Harlan Coben: «Mon personnage finira sur le toit du 36 quai des Orfèvres, à Paris»

Harlan Coben: «Mon personnage finira sur le toit du 36 quai des Orfèvres, à Paris»

LIVRES – Interview de la star du polar, connu pour «Ne le dis à personne», adapté au cinéma par Guillaume Canet...
Propos recueillis par Alice Antheaume et Bastien Bonnefous

Propos recueillis par Alice Antheaume et Bastien Bonnefous

Il est une star du polar en France depuis que son livre, «Ne le dis à personne», a été adapté au cinéma sous la houlette de Guillaume Canet. L’américain Harlan Coben revient avec un nouvel opus, «Mauvaise base» (éd. Fleuve Noir), un thriller comme il sait les faire. Interview.


Deux thèmes reviennent souvent dans vos livres: la famille et la disparition. Pourquoi?

La famille est un thème qui vaut toujours le coup qu’on l’explore. J’ai moi-même quatre enfants. Or la paternité engendre les plus violentes des réactions. Est-ce que vous tueriez quelqu’un? La réponse est non. Est-ce que vous tueriez quelqu’un pour sauver votre enfant? La réponse est oui. Alors où mettez-vous la limite? Dès lors qu’il y a un meurtre, il y a un cadavre et peut-être un mystère. Mais en cas de disparition, il y a l’espoir qui naît aussitôt. Car la personne peut être vivante. L’espoir peut être la plus belle chose du monde, ou peut briser le cœur comme une vulgaire coquille d’œuf.


On a l’impression que vous ne voulez pas être étiqueté comme un écrivain engagé, mais que vous preférez raconter des histoires pour le plaisir. On se trompe?

Oui et non. Je n’écris pas des livres politiques, et j’aimerais faire plus que du simple divertissement. Je veux que le livre vous remue. La fin, je l’espère, devrait souvent s’allumer dans votre tête et vous faire réfléchir.


Tous vos héros ressemblent à Monsieur Tout-le-monde. Comme vous?

Je nous vois tous comme cela. Même les «véritables» héros.


Myron Bolitar est un personnage récurrent dans vos livres. Il est de nouveau là dans «Mauvaises bases». Est-il votre double?

Myron et moi partageons beaucoup de choses, mais nous ne sommes pas la même personne. Nous étions plus proches quand la série a commencé. Mais par la suite, il est devenu un ami plus qu’un alter ego. Ce qui, je pense, fait que la série fonctionne mieux.


Les romans de la série des Bolitar ont un ton plus ironique que le reste de votre production. Pourquoi?

Je ne trouve pas que la série Bolitar soit très drôle. La plupart des piques d’humour qu’on y trouve viennent de Myron lui-même. Il les utilise comme un mécanisme de défense. Il sort aussi avec des gens bizarres, se retrouvant dans des situations non moins bizarres qui permettent de faire de l’humour. Mais le sérieux des crimes l’emporte. La vie du personnage part souvent en lambeaux. L’humour sans pathos ne m’intéresse pas.


Est-ce vrai que votre prochain livre avec Bolitar devrait se dérouler à Paris? Si oui, que va-t-il se passer?

Dans le premier chapitre, une ex-petite copine de Bolitar l’appelle de Paris, elle a des soucis et il doit s’y rendre pour l’aider. Il y reste pendant une centaine de pages. Je ne vais pas vous dire ce qu’il va arriver, mais je peux vous dire que Myron Bolitar va finir sur le toit du 36 quai des Orfèvres.


Comment écrivez-vous? Où? Quand? Faites-vous un plan?

Normalement, je connais le début et la fin de l’histoire. Puis je commence à remplir le centre. J’écris les premiers brouillons à la main (10 pages et quelques) avant de les taper à l’ordinateur. Je ne rature pas tellement, mais j’essaie de voir au-delà de ce que j’écris pour savoir où je veux aller.


Etant l’un des romanciers les plus lus dans le monde, comment faites-vous pour satisfaire vos fidèles?

Je ne veux pas satisfaire tout le monde. Quel roman pourrait y parvenir? Si un écrivain aime flatter la majorité et s’inquiète de décevoir des lecteurs, il est mal. En même temps, je me mets la pression tout seul. Je veux que vous continuiez à tourner les pages de mes livres très tard dans la nuit. Je veux que vous continuiez à vous poser des questions. Je veux vous troubler. Et je veux faire mieux à chaque bouquin.