Egotrip, déglingue et croco... Le rappeur Roméo Elvis se (la) raconte
MUSIQUE•Ce vendredi, le rappeur belge sort une édition augmentée de son EP « Morale 2 », enrichi de onze nouveaux titres…Propos recueillis par Clio Weickert
L'essentiel
- Le rappeur Roméo Elvis sort une édition augmentée de son EP « Morale 2 », enrichi de onze nouveaux titres.
- Egotrip, déglingue et croco, le Belge s’est confié à « 20 Minutes ».
«En Belgique j’ai fait mes armes, mes preuves, et je suis reconnu dans le pays en entier. En France, c’est une nouvelle étape, oui, on peut dire que je pars à sa conquête ». C’est dans un bar à cocktails du 10e arrondissement de Paris, installé à la coule, tout de Lacoste vêtu (casquette et caleçon compris), que Roméo Elvis a enchaîné les interviews mardi, prêt à en découdre. Il faut dire que le chef de file de la scène rap belge, proche du Français Lomepal et de ses compatriotes outre-Quiévrains Caballero et JeanJass, a le vent en poupe.
Son visage vous est (encore) inconnu ? Depuis Bruxelles arrive en 2016, Roméo Elvis, 25 ans, fils du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, grand frère de la star montante Angèle, a fait du chemin et ne cesse de gagner du territoire dans le rap game. En deux ans, il a peu à peu réussi à imposer un style unique, mariant humour et lyrics profonds et intimes, le tout saupoudré de sa voix caverneuse, reconnaissable entre toutes. A l’occasion de la sortie ce vendredi de Morale 2Luxe, l’édition augmentée de son EP Morale 2 (sorti en avril 2017 et disque d’or en Belgique), où onze nouveaux titres viennent rejoindre ses succès de l’an passé, Lenita, J’ai vu et autre Bébé aime la drogue, Roméo Elvis s’est raconté à 20 Minutes, en toute décontraction.
Roméo Elvis est un jeune blanc
« J’aime jouer des clichés sur le rap. J’ai besoin continuellement de rappeler que je ne me prends pas au sérieux dans ce truc parce que je viens d’un milieu aisé, un milieu d’artistes, un milieu ouvert. Je suis un jeune blanc, sans grand problème avec la société, si ce n’est que je me fais arrêter quand je fume des joints et que je trouve ça injuste. J’ai tellement l’habitude de me faire arrêter que je m’entends bien avec les flics. Il y a cette loi qui dit que c’est interdit mais après il y a cette entente que tu peux avoir avec le policier s’il est un minimum coopérant. »
Roméo Elvis préfère le Fristi au jaja
« Je n’ai jamais revendiqué le fait de boire de l’alcool, je ne me suis jamais rattaché à ça et je trouve ça même profondément débile. J’ai voulu prendre le truc à contre-pied avec du Fristi, une boisson rose et enfantine (équivalent du Candy Up), un truc d’enfants et de guignols, et faire le malin avec ça et un peu ironiser. Les gens ont pris ça tellement au sérieux qu’à chaque fois il y avait du Fristi dans les loges, ils pensaient qu’on était vraiment exigeants, et des fois ils disaient "désolé on n’a pas de Fristi…" Et j’ai juste voulu marquer une dernière fois l’année 2017 avec un tatouage Fristi pour symboliser cette belle période. C’est une année où tout a explosé, et je n’ai pas envie d’oublier ça. »
Roméo Elvis est égocentrique
« Je sais que c’est le cas et je n’ai pas envie d’être confronté à cette critique, donc je préfère le dire. Je sais que je suis porté sur ma personne, je me mets énormément en avant et j’ai tendance à penser à moi avant de penser aux autres. Je pense qu’on l’est tous, tous les artistes de mon niveau le sont, c’est juste qu’ils ne veulent pas l’accepter.. Lomepal le reconnaît. Après je ne connais pas Vald, ou Nekfeu, mais pour arriver à ce stade-là, pour avoir cette détermination… Dans le fond, tu as envie d’être dans la lumière. C’est pour ça que je me permets de dire que je sais que je parle beaucoup de moi, je n’ai pas d’explication à donner. Je suis très égocentrique. C’est juste qu’on en parle comme un truc un peu gênant, comme le narcissisme, parce que ce n’est pas bien. »
Roméo Elvis est jaloux
« C’est l’un de mes nouveaux titres de cet EP. Oui, je suis très jaloux, un mec égocentrique est jaloux parce que quand d’autres mecs brillent à côté de lui, ça ne lui plaît pas spécialement. Moi je suis confronté à ça de ouf parce qu’il y a ma sœur à côté ! Je la nargue sur Instagram car j’ai encore très peu d’avance sur elle mais c’est le seul truc sur lequel je peux encore jouer. J’aurais toujours l’expérience pour moi parce que j’ai commencé plus tôt. Mais c’est plutôt sain. »
Roméo Elvis et la fumette
« Fumer ce n’est pas forcément bon dans le processus créatif, malgré tout ce qu’on peut en dire. Moi je suis fasciné par les artistes "straight", très bosseurs. J’ai beaucoup plus d’admiration pour les mecs comme ça que pour les mecs dans la déglingue, même si moi, je fais malheureusement un peu plus partie des mecs qui sont dans la déglingue parce que je suis un gros consommateur de cannabis. Enfin ce n’est pas la déglingue, mais ce n’est pas comme si je me faisais du bien non plus. Mais d’un point de vue personnel ça ne m’empêche en rien, ni de me lever le matin, ni de vivre ma vie. »
Roméo Elvis n’est pas qu’un rappeur, il chante aussi
« J’aime bien ça, comme le rap que j’écoutais avant, les Fugees, les Saïan Supa Crew… Ça a été très axé féminin, R’n’B pendant un moment, aujourd’hui ça s’est élargi et je fais clairement partie de cette vibe. Je suis un consommateur de plein de styles de musique, je peux écouter du gangsta rap, ou du Chopin. Ma sœur en jouait beaucoup quand on était petit. »
Roméo Elvis a les crocos dans la peau
« J’ai toujours adoré les animaux, avant je partageais cette passion avec tous mes amis, et ça continue. Les crocos en particulier parce qu’ils ont duré dans l’histoire et étaient là avant les êtres humains, on ne peut que les respecter pour ça. Je suis un grand consommateur de documentaires animaliers, c’est super fascinant et quand tu es défoncé… J’ai plusieurs tatouages crocos : la crocomotiv [une locomotive en forme de crocodile], un couteau croco… Et c’est aussi pour ça que j’aime Lacoste, parce que c’est une super marque, de qualité, agréable à porter, et il y a le crocodile. »