HERITAGESes chansons,ses leçons de vie, son fils...Que restera-t-il de France Gall?

Ses chansons, ses leçons de vie, son fils... Que restera-t-il de France Gall?

HERITAGELa chanteuse a marqué son époque à plus d'un titre et a légué beaucoup de choses à son public…..
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Depuis 1997, elle ne chantait plus et n’apparaissait que rarement dans les médias. Mais ses chansons tournent encore en boucle. Preuve que France Gall n’a jamais été oubliée par les Français. Et son décès survenu dimanche a suscité une vague d’émotion dans le pays. Mais si l’artiste a tiré sa révérence, son œuvre, son humanité et son fils lui survivront.

Son héritage musical

France Gall n’est pas que la chanteuse culte des années 1980. Elle est l’une des rares artistes françaises à avoir su traverser les modes et les âges. « Au terme d’une carrière de près de cinquante-cinq ans, saluée par plusieurs générations de fans en France et dans le monde, les chansons de France Gall sont devenues des standards incontournables de notre patrimoine musical », soulignait d’ailleurs ce dimanche Warner Music France, qui produisait la chanteuse. « Elle a eu plusieurs carrières jalonnées par des styles musicaux différents : yé-yé, disco, pop. Avec des chansons gaies, tristes, légères, à texte », ajoute Grégoire Colard, son attaché de presse pendant 15 ans et le coauteur de sa biographie*. « Elle fait partie des artistes français qui ont fait évoluer la variété vers la pop. Et ce, grâce aux musiques aux influences anglo-saxonnes de Michel Berger et à ses textes exigeants » complète Didier Varrod, journaliste musical à France Inter et auteur d’un documentaire sur la chanteuse**. Et le succès de France Gall ne s’explique pas que par la qualité de ses chansons, mais aussi par son talent pour les mettre en valeur : « c’était une interprète intemporelle, à la voix acidulée et irriguée par le jazz. Elle avait un sens inné du rythme et a su dépoussiérer l’image de la chanteuse française », insiste Didier Varrod. D’ailleurs France Gall était aussi une femme de scène : « Elle n’avait jamais le trac avant un concert, car elle me disait "chanter, c’est un acte d’amour" », raconte Grégoire Colard.

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Et la mort de la chanteuse ne mettra pas fin à l’engouement du public pour ses chansons, selon Didier Varrod : « On peut juger la pérennité d’un répertoire à sa capacité à être diffusé. Or, il n’y a pas une soirée où l’on ne danse pas sur Résiste ou Musique, comme sur une chanson des Rita Mitousouko. Car ces tubes n’ont pas pris une ride », insiste Didier Varrod. « Si elle est énormément programmée c’est que Michel Berger faisait des arrangements avants gardistes pour l’époque. Sa musique syncopée à l’américaine avec des paroles françaises, est toujours d’actualité. Et ses chansons font partie de la mémoire collective pour longtemps », acquiesce Grégoire Colard.

Les leçons de vie qu’elle a données à son public

Si la disparition de la chanteuse a suscité une telle émotion, c’est aussi qu’elle a su nouer avec son public une relation très forte. Tout d’abord grâce à une forme de réserve que la chanteuse a su observer pendant toute sa carrière. « Elle n’a jamais voulu être trop présente dans la presse people. Et sa discrétion a plu à son public », explique Didier Varrod. « Elle était discrète sur sa vie privée. Elle refusait d’ailleurs d’être prise en photo à côté de Michel Berger dans les lieux publics car tous deux ne voulaient pas exploiter leur couple à des fins marketings », renchérit Grégoire Colard. « Après la mort de Michel Berger, Jean-Jacques Goldman lui a écrit un album, mais elle l’a refusé car elle avait décidé de ne rien chanter d’autres que les chansons de son mari. Son public a apprécié qu’elle ne veuille pas s’accrocher au vedettariat à tout prix », poursuit-il.

Artiste engagée, France Gall a œuvré pour différentes œuvres caritatives, notamment en faveur de l’Afrique et a sensibilisé son public à différentes causes. « Son engagement a été ressenti comme sincère. Notamment car elle vivait à mi-temps au Sénégal », commente Didier Varrod.

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Le public a aussi partagé les drames que France Gall a traversés et a admiré son courage. « Quelques mois après la naissance de Pauline, France Gall et Michel Berger ont appris que leur fille était atteinte de mucoviscidose. Ils vivaient dans l’espoir que la médecine progresse vite. Mais lorsqu’elle a perdu son mari, puis finalement sa fille, elle a forcé le respect du public et son courage. Car c’est quelqu’un qui avait décidé de cultiver le bonheur », indique Grégoire Colard. « Elle me disait qu’elle avait eu de la chance de connaître Michel Berger et de profiter de sa fille jusqu’à ses 19 ans. C’était sa manière de toujours regarder le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide », insiste Didier Varrod.

Son fils Raphaël

Agé de 36 ans, il est compositeur et producteur de musique. Comme ses parents, il cultive la discrétion et a d’ailleurs gardé le vrai de nom de son père Hamburger. « Il ne veut pas être dans la lumière. Cela m’étonnerait qu’il accorde des interviews », lance Grégoire Colard. Reste que ce sera à lui de gérer le répertoire de ses parents. « Jusqu’alors, France Gall était gardienne du temple. Elle a eu la volonté de mettre en valeur le répertoire de Michel Berger et a voulu qu’il soit considéré à la hauteur de celui de Gainsbourg. Grâce à un travail de réédition exigeant, à des documentaires sur l’œuvre musicale de Berger et grâce à sa comédie musicale "Résiste" », explique Didier Varrod.

Raphaël Hamburger devra notamment donner son avis concernant les demandes de reprises des chansons de ses parents : « J’imagine bien Vianney, Julien Doré ou Louane les reprendre à leur sauce », lance Grégoire Colard. « La jeune génération recherche des sonorités des années quatre-vingt-90, ce qui explique que Juliette Armanet ou le groupe Impératrice se revendiquent de Berger et Gall », complète Didier Varrot. « France voulait monter "Résiste 2" », déclare aussi Grégoire Colard. Reste à savoir si Raphaël Hamburger concrétisera son projet.

*France Gall, le destin d'une star courage, Flammarion, 2007.

**France Gall par France Gall.