«A Way Out»: On s'est évadé du jeu à deux et on a eu l'impression de revivre «Prison Break», en mieux
JEUX VIDEO•On a testé «A Way Out» quelques jours avant sa sortie : une cavale truffée de très bonnes idées qui se découvre uniquement en duo.Jean-François Morisse
L'essentiel
- Avec «A Way Out», la cavale de Léo et Vincent nous a tenu en haleine plusieurs heures.
- Ce jeu d'aventure et d'évasion ne se découvre qu'en duo, côte à côte devant le même écran ou bien en ligne.
- Notre verdict: c'est brillant, mieux qu'un épisode de «Prison Break».
Si vous n’avez pas d’amis, pas de famille, pas de chéri(e)… vous pouvez déjà laisser tomber A Way Out (PS4, Xbox One et PC) ! Si vous en avez des proches autour de vous, en revanche, foncez, vous ne le regretterez pas. Ce jeu d’aventure et d’action signé du Libano-Suédois Josef Fares se joue exclusivement à deux, assis sur le même canapé ou bien en ligne.
Bon à savoir : il suffit d’un seul exemplaire du jeu, même pour vivre l’expérience à distance. Pour le coup, je réquisitionne Arnaud de Keyser, rédacteur en chef de Jeux Vidéo Magazine. Il incarnera Léo, le plus brutal des deux héros. Et j’endosserai le rôle de Vincent, un type plus posé et plus réfléchi, ce qui correspond d’avantage à mon caractère. Alors que les portes du pénitencier s’ouvrent, l’aventure commence…
Et c’est du cinéma ! Josef Fares a étudié le 7e art, réalisé des films et cela se sent : sa mise en scène confine parfois au génie, comme lors de la scène de l’hôpital où la caméra virtuelle est en perpétuel mouvement entre les étages du bâtiment. Mais aussi dans les dialogues (intégralement en anglais), les clins d’œil à de nombreux films (Les Evadés, Old Boy…) et son rythme qui rappelle les meilleures séries TV.
Parce que le jeu se découvre à deux de façon "asymétrique" (comprenez que chaque joueur peut vivre sa vie de façon autonome par moments), l’écran est la majeure partie du temps divisé en deux. On suit l’aventure de son comparse tout en vivant la sienne. Alors que Vincent entre en prison pour un crime qu’il n’a pas commis, Léo rumine un plan d’évasion. La coopération est évidemment au cœur du gameplay d’A Way Out.
A plusieurs moments clé les deux hommes doivent agir de concert : pour descendre des rapides en barques, pour affronter des adversaires, pour conduire une voiture tout en tirant sur la police, pour ouvrir une porte résistante… Les situations lors desquelles il faut se coordonner sont nombreuses. « Mais t’es où là ? me lâche Arnaud en train d’être malmené par des taulards, j’ai besoin de toi ! »
De nombreux mini-jeux viennent ponctuer l’aventure : une partie de fléchette, une autre de basket, un duel sur borne d’arcade, un bras de fer, un concours d’équilibre sur chaise roulante… Autant d’actions anodines qui nourrissent néanmoins le lien entre les deux personnages mais aussi les deux jours. Impossible de ne pas se moquer d’Arnaud qui, au final, perd la plupart des épreuves… Mais ce lien se tisse aussi autour de choses banales de la vie.
C’est assez rare de vivre à deux une histoire qui se partage vraiment. Où chaque joueur doit faire sa part et découvre petit à petit la profondeur de ces deux héros au charme certain. Léo, père d’un petit garçon, amoureux de sa femme et trahi par un gangster, Vincent, piégé par ce même truand, laissant sa femme enceinte seule le temps de purger sa peine de prison… Fares met en scène ces séquences de façon touchante. Les retrouvailles des couples, des parents et des enfants font mouche. On s’entend dire « elle est quand même mignonne, ma fille… », avant d’enchaîner avec une séquence de course-poursuite mémorable.
A Way Out parvient rapidement à distiller de beaux moments d’émotions. La trame principale a beau être classique, vivre cette évasion et cette cavale à deux est un moment de jeux vidéo assez unique. Chaque personnage apportant son propre style. Jouerez-vous comme Léo, de façon plus agressive et violente, ou comme Vincent, préférant la ruse et la négociation. Inutile de vous dire qu’Arnaud s’est glissé sans peine dans la peau de Léo…
Il faudra à certains moments décider de la façon d’agir et pour cela être d’accord. A Way Out est un jeu d’échange, même entre les joueurs. On discute, on négocie, on se chamaille pour décider de la meilleure marche à suivre. L’interaction entre les personnages devient une interaction entre joueurs. Une vraie aventure qui se vit à deux et qui offre, après un démarrage un peu lent, de purs moments d’étonnement, de jubilation et d’échange. C’est la clé de voûte de cet A Way Out et ce qui fera son succès.
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