Un tableau du peintre néoclassique Charles Meynier (1768-1832) a été adjugé mardi à 2,2 millions d’euros (frais compris) à un acheteur britannique lors d’une vente aux enchères à Nantes, a-t-on appris auprès de la maison de vente Ivoire. « C’est un record mondial pour cet artiste », a déclaré le commissaire-priseur Bertrand Couton.

Tableau clef de la carrière de Charles Meynier, cette œuvre, baptisée Le départ de Télémaque, représente le fils d’Ulysse pressé par Mentor de quitter l’île de Calypso. Elle avait disparu pendant plus de deux siècles. Le tableau « avait été exposé au Salon à Paris en 1800 et 1810. Depuis, on avait perdu sa trace. Il était dans une famille du Val de Loire », qui l’a mis en vente, a précisé Bertrand Couton.

Une bataille entre sept acquéreurs

Estimée entre 150.000 et 250.000 euros, l’œuvre a suscité une bataille d’enchères d’une dizaine de minutes entre sept acquéreurs potentiels (britanniques, chypriote, français et allemand) avant d’être adjugé à 1,8 million d’euros, soit 2,232 millions avec les frais. C’est un acheteur britannique, enchérissant par téléphone, qui l’a finalement emporté. « On avait tout mis en œuvre pour avoir une belle enchère car c’est un tableau très important. Mais on ne s’attendait pas à ce que ça atteigne ce niveau-là », a raconté Bertrand Couton.

Jusqu’à présent, la meilleure enchère pour cet artiste avait été réalisée en 1997 chez Christie’s, à New York, pour un tableau intitulé La Sagesse défendant la Jeunesse contre l’Amour, adjugé 536.000 dollars frais inclus, selon la maison Ivoire.

Artiste célèbre de son vivant

Acteur de tout premier plan de la vie artistique sous l’Empire, artiste très célèbre de son vivant, Charles Meynier a notamment réalisé des tableaux militaires à la gloire de Napoléon. Lauréat du Prix de Rome en 1789, on lui doit notamment trois plafonds du Louvre.

Le tableau Le départ de Télémaque était connu, car une gravure le représentant avait été exposée lors de la monographie de 2008. L’œuvre, de 154 cm sur 203 cm, « avait reçu des éloges de la critique et du public lors de sa présentation au Salon » de Paris, selon la maison de vente Ivoire.

Son sujet est tiré du roman d’apprentissage de Fénelon publié en 1699, Les Aventures de Télémaque, réimprimé tout au long du XVIIIe siècle, selon la même source.