VIDEO. Le musée urbain Tony-Garnier, connu pour ses fresques murales, pourrait disparaître
PATRIMOINE•Le musée à ciel ouvert, unique en son genre, pourrait disparaître car l’association lyonnaise qui le gère, manque de subventions…Caroline Girardon
L'essentiel
- Le musée urbain Tony-Garnier pourrait disparaître à la fin de l’année.
- L’établissement qui entretient notamment les 25 fresques murales du quartier des Etats-Unis, déplore un manque de subventions.
- Il lui faudrait 30.000 euros, soit 15 % de son budget annuel.
Ils disent avoir le couteau sous la gorge. Réputé pour ses immenses fresques murales, le musée urbain Tony-Garnier, implanté dans le quartier des Etats-Unis à Lyon, risque de fermer à la fin de l’année. Un « paradoxe » alors que la ville s’apprête à célébrer les 150 ans de la naissance de son plus célèbre architecte. « Les subventions ne sont pas à la hauteur des objectifs qui nous ont été demandés et de ce que la situation exige », glisse-t-on.
L’établissement, qui n’est pas un équipement municipal, assure néanmoins des missions de service public et accueille 45.000 visiteurs chaque année grâce à ses expositions temporaires et ses visites guidées. Les murs peints sont même devenus le troisième site proposé par le site d'Only Lyon aux touristes étrangers venant passer quelques jours entre Rhône et Saône.
« Il n’y a pas moyen de se faire entendre »
L'alerte avait déjà été donnée en 2008. Mais « pour la première fois, nous sommes dans une situation vraiment cruciale. Ce n’est pas faute d’avoir alerté qui de droit en temps voulu mais il n’y a pas moyen de se faire entendre. On a l’impression que personne nous croit et ne réalise qu’on va vraiment fermer », s’inquiète Jacques Bonniel, le président du musée.
L’établissement touche actuellement 75.000 euros de la ville, 30.000 euros de la région et 9.000 euros du ministère de la Culture. Pour un budget annuel de 215.000 euros. « Il nous manque 30.000 euros pour nous sortir la tête de l’eau », plaide Jacques Bonniel. C’est-à-dire 15 % de son budget annuel sachant que le musée s’autofinance à hauteur de 25 %. Le problème : chaque collectivité se renvoie la balle, estimant qu’elle met déjà suffisamment la main au portefeuille.
Des fresques abandonnées ?
« L’an dernier, nous avons enregistré un déficit de 60.000 euros », ajoute le président qui redoute le pire et se refuse à licencier ses trois salariés. « Fonctionner sur du bénévolat, ce n’est tout simplement pas tenable ». La fermeture des lieux aurait selon lui des conséquences dramatiques. « Qui assurerait l’entretien des murs ? », s’interroge-t-il. « On repère les dégradations, les tags et on appelle la Cité de La Création (qui a réalisé les peintures) pour qu’ils puissent intervenir. Et on avance l’argent. Si on ne disparaît, cela ne sera plus fait », ajoute Jacques Bonniel. Et de craindre que les fresques qui font pourtant la fierté du quartier, ne soient laissées à l’abandon.
Au-delà de l’aspect patrimonial, les dirigeants du musée entendent se battre pour que « la culture persiste dans les quartiers populaires ». « Le quartier a déjà l’impression d’être abandonné, il le serait un peu plus. Les gens se sont approprié les fresques. Elles font partie de leur identité. Et pour une fois, ils ont l’impression que le centre-ville vient à eux, qu’on s’intéresse à leur territoire de vie », explique Jacques Bonniel.
« Le musée permet de maintenir du lien dans ce quartier, où 90 % de la population vit dans des logements sociaux, où les commerces de proximité ont disparu. On reçoit régulièrement la visite d’habitants qui viennent nous emprunter la photocopieuse ou demander une ampoule. On mène un travail socioculturel comme pourrait le faire une maison des jeunes », conclut Catherine Chambon, la directrice de l’établissement.