Qui est Jérémie Moreau, dont «La saga de Grimr» a remporté le Fauve d’or à Angoulême?
BD•Jeune auteur à peine trentenaire, Jérémie Moreau collectionne les Prix du festival depuis 12 ans. Il se confie à « 20Minutes »…Olivier Mimran
Il y a encore quatre jours, il était parfaitement inconnu du grand public. Mais depuis que La saga de Grimr a reçu, samedi soir, le Fauve d'Or du meilleur album du festival de la BD d'Angoulême 2018, son auteur Jérémie Moreau se trouve soudain sous le feu des projecteurs.
Cool, et légitime. Sauf que hormis le fait qu’il soit relativement jeune (il a tout juste trente ans) et très très doué, on sait peu de chose de ce Parisien aujourd’hui « exilé » dans la Drôme. Pour les lecteurs de 20Minutes, Jérémie Moreau revient sur sa - courte - carrière…
Une vocation précoce
Ainsi, son succès serait, selon lui, davantage le fruit d’un travail acharné que celui du hasard. « Gamin, raconte-t-il, après une période d’indécision durant laquelle je me suis imaginé guitariste, boulanger ou pompier, j’ai participé à mon premier Concours de la BD scolaire et je me suis dit : "ok, voilà ce que je veux vraiment faire quand je serai grand". Je devais avoir 8 ans. Donc chez moi, il y a toujours eu beaucoup de détermination : à partir du moment où j’ai décidé que je voulais faire de la BD, j’ai fait tout mon possible pour que ça arrive ! »
Jérémie Moreau a fini par remporter le Concours de la BD scolaire (en 2005) puis participé plusieurs fois au Concours jeunes talents organisé par le festival d’Angoulême… jusqu’à le gagner aussi, en 2012. « C’est ce qui m’a vraiment mis le pied à l’étrier, puisqu’on m’a tout de suite proposé de travailler avec Wilfrid Lupano, un scénariste émérite. » Ensemble, ils réalisent Le singe de Hartlepool (Delcourt, 2013), qui cartonnera en librairie et recevra une flopée de prix.
Deux influences majeures, mais sur deux plans différents
Suivra Max Winson (Delcourt, 2014), une série en deux tomes autour d’un champion de tennis dont Jérémie Moreau signe dessin ET scénario, « un anti-shōnen (genre de manga pour jeune garçon) puisque le héros, hyperfort au début du récit, est obligé de décliner pour retrouver sa liberté ». la référence n’est pas innocente, Moreau revendiquant à l’envi deux influences majeures. « D’abord la BD franco-belge, annonce-t-il, avec surtout, surtout, Franquin - notamment ses Idées noires, que j’adorais alors que j’étais enfant. Ensuite, le manga et plus précisément Dragonball, dont Glénat commençait à publier les premiers tomes… »
Sauf que, s’il reconnaît avoir « mille fois recopié les ombres de Franquin » dans ses cahiers d’écolier, il précise « avoir moins accroché au dessin du manga qu’aux valeurs que véhicule le shōnen, à savoir l’entraînement acharné, à la Rocky, pour devenir très fort dans un domaine (rires). Du coup, je m’y suis identifié et j’ai mis ça en application avec mon apprentissage de la BD ! »
« J’ai bossé pour devenir ce que je rêvais d’être »
On vous disait en début d’article que le succès de Jérémie Moreau était le fruit d’un travail acharné, non ? « C’est sûr que j’ai bossé comme un fou pour devenir ce que je rêvais d’être ! » Le fauve d’Or reçu samedi dernier est donc une sorte d’aboutissement professionnel et personnel. Dès lors, quels sont les prochains défis que va se lancer ce « battant du 9e Art » ? « J’ai depuis longtemps en tête une liste de scénarios dont je veux absolument faire des albums. Ça fait sourire mon éditeur, d’ailleurs, quand je lui parle du livre que je produirai en 2025 (rires). Il y a un western, un truc moyenâgeux, une histoire préhistorique etc. Et ça n’est pas parce que j’ai reçu un fauve d’Or que cette liste changera ! »
« Mon prochain album devrait donc être plus auto fictionnel. J’y raconterai comment je me suis pris les pieds dans le tapis avec un projet, et les conséquences que ça a eu sur moi et sur ma façon de considérer mon métier… et ma famille ! Mais « chut ! » et rendez-vous l’an prochain pour le découvrir ». L’an prochain ? Mais ça va être très très long ! « Oui, mais je serai papa pour la première fois en juillet, alors je veux prendre le temps d’en profiter ! » Décidément, 2018 aura été l’année de tous les bonheurs pour Jérémie Moreau. Et on ne peut que s’en féliciter, tant ce jeune auteur apporte de dynamisme et de fraîcheur à un médium qui en manque parfois cruellement.