Nord: Une association d'éditeurs indépendants part en guerre contre La Poste
LIVRES•Des éditeurs indépendants se plaignent des tarifs postaux « démesurés » pour envoyer des livres...Gilles Durand
L'essentiel
- Envoyer un livre en France par La Poste coûte plus cher que vers l’étranger.
- L’association des éditeurs Hauts-de-France a remonté le problème à l’Assemblée nationale.
- Un rapport d’évaluation sur le sujet doit être présenté par les députés, en avril.
Entre 4 et 8 euros pour envoyer un livre en France, et seulement 2,20 euros en Australie. Cherchez l’erreur ! L’association des éditeurs Hauts-de-France a décidé de monter au créneau pour faire baisser la tarification postale. Elle est reçue, ce jeudi, à l’Assemblée nationale par deux députés : Yannick Kerlogot (LREM) et Michel Larive (LFI) qui doivent par ailleurs, rencontrer aussi La Poste.
Une menace pour la chaîne de production indépendante
« Depuis janvier 2015, La Poste instaure une nouvelle tarification démesurée, pestent les éditeurs nordistes. En plus d’une hausse régulière des tarifs, tout envoi excédant 3 cm d’épaisseur doit être expédié en Colissimo, ce qui a quasiment doublé le prix d’envoi. »
Ce qui pose problème lorsqu’un libraire doit commander pour un client un livre à un éditeur indépendant. « Toute la chaîne indépendante de production et diffusion du livre est menacée, explique l’association nordiste. Surtout face à la concurrence de géants du web qui ont les moyens de passer par d’autres circuits de distribution. »
Le plus saugrenu, c’est que des tarifications spéciales « livres et brochures » existent pour l’envoi d’ouvrages à l’étranger, mais pas en France. L’asso s’est livrée à un test l’an dernier. Pour l’envoi d’un même livre, elle a payé 7,50 euros pour la France, 2,47 euros pour l’Allemagne et 1,65 euro d’Allemagne vers l’Allemagne.
Refus des manuscrits de plus de 3 cm
Cette situation a même conduit une maison d’édition d’Ile-de-France à refuser désormais les manuscrits qui dépassent 3 cm d’épaisseur et multiplient les salons du livre hors de France, en Belgique ou en Suisse notamment, pour séduire un nouveau lectorat auquel il est moins onéreux d’envoyer des ouvrages.
« C’est un combat aussi pour les citoyens et la diffusion de la culture », précise l’association. « Nous avons bien cet élément en tête : le constat que l’envoi postal à l’étranger est moins cher qu’en métropole. Cette question sera bien sûr posée à la Poste », indique le député Yannick Kerlogot, interrogé par 20 Minutes.
Un rapport d’évaluation sur le sujet doit être présenté en avril. On saura alors si les éditeurs indépendants ont encore une chance de pouvoir s’aligner sur les grosses maisons d’édition.