De Richard Linklater à Ryan Coogler, ces talents révélés à Sundance
CULTURE•Le festival du film indépendant se déroule à Park City du 18 au 28 janvier, et la chaîne Sundance TV diffuse chaque jour des films récompensés...Sundance. Sa neige, ses films souvent méconnus et son buzz, qui peut aller loin. Du 18 au 28 janvier, les cinéphiles auront les yeux braqués sur le grand festival américain du film indépendant. Car se faire remarquer par Robert Redford à Park City peut lancer une carrière, et même ouvrir la porte des Oscars de l’année suivante.
En 1991, personne ou presque n’avait entendu parler de Richard Linklaker. Mais son premier film, Slacker, réalisé avec trois bouts de ficelle et 23.000 dollars dans les rues d’Austin, devient le symbole de la jeunesse de la génération X. « Il n’a pas fracassé le box-office, avec un million de dollars de recettes », rappelle Louis Black, coréalisateur du documentaire Richard Linklater : Dream is Destiny, diffusé jeudi soir à 18h30 sur la chaîne Sundance TV (voir encadré). Mais « sans sa sélection à Sundance, le film n’aurait pas eu un tel impact culturel ». Et Linklater, une telle carrière.
A l’exception du film de studio School of Rock, avec Jack Black, Richard Linklaker est cependant resté farouchement indépendant, de sa trilogie « Before » (Sunset, Sunrise, Midnight), avec Ethan Hawke et la française Julie Delpy, jusqu’au projet de sa vie, Boyhood, filmé sur 12 ans, et couronné en 2015 par le Golden Globe du meilleur film dramatique. Mais certains réalisateurs révélés à Sundance ont succombé aux sirènes d’Hollywood.
Tremplin vers Hollywood
En 1998, Darren Aronofsky fait tripper les festivaliers avec son ovni mathématique en noir et blanc Pi, et repart de Sundance avec le prix du meilleur réalisateur. Depuis 20 ans, l’enfant terrible du cinéma américain alterne les projets indépendants personnels (Requiem For a Dream, The Wrestler) et les productions hollywoodiennes (The Fountain, Noah).
Depuis une dizaine d’années, Sundance surtout sert de tremplin vers Hollywood, qui recherche du sang neuf. Peu de personnes s’en souviennent mais Justin Lin a présenté Better Luck Tomorrow, un film intimiste, à Park City avant de réaliser quatre épisodes de Fast and Furious suivis du dernier Star Trek. Rian Johnson a marqué les esprits avec Brick avant de prouver avec Looper qu’il était capable de réaliser un blockbuster et que Disney ne lui confie les clés de l'épisode VIII de Star Wars. Après son sacre en 2012 pour Middle of Nowhere, Ava DuVernay, elle, a enchaîné avec le film engagé Selma, sur Martin Luther King, et elle dirige Oprah dans le prochain Disney, Un Raccourci dans le temps (14 mars).
La cadence s’accélère. Directement après avoir présenté Safety Not Garanteed, Colin Trevorrow réalise Jurassic World. Et après le coup de poing Fruitvale Station, Grand prix du jury à Sundance, le surdoué Ryan Coogler a convaincu la MGM de produire le successeur/spin-off de Rocky, Creed, et il s’apprête à fracasser le box-office avec le dernier Marvel, Black Panther (14 février).
Les nostalgiques estiment, comme le geek Kevin Smith, que Sundance, c’était mieux avant. Louis Black n’est pas d’accord. Selon le réalisateur, également cofondateur du festival SXSW d’Austin, « avec les progrès technologiques, il n’a jamais été aussi facile de réaliser un film indépendant. Sundance sert toujours à révéler des talents ».