MUSIQUEQui est Renaud Rebillaud, le faiseur de tubes de Maître Gims?

Maître Gims: Qui est Renaud Rebillaud, son faiseur de tubes (et celui de la moitié de la chanson française)?

MUSIQUEÀ l’occasion de la sortie de « Ceinture noire », « 20 Minute » vous présente Renaud Rebillaud, le compositeur de « Désolé », « J’me tire » ou encore « Bella », qui a réalisé le nouvel album de Maître Gims…
Claire Barrois

Claire Barrois

L'essentiel

  • Ce vendredi sort Ceinture noire, le nouvel album de Maître Gims.
  • Derrière le chanteur et ses plus grands succès se cache un compositeur inconnu du grand public : Renaud Rebillaud.
  • Le compositeur a écrit les titres J’me tire, Bella de Maître Gims, Color Gitano de Kendji Girac, Askip, Le plus fort du monde, de Black M, ou encore États d’amour d’Amir.
  • 20 Minutes vous présente cet inconnu qui vous a pourtant fait danser plus d’une fois.

«Le seul moment où j’aimerais être connu, c’est quand on ne me laisse pas rentrer en boîte. » Et on ne blâmera pas le videur. Personne ne connaît le visage de Renaud Rebillaud. Personne, sauf Sexion d’assaut, Maître Gims, Kendji Girac, Amir, Black M, et Vitaa, entre autres. En revanche, vous connaissez sa musique. Car le compositeur de 33 ans se cache derrière les succès des chanteurs populaires. Le nouvel album de Maître Gims, Ceinture noire, qui sort ce vendredi, c’est lui. Tout comme une bonne partie du Top 10 de la chanson française depuis presque 10 ans.

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D’ailleurs, la rencontre entre l’interprète de Sapés comme jamais (qui n’est pas de Renaud Rebillaud) et le compositeur a été déterminante. « On a commencé ensemble il y a environ dix ans, rappelle Maître Gims à 20 Minutes. Il a participé à la déferlante Sexion d’assaut et il nous a formés, forgés. Il me connaît par cœur. » Et quand on demande à Renaud Rebillaud de nous raconter son parcours professionnel, il commence par sa rencontre avec Maître Gims.

« Je ne savais pas quoi faire de ma vie »

Au moment où Renaud Rebillaud rencontre Maître Gims, il est perdu. Il a 23 ans, a abandonné ses études de gestion des entreprises et habite encore chez ses parents. « Je ne savais pas quoi faire de ma vie », se souvient-il. Seule expérience notable, il a été hôte d’accueil pour M6 en 2006.

« Je faisais la tournée des plages de Nouvelle Star avec Christophe Willem, se souvient le compositeur. J’étais déguisé en cow-boy, sur une scène. J’avais gagné 4.000 euros en un mois parce que c’était payé 24/24 heures. C’était la folie ! J’avais tellement gagné qu’après je m’étais pris un mois de vacances en Thaïlande. »

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Un jour, Wisla, l’ancien producteur de Sexion d’assaut, « un copain de collège-lycée avec qui je traînais ado » lui envoie un message sur MSN (cœur sur toi, MSN). « Il m’a proposé de venir essayer des trucs avec la Sexion et j’y suis allé. » Ce message n’arrive pas seulement en souvenir du bon vieux temps. Renaud a fait des études d’ingénieur du son, « mais je n'étais pas sûr de vouloir faire ce métier », précise-t-il. Il a surtout toujours fait de la musique.

« J’ai commencé le piano à 6 ans. Mon kif, c’était d’essayer de rejouer tout ce que j’entendais, comme le générique de MacGyver. J’ai sorti mon premier album à 16 ans, avec mon groupe M Sixteen. Je voulais faire de la musique tout le temps. » »

« Gims était incroyable »

Voilà donc le coup de foudre musical qui arrive, en 2009. « Gims chantait trop bien, je trouvais qu’il avait une créativité de malade, s’enthousiasme Renaud Rebillaud. Il s’est passé un truc, tout était ultra-positif. Tout ce qu’on faisait ensemble, ça marchait. Pendant six mois, on a bossé ensemble sur l’album de la Sexion. La chanson Désolé, ça a quelque chose de très juvénile. C’est un ado rebelle qui parle. J’avais 23 ans, eux avaient à peu près le même âge, et on sortait tout ce qu’il nous restait de l’adolescence qui partait. » Et quand il voit le résultat, le producteur n’a aucun doute : « Je savais que ça allait cartonner, ça se sentait. »

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Effectivement, l’album L’école des points vitaux fait un tabac et Sexion d’assaut explose. En revanche, pour Renaud Rebillaud, rien ne bouge. « Les droits d’auteur, tu les touches un an, un an et demi après », rappelle-t-il. En attendant, il galère. Il se rend à ses rendez-vous à Pôle emploi avec, en guise de CV, l’album du groupe, avec son nom écrit au dos. « Lors de mes rendez-vous à Pôle emploi, le conseiller me disait : "Mais vous êtes sûrs de ce que vous dites ?", quand je lui disais que l’argent allait tomber. »

« À l’été 2010, je buvais une bière dans un bar et ma carte bleue a été refusée, alors que derrière, je voyais le clip de la Sexion avec ma musique à la télé. C’était trop bizarre, je touchais le RSA et j’attendais le moment où je toucherais ma part. » »

Au retour de la tournée de la Sexion, un an après cet album, Gims rappelle Renaud : il se lance dans une carrière solo et compte sur celui qui a fait décoller son groupe pour le mettre en orbite, lui. « C’est la personne avec laquelle j’aime le plus travailler, assure le chanteur. Il fait partie des quatre grands beatmakers français, il entend les choses. C’est un très grand guitariste, qui est excellent pour écrire des toplines [mélodies]. » L’album rencontre un succès incroyable, avec les tubes J’me tire, Bella et Changer, dont on vous laisse deviner le compositeur. Maître Gims est lancé. « Etre au début d’un projet, ne pas s’y greffer une fois que ça fonctionne, c’est très gratifiant », remarque Renaud Rebillaud

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« Quand j’ai rencontré la Sexion, je n’avais jamais écouté de rap de ma vie, confesse le compositeur. Ce que j’aime, c’est le rock. Mais justement, je pense que ce sont les hybrides qui marchent, comme Michael Jackson qui faisait de la soul déguisée en pop. Le mélange, c’est aussi ce que j’ai fait pour Kendji en voulant faire de la musique gitane alors que ça n’est pas ma culture non plus. » Après Maître Gims, Kendji Girac, Amir (Etats d’amour), Vitaa (Game Over), ou encore Indochine (Song for a dream) ont travaillé avec le compositeur.

« Ça me paraît toujours nul, mais du coup, je pense que ça me permet d’aller un peu plus loin. Ma pire peur serait de me répéter. » »

Pourquoi ? Parce que c’est quelqu’un de « très rigoureux, méticuleux et qui va chercher le détail », avance Victor, son meilleur copain depuis la crèche. « Je travaille énormément, je suis obsessionnel, je ne laisse jamais rien passer. Je travaille tellement que cette année, avec la sortie des albums de Gims et de Kendji Girac, j’ai écrit 70 titres. C’est trop. J’ai très peu de temps pour voir des potes, faire autre chose… » Une suractivité qui l’empêche de trop faire chauffer la carte bleue.

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« Aujourd’hui c’est surréaliste l’argent que je gagne, glisse Renaud Rebillaud. J’ai un côté qui trouve ça gênant de gagner autant par rapport au Smic. Mais je veux me servir de mon argent pour faire des trucs bien. Je me suis acheté une maison, je me prends des guitares de collection, j’économise… J’ai des parents qui ont la valeur de l'argent, j’ai gardé cette vision-là de l’argent. » A un détail près : il a décidé que « pour kiffer, [il aurait] zéro limite ». « Je n’aime pas en faire la démonstration, mais en soirée, j’invite souvent mes potes, remarque le compositeur. Je n’ai pas envie de crever riche sans avoir rien fait de mon argent. »

« Des enceintes dans toutes les pièces »

Sa maison, sa plus grosse dépense, c’est aussi l’endroit où il passe le plus clair de son temps. Il y a fait construire un studio, où il a, par exemple, enregistré tout le dernier album de Gims. Petite folie, il admet avoir aussi « fait installer des enceintes dans toutes les pièces. Ça me permet d’écouter de la musique en permanence, explique le musicien. Je shazame aussi énormément dans les Uber. J’écoute tout le temps des nouveaux trucs. Sinon, j’aime la folk, j’écoute Bob Dylan, Cat Stevens, Michael Jackson… J’ai des fantasmes musicaux dont j’essaie de me rapprocher, mais qui ne seront jamais assouvis je pense. » Comme l’envie d’occuper la scène ?

« Je cherche juste à ce que le mec pour qui j’écris ait l’air d’être le meilleur du monde. Je fais tout pour mettre sa voix en valeur. » »

Certainement pas. Le compositeur a accepté d’être le témoin de mariage de son meilleur ami à la seule condition de ne pas avoir à faire de discours devant l’assemblée. Et puis, il le concède : « Je chantais un peu dans mon groupe de rock, mais je n’aime vraiment pas ma voix, grimace-t-il. Par contre, je sais exactement ce qu’il faut que les chanteurs fassent pour être bons. Dans ma production, je mets rarement un élément qui ressort, qui surpasse la voix. Je ne mets pas un synthé génial, l’essentiel c’est le chanteur. » Et de trancher : « Je n’ai pas du tout envie d’être sur le devant de la scène, je ne suis pas un artiste refoulé. Je suis super bien à ma place. »