agissait d’un vrai test artistique, je me disais que si je n’arrivais pas à trouver assez d’internautes producteurs, ça servait à quoi que je continue dans la musique. Si j’avais signé avec une maison de disques classiques, je ne suis pas sûr que mon album serait sorti aujourd’hui. Le jeu en valait la chandelle.

Vous gardez un contact particulier avec vos internautes-producteurs?

Forcément. Il y a un espace VIP sur le site où j’ai échangé avec eux tout au long de la conception de l’album, pour les faire participer au choix de la pochette ou même au clip. La volonté de les associer de bout en bout est le but absolu. Pour eux, je suis un produit parce qu’ils misent de l’argent sur moi, et je suis un artiste car ils adhérent à ma musique. Pour moi, ce sont des rapports très sains, et je communique beaucoup avec eux. On finit même par parler de sujets personnels. Il y a des gens qui ont cru en moi quand je n’étais personne, je ne pourrais jamais faire comme si c’était n’importe qui. Je suis très à l’écoute de ces fans de la première heure. Par ailleurs, en signant avec Mymajorcompany, j’ai ressenti que les autres artistes me considéraient comme un des leurs.

Désormais, vous allez être présenté comme le symbole d’une alternative aux majors…

On verra si tout cela se valide au fil du temps, mais c’est vrai que je suis le premier succès d’un artiste produit par le public en France. J’ai conscience de porter cela, j’en suis content pour tous ceux qui ont cru en moi mais je n’ai de leçons à donner à personne. Ça ne me donne pas une place ou une voix plus importante que quelqu’un d’autre. Ce que je veux, c’est construire une carrière d’artiste à part entière tout ce qu’il y a de plus normal. On ne présente plus Jenifer comme la première gagnante de la Star Ac’.

La suite de l’aventure, ce sera forcément avec Mymajorcompany?

On m’a expliqué que j’allais probablement avoir plein de propositions si le succès se confirme. C’est difficile de prédire ce qu’il peut se passer, mais ce que je sais, c’est que je ne suis pas du genre à oublier les gens qui ont cru en moi. Quelque chose de fort s’est créé avec tous les gens de Mymajorcompany. Cela paraîtrait absurde de descendre du train en marche.

Vous pourriez nous balancer le clip?

Bien sûr.