DANSEOn a assisté aux répétitions de «La Flûte enchantée» par le Béjart Ballet

VIDÉO. Béjart Ballet Lausanne : Grand jeté, arabesque, entrechat… Dans les coulisses des répétitions de «La Flûte enchantée»

DANSELe Béjart Ballet Lausanne fête ses 30 ans avec «La Flûte enchantée», en représentation du 7 au 11 février au Palais des Congrès à Paris...
Emma Ferrand

Emma Ferrand

La porte d’entrée s’est refermée derrière nous. Au loin, une douce musique se fait déjà entendre. « Bienvenue à la compagnie du Béjart Ballet Lausanne ! » L’accueil est chaleureux. Et la température aussi alors que dehors, la température est hivernale. À Lausanne, la neige est au rendez-vous, et la danse aussi.

Les répétitions du ballet La Flûte enchantée vont commencer d’une seconde à l’autre. Il faut être prêt pour les prochaines représentations à Paris qui auront lieu du 7 au 11 février au Palais des Congrès. Cette année, le ballet fête ses 30 ans. Dix ans après la mort de Maurice Béjart, l’ombre du légendaire chorégraphe à l’origine de la compagnie plane toujours sur les danseurs, quand ils sont en studio aussi bien qu’en tournée. Mais ce lourd héritage n’empêche pas les danseuses et danseurs de travailler. Bien au contraire.

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Les différentes distributions qui incarnent les rôles de Pamina, la Reine de la nuit et ses trois Dames enfilent leurs pointes et nouent leurs cheveux. Les Tamino et Papageno finissent de s’échauffer, assis en grand écart.

Une forte odeur prend au nez. Ça sent les pieds, non ? La sueur ? « On utilise du vinaigre pour nettoyer le sol. Cela évite que les danseurs glissent pendant les répétitions », nous explique-t-on. Ah, c’est donc ça !

L’heure des répétitions a sonné

« Frederico ! Tu pourrais être à l’heure ? », commente Gil Roman, le directeur artistique de la compagnie. Et un, deux, trois et quatre… Les pas s’enchaînent avec beaucoup de légèreté. L’intensité et l’émotion prennent place dans le studio. À tel point que les gouttes de sueur perlent rapidement. Les souffles forts et nerveux se font entendre.

Tamino, Pamina et la reine de la Nuit s’élancent dans une chorégraphie millimétrée. Soudain, le personnage de Papageno apparaît. Très vite, il se fait, non pas bâillonner comme dans la version originale de Mozart, mais nouer les chevilles. Au lieu de ne plus pouvoir parler, il ne peut plus danser. « Ici, la danse devient la voix », indique Julien Favreau, interprète de Sarastro. « Le travail de Maurice Béjart était très imagé, avec une certaine vérité du geste », ajoute le danseur.

« Quoi, vous êtes fatigués les mecs ? », lance quelques pas plus tard le boss Gil Roman. À mesure que les répétitions passent, la concentration pourrait diminuer. Mais l’enchaînement des tableaux ne permet pas aux danseurs de se reposer.

À travers une des fenêtres, un rayon de soleil illumine Pamina, l’héroïne du ballet, à la fin de son émouvant duo avec Papageno. Pendant un instant, on a l’impression que la compagnie a quitté le studio contre les planches de la scène du Palais des Congrès.

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La flûte, le maître mot de ce ballet

Gabriel Arenas Ruiz, interprète du personnage principal Tamino, prend son rôle très à coeur. À force de répéter les mêmes gestes, il en oublie même l’objet principal de ce ballet : la flûte. « On n’a pas l’impression que tu te laisses emporter par la flûte. Ce qui compte, c’est que tu ailles vers elle, qu’elle t’entraîne », conseille Gil Roman. Ni une, ni deux, le danseur applique les consignes à la lettre.

Pour lui, ce rôle est « un réel challenge à relever, surtout pour le mental. Si on est conditionné mentalement, on l’est physiquement », explique-t-il. Âgé de 28 ans, cela fait désormais 10 ans que l’artiste a rejoint la compagnie du Béjart Ballet Lausanne. Et il ne lui viendrait pas à l’idée d’aller danser ailleurs. « On a de la chance d’être ici. Tout passe vite mais on profite, on fait ce qu’on aime. De quoi peut-on se plaindre ? »

Pour la Reine de la nuit, Elisabet Ros, son rôle « est très difficile et technique ». Ce personnage, Maurice Béjart l’avait adapté sur mesure pour qu’il colle le mieux possible à la peau d’Elisabet Ros. Aujourd’hui, c’est elle qui transmet son savoir aux nouvelles danseuses qui apprennent le rôle. « On ne veut pas trop toucher à la chorégraphie. Mais c’est néanmoins un rôle d’interprétation important », indique-t-elle.

Maurice Béjart gravé dans les mémoires

Le BBL, qui a le statut de fondation, semble être bien plus qu’une simple compagnie, c’est comme une espèce de famille. Chaque jour, les danseurs travaillent non seulement pour obtenir des chorégraphies impeccables mais aussi pour célébrer et saluer celui sans qui rien de ce qu’ils font actuellement n’existerait : Maurice Béjart. « Ma façon de lui rendre hommage, c’est de rester dans la fondation, et de transmettre mon savoir, explique Julien Favreau, qui danse pour la compagnie depuis 23 ans. Le fait que ce soit Gil qui ait pris la relève, c’est une continuité du travail de Maurice. »

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Le chorégraphe n’est pas oublié par ses fidèles amis danseurs, ni par ceux qui ne l’ont pas connu mais qui l’admirent. Ses grands yeux clairs veillent sur eux, à travers plusieurs portraits et affiches accrochés aux murs. « Maurice avait de multiples facettes. Il recherchait la sincérité, il était populaire. Un jour, en banlieue, un gars lui a dit : “Hey, Momo ! Comment ça va ?” Il n’avait jamais vu un seul des ballets de Béjart », raconte Gil Roman. Maurice Béjart n’était pas aimé que pour sa notoriété.

Gil Roman est très heureux de retourner à Paris avec sa troupe qui fête ses 30 ans pour revoir son public français. « J’ai nettoyé l’œuvre de Béjart pour que les danseurs soient bien, se l’approprient. L’intérêt, c’est de redécouvrir La Flûte enchantée, toujours avec Maurice. Les êtres sont vivants lorsque l’on pense à eux. »