BDLe Grand Prix d'Angoulême compte sur ses fans pour sortir en France

VIDEO. Le Grand Prix d'Angoulême compte sur ses fans pour sortir son prochain album en France

BDL’éditeur français de Richard Corben a dû faire appel au crowdfunding pour sortir « Grave, les contes du cimetière », malgré le Grand Prix remporté cette année par l’artiste américain à Angoulême…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

Récemment sacré Grand prix du festival de la BD d'Angoulême 2018, l’américain Richard Corben verra Grave, les contes du cimetière, son prochain album, publié en français… grâce à ses fans ! Le label Delirium (qui a entrepris, depuis quelques années, de republier les albums de l’artiste) vient en effet de boucler une campagne de financement participatif dont l’objectif initial - 8000 euros - a été atteint dès la première journée, et multiplié par plus de 7 à la fin de l’opération.

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Un sacre qui, financièrement, ne rapporte rien

Bon, c’est cool… mais nous, on s’imaginait naïvement que Corben ayant été couronné par le plus célèbre évènement BD du monde, il était devenu « bankable » et qu’on se battrait pour financer ses albums. Et ben non. « Je n’ai pas vu mon banquier sauter de joie à la nouvelle, mais je ne suis pas sûr qu’il soit lecteur de Richard Corben », rigole Laurent Lerner, fondateur et dirigeant du label Delirium.


D’où le passage par la case crowdfunding. D’autant plus qu’il s’agissait ici d’assurer la publication d’une édition limitée, une autre, plus « grand public », étant d’ores et déjà programmée pour la fin d’année : « Ce sera en effet une édition sous coffret, avec des contenus exclusifs et des certificats signés par Corben en personne », précise Laurent Lerner. Autrement dit, réservée à des fans purs et durs.

Grand Prix ou pas, Corben fera toujours du Corben

Cela souligne un paradoxe bien connu des amateurs du 9e Art : ce n’est pas parce qu’un auteur de BD obtient un succès commercial ou reçoit un titre honorifique qu’il devient mainstream ! Bon, il faut reconnaître que Corben n’a jamais été « grand public » : auteur de genre, l’américain s’est, dès ses débuts (dans les années 1970), spécialisé dans la science-fiction et le fantastique.

« Grave, les contes du cimetière » s’inscrit d’ailleurs dans cette deuxième veine, puisqu’il s’inspire de séries d’horreur - et de fantastique, donc - des années 1950, genre Contes de la Crypte.


« C’est tout le catalogue qui va en profiter »

Bien sûr, le succès de cette campagne est à relativiser au regard de celles d’autres auteurs de BD ayant fait appel au financement participatif (Maliki a, par exemple, récolté 272.900 euros sur Ulule, en 2016, pour publier des strips parus sur son blog ; Laurel, elle, a reçu plus de 348 000 euros pour son projet Comme convenu, tome 2 en 2017).

Mais pour une petite structure comme Delirium, c’est inespéré parce que les excédents de fonds récoltés vont lui permettre « d’aider la structure, notamment dans la réimpression des ouvrages épuisés, afin que nous puissions continuer à mettre en avant le travail de l’auteur. »


Quand au principal intéressé, il a, selon Laurent Lerner, totalement adhéré à cette opération inédite (pour lui) : « Il s’est prêté au jeu puisqu’il a bien voulu signer une centaine de certificats qui seront offerts à certains contributeurs. Et il a suivi attentivement cette campagne car il est, lui aussi, très intéressé par les possibilités qu’offre ce nouveau modèle de financement. »