«Shadow of the Colossus»: Comment on a réussi à terrasser les 16 titans
JEUX VIDEO•Remake d’un jeu culte sorti en 2005, « Shadow of the Colossus » déchaîne les passions. Nous sommes allés au bout de ce titre poétique et atypique pour tenter de comprendre le phénomène.Jean-François Morisse
L'essentiel
- Sorti en 2005 au Japon Shadow of the Colossus profite d'un remake sur PS4.
- Les critiques sont enthousiastes et unanimes.
- Nous avons affrontés (et battus) les 16 colosses, notre verdict.
Derrière Shadow of the Colossus, il y a tout d’abord un auteur, Fumito Ueda, un artiste à part dont les jeux poétiques, parfois ésotériques, sont auréolés de mystère à l’image de The last Guardian.
Sorti en 2005 au Japon sur PlayStation 2, Shadow of the Colossus avait été acclamé par la critique. Treize ans plus tard, la magie semble toujours fonctionner avec ce remake exclusif pour la PlayStation 4 (vendu 40€ environ).
Pour en avoir le coeur net, il faut se plonger pour une petite dizaine d’heures dans l’univers enchanteur initialement imaginé par Ueda et remis au goût du jour par des spécialistes du remake.
Dans ce monde grisâtre, on incarne un jeune garçon bien décidé à sauver une jeune fille dont on ne saura pas grand-chose, sinon que pour la ramener à la vie, l’esprit d’un antique temple nous indique qu’il faudra venir à bout de 16 colosses… Armé de son arc et de son épée et accompagné de son cheval, l’aventurier un brin inconscient se lance alors à l’assaut de ces géants…
Premier contact avec le jeu et première évidence : ce remake, réalisé sans Ueda, est techniquement remarquable. Une vraie claque, et un sacré boulot. Ce remake peut se targuer d’être un titre au niveau de la PS4. Plaisir garanti pour les yeux. La jouabilité, un peu raide à l’époque, a elle aussi été revue pour se respecter un confort de jeu plus actuel. Ouf ! J’avoue me souvenir encore de certaines galères de 2005… Appelez ça un trauma si vous le voulez mais il faut bien reconnaître qu’on retrouve avec un indicible plaisir le monde de Shadow of the Colossus.
Pourtant, ce monde ouvert, de taille restreinte au regard de titres comme GTA V ou L'Ombre de la Guerre, est aussi étrangement vide. On ne croise pas âme qui vive sinon quelques lézards et oiseaux. Une atmosphère calme qui confère au jeu son atmosphère unique. Entre deux combats homériques, on erre donc d’un point à un autre de la carte à pied ou à cheval. Côté action, chaque rencontre avec un colosse est une véritable énigme. Il faut, en quelques instants et grâce à son épée, déceler les points faibles du géant pour ensuite l’escalader et le frapper en une série de coups mortels. Le tout au gré de compositions musicales souvent somptueuses.
Chaque créature possède ses points faibles et une façon unique d’être vaincue.
J’avoue, si les premiers colosses se terrassent en quelques minutes, d’autres nécessitent bien plus de jugeote… et de patience. Il n’est pas rare de grimper, de tomber, de repartir à l’assaut, de retomber, d’arriver près du point crucial, de glisser, pour retomber à nouveau… et ainsi de suite. Je dois le reconnaître, j’ai pesté plus d’une fois en glissant in extremis devant le point faible du monstre. Bref, certains combats sont de véritables défis zen… La simple découverte du colosse constitue un moment d’émerveillement. Impossible de ne pas lâcher un grand « Wouah ! » à chaque rencontre.
Un minimalisme global pour une oeuvre atypique
Il ne m’a fallu qu’une petite demi-douzaine d’heures pour venir à bout de ces seize colosses. Pas plus. Six heures à errer, grimper, tomber, pester et frapper au bon endroit ces incroyables titans. Malgré le minimaliste total du jeu dont il est de bon ton de s’émouvoir chez le gamer soi-disant esthète. Un univers petit, vide et un jeu qui se résume en une succession de 16 combats épiques… Vous ne trouverez rien d’autre ici… Si ce n’est l’ambiance unique d’un jeu signé par un créateur de jeu qui depuis 2001 et Ico, livre des aventures uniques et fascinantes. Une bonne raison pour se laisser envoûter.