Fabrice Luchini: «Je dis parfois que mon métier c'est de tapiner»
POGNON•Alors qu'il triomphe dans la pièce de théâtre «Les écrivains parlent d'argent», l'acteur Fabrice Luchini s'est exprimé sur la question sans détour...C.B.
Il y a des personnes sur lesquelles on peut compter quand on a envie d’un peu de franchise. Et Fabrice Luchini en fait partie. L’acteur a livré une interview à nos confrères du Parisien dans laquelle il parle d’argent sans fausse pudeur. En même temps ça tombe bien, parce que c’est la thématique de la pièce, Les écrivains parlent d'argent, dont il est à l’affiche au Bouffes parisien en ce moment.
L’argent « ne m’émeut pas plus que ça »
Vous pensiez qu’il allait se plaindre des impôts, de la réforme du statut des intermittents ? Que nenni. Fabrice Luchini n’évoque pas son portefeuille, qui n’a pas l’air d’être un objet de préoccupation, mais il n’a pas oublié d’où il venait. « Il y a une telle hypocrisie autour de l’argent. Mais ça ne m’émeut pas plus que ça, même si je viens d’une famille où l’argent signifiait quelque chose. Mon père avait un magasin et les fins de journée, c’était concret, il faisait la caisse. »
Parler d’argent, c’est aussi parler de choses plus profondes. Mais, avec Fabrice Luchini, on n’est jamais à l’abri d’une digression… « Marx explique qu’un mec très con avec de l’argent est finalement intelligent, voyez Trump… Il y en a qui l’aiment. […] On ne peut parler d’argent sans Freud pour qui l’argent est sale parce qu’en lien avec nos premiers contacts avec le caca. Caca ne serait pas passé, trop violent, alors que cacou… J’éclaire Freud grâce au cacou de Malou, ma chienne, ça…, c’est une trouvaille (rires). Un jour, un type m’a lancé dans la rue : "C’est Malou ? Elle a fait son cacou ?" »
« Glisser un petit billet en loucedé »
Une fois la rencontre avec Malou faite, on se rend compte qu’elle est au cœur des préoccupations de l’acteur. « L’argent c’est remarquable, ça met de l’huile dans la mécanique, ça arrondit les choses, estime-t-il. Le pourboire, glisser un petit billet en loucedé pour que les gens soient moins méchants. Un taxi me refuse avec ma chienne, avec 50 euros ça s’arrange… »
« « J’ai un réflexe d’ancien pauvre et demande toujours ce qu’il y a de plus cher, je n’ai pas de goût et suis persuadé que ce qui est cher est bien. » »
Et Fabrice Luchini d’expliquer qu’il est prêt à mettre le prix pour « beaucoup de choses » : « J’ai un réflexe d’ancien pauvre et demande toujours ce qu’il y a de plus cher, je n’ai pas de goût et suis persuadé que ce qui est cher est bien… Je viens de m’acheter une Volvo. Je sais, c’est scandaleux, mais j’aime bien les grosses voitures parce que j’ai peur des chauffards qui se prennent pour des as du volant… Je dis parfois que mon métier c’est de tapiner et qu’il n’y a pas de tapin gratuit, mais je pourrais participer gracieusement à un spot contre les chauffards. » A bon entendeur !