Minimalisme au coeur gros
•Des films d'une rigueur implacable et d'un réalisme froid : telle est la tendance du cinéma asiatique d'aujourd'hui. Du moins celle qui cartonne dans les festivals. A Venise, où Still Life, du Chinois Jia Zhang Ke, sur les conséquences des travaux du...Stéphane Leblanc- ©2008 20 minutes
Des films d'une rigueur implacable et d'un réalisme froid : telle est la tendance du cinéma asiatique d'aujourd'hui. Du moins celle qui cartonne dans les festivals. A Venise, où Still Life, du Chinois Jia Zhang Ke, sur les conséquences des travaux du barrage des Trois-Gorges, triompha en 2006. Ou à Deauville, où le Lotus d'or fut décerné l'an dernier à l'austère Syndromes and a Century du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul... With a Girl of Black Soil, du Coréen Jeon Soo-il, récompensé dimanche soir, n'échappe pas à cette nouvelle tentation minimaliste. Il s'agit pourtant d'un pur mélo où la spirale du malheur ne cesse de s'abattre sur un ancien mineur rattrapé par l'alcool, sa plus jeune fille (Yu Yun-Mi) et son frère handicapé mental... N'en jetez plus ! Sauf que le film se révèle bien plus passionnant et bouleversant par son traitement tout en retenue que par l'émotion qui sourd de ses péripéties. Après les cinéastes historiques comme Im Kwon-taek, 72 ans et invité d'honneur (lire ci-contre), les quadras férus de Nouvelle Vague tel Hong Sang-soo, ou les fanas de cinéma de genre (thriller, horreur, fantastique) comme Park Chan-wook ou Kim Ki-duk, le cinéma coréen révèle une nouvelle facette : le néoréalisme à l'italienne, mâtiné de drame social à l'anglaise. Avec, une fois encore, un naturel et une aisance confondantes.