Graphisme: Il écrit sur des tableaux les livres de ceux qu'il aime
ARTS•Le Lillois Grégory Valentin reproduit sur un seul et même tableau l’ensemble d’une œuvre littéraire…François Launay
L'essentiel
- Un graphiste lillois a décidé de transposer sur des tableaux l’intégralité d’œuvres littéraires.
- Les textes complets de Germinal, du Petit Prince ou encore de l’Alchimiste sont ainsi recopiés sur des toiles.
- Une façon différente de relire des livres qui ont marqué sa vie.
Il y a des livres qui marquent une vie, ceux qu’on n’oublie pas et qui méritent une place à part, en dehors d’une simple bibliothèque. Partant (en partie) de ce principe, Grégory Valentin s’est lancé dans une création originale : mettre sur un tableau l’intégralité d’un livre. Plus besoin de tourner les pages, l’ensemble du livre se trouve sur une seule et même toile comme le raconte ce Nordiste de 40 ans.
« Je voulais travailler sur un livre et en faire un truc plastique »
« Comme je suis graphiste, je travaille depuis tout le temps avec les mots, les couleurs, et les typos. Et puis, j’ai aussi une formation d’architecte donc ça fait longtemps que je travaille avec l’espace et les volumes. Enfin, je suis un passionné de livres mais je n’ai pas de prétention littéraire. En fait, j’adore l’objet, la littérature, l’écrivain et surtout le fait qu’un livre puisse quasiment transformer une vie, avoir un impact incroyable sur des événements. Je voulais travailler sur un livre et en faire un truc plastique et graphique que je puisse voir chez moi »
Un catalogue d’une vingtaine d’œuvres mises sur tableaux
En mixant graphisme, architecture et littérature, Gregory Valentin a donc créé il y a cinq ans espècedelivre. Son premier livre sur tableau aura été le Horla de Maupassant. Et depuis, une bonne vingtaine d’œuvres, du Petit Prince à Vingt mille lieues sous les mers en passant par l’Alchimiste, ont laissé libre cours à son imagination.
« C’est moi qui choisis les livres. Il faut que ça me parle pour que je puisse faire quelque chose. Si je n’ai rien à dire sur un bouquin je ne vais rien faire. Il y a toujours une interprétation, un message qui peut être subjectif mais à chaque fois il y a quelque chose. Ce n’est pas juste mettre des mots sur un tableau. Il y a un apport entre la version graphique et le fond de l’œuvre.
Germinal de Zola transposé sur tableau
D’ailleurs, toutes ses œuvres portent un nom qui ne correspond pas au titre original du livre. Par exemple, la déclaration des droits de l’homme s’appelle « 17 ». « Car il y a 17 articles et 17 fois le mot droit », explique Grégory. Dans la même lignée, le Nouveau Testament s’appelle « Père et fils ». Et le célèbre Germinal de Zola est renommé « Horizons » un tableau.
« Il ne faut pas qu’on se dise que c’est Germinal quand on le regarde de près parce qu’il y a un terril dessus par exemple. Ce n’est jamais figuratif. Pour ce livre, j’ai travaillé sur l’horizontalité et sur les couleurs avec le bleu du ciel et le noir du charbon »
L’intégralité du texte du livre se retrouve clouée au mur
Très différents les uns des autres, les livres-tableaux de Grégory Valentin n’ont jamais le même format, la même taille, le même papier, ou le même parti pris. Seule constante : l’intégralité du texte du livre, que le graphiste arrive souvent à retrouver sur le web voire à scanner, se retrouve toujours sur la toile.
« Sur le principe, on est censé pouvoir tout lire le livre du début à la fin. Surtout, j’ai le plus grand respect pour l’œuvre donc je ne bouge aucune virgule » poursuit ce Lillois qui réalise ses œuvres en dehors de son travail de graphiste.
Parti d’une simple expérimentation, le loisir de Grégory Valentin commence à se faire connaître comme en témoignent les différentes expositions (voir encadré) auxquelles l’artiste participe. Mais pas de quoi lui faire tourner la tête.
« Je ne cours pas après la démarche commerciale, ce n’est pas mon but. Je fais ça pour le plaisir », conclut le graphiste nordiste. A priori, les livres n’ont pas fini d’être exposés sur les murs.