VIDEO. La culture BD «assez pauvre» de Philippe Valette ne l'empêche pas de collectionner les prix
BD•Des dessinateurs dont l’album est en sélection officielle à Angoulême sont venus chez «20Minutes» pour dessiner un de leurs personnages. Aujourd'hui, Philippe Valette pour « Jean Doux et le mystère de la disquette molle »...Olivier Mimran
Qui eut cru qu’un album avec un titre aussi étrange que Jean Doux et le mystère de la disquette molle récolterait le Prix Landerneau BD 2017 et serait présent en sélection officielle du festival d'Angoulême 2018 ? Certainement pas son auteur, d’autant qu’il ne s’agit que de son troisième album de bande dessinée. « Et encore, confie Philippe Valette à 20 Minutes, les deux premiers étaient tirés d’un blog BD ! » N’empêche, s’il n’a plus aucune chance d’emporter le Fauve d'Or (la récompense ultime du festival), Jean Doux… est toujours en lice pour un fauve « jeunesse », catégorie dans laquelle il est sélectionné.
Secrets de fabrication
Pour comprendre les raisons d’un tel succès, 20 Minutes a invité le Biterrois de naissance à réaliser en direct (il y a quelques jours) un dessin du héros qui est en train de le rendre célèbre. Et le jeune auteur en a profité pour nous révéler ses petits secrets de fabrication.
Qu’a-t-on donc appris ? Qu’à l’origine, ce récit complètement déjanté « était destiné à devenir un court-métrage, parce que je fais plus de films et d’animation que de bande dessinée (Philippe Valette est titulaire d’un bac en Arts Appliqués et d’un DMA en cinéma d’animation). J’avais même acheté un tas d’accessoires chez Emmaüs, des costumes, des vieux Minitels etc., mais j’ai dû renoncer à mon projet faute de moyens ».
Un mix d’Indiana Jones et de « Message à caractère informatif »
On imagine ce qu’aurait donné un film dans lequel un employé d’une entreprise spécialisée dans les broyeuses à papier découvre, dans un faux plafond, une mallette contenant une disquette molle à propos de laquelle lui et ses collègues décident d’enquêter ! « L’idée date donc d’il y a plus de neuf ans, sourit l’auteur, et elle est née d’un désir de marier les récits d’aventure/exploration à la Indiana Jones, que j’adore, à un univers bureaucratique très influencé par l’émission de télé Message à caractère informatif, que je dévorais à l’époque. »
Il faut reconnaître que la salade a super-bien pris, et que son succès a légitimement placé Philippe Valette sous le feu des projecteurs. Lequel garde malgré tout la tête froide, bien conscient du caractère « accidentel » de l’emballement qu’occasionne, en ce qui le concerne, le festival d'Angoulême : « Je ne me prends pas du jour au lendemain pour un grand bédéaste, hein, d’autant que j’ai une culture BD assez pauvre et que mes compétences en dessin sont limitées. En plus, je ne travaille pas comme les auteurs de BD professionnels puisque je pense toujours - déformation artistique oblige - ma narration comme celle d’un film. Au final, mes scénarios ressemblent plus à des story-boards qu’à de la bande dessinée classique. »
Jean Doux et le mystère de la disquette molle, de Philippe Valette - éditions Delcourt, 29,95 euros