REPORTAGESur les traces de Johnny Hallyday, la star la plus anonyme de Los Angeles

VIDEO. Sur les traces de Johnny Hallyday, la star la plus anonyme de Los Angeles

REPORTAGELoin de Paris, Johnny jouissait d'un luxe rare: il vivait une vie normale...
Philippe Berry

Philippe Berry

L'essentiel

  • Loin de Paris, Johnny jouissait d'un luxe rare: il vivait une vie normale.
  • Les Américains n’ont jamais entendu parler de Johnny Hallyday. Et c’est exactement ça qui lui plaisait.
  • Notre correspondant aux Etats-Unis est parti sur ses traces.

De notre correspondant en Californie,

« Johnny Who ? » Dans une Cité des Anges consumée par deux incendies hors de contrôle, la même réponse revient inlassablement ce mercredi. Les Américains n’ont jamais entendu parler de Johnny Hallyday. Et c’est exactement ça qui lui plaisait.

Première étape : Chez lui, à Pacific Palissades

La maison dans laquelle il vivait avec Laeticia, Jade et Joy, semble presque avenante. Pas de haie imposante ou de portail blindé comme dans le quartier VIP de Bel Air où le couple était installé avant 2009. Selon les estimations de Redfin, la propriété de sept chambres et dix salles de bains coûte quand même 10 millions de dollars (8,5 millions d’euros).

Dans la rue, au milieu des SUV Lexus et des Tesla, les seules personnes visibles sont des ouvriers et des jardiniers. A Los Angeles, on ne sort pas à pied de chez soi, à moins de promener son chien. « C’est quel numéro ? » Une consœur belge n’a pas cherché très longtemps sur Google et demande de l’aide. Enfin, un labrador noir arrive avec sa maîtresse. « Hallyday, ça me dit quelque chose mais je ne le connaissais pas. Je crois que c’était le parrain de la fille d’amis d’amis. Je suis tellement désolée d’apprendre qu’il est mort. J’adore la France, surtout Saint-Tropez. » Son prénom restera secret. Elle s’en excuse : « C’est un quartier familial, ici les gens apprécient surtout la tranquillité ». Kate Hudson, la voisine d’en face, Ben Affleck et J.J. Abrams n’étant pas là pour donner leur avis sur Johnny, on s’en remet à trois ados. Qui haussent les épaules et repartent en skateboard.

Seconde étape : Chez son guitariste de 25 ans, Robin Le Mesurier

Il est « bouleversé » par le décès de son « frère ». Le guitariste Robin Le Mesurier, qui accompagnait Johnny à la guitare depuis 1994, a fait plus de 1.000 concerts avec lui. De Johnny, il retient évidemment la voix, « l’un des plus grands chanteurs de rock et de blues que j’aie connu » mais surtout « sa présence incroyable ». Los Angeles, « il y est venu pour la musique mais il appréciait de pouvoir mener une vie normale ». Le guitariste se souvient avec le même plaisir d’un concert à Clermont-Ferrand et du premier donné au Stade de France. Et puis sa voix s’étrangle. « Je n’arrive pas à croire qu’on ne montera plus sur scène. Il va tellement me manquer. »

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Troisième étape : Au restaurant Nobu, à Malibu

C’est là qu’il était venu au printemps, pour sa première apparition publique après l’annonce de son cancer. Il était arrivé les cheveux au vent au volant d’une voiture décapotable, après avoir longé cette Pacific Coast Highway qu’il affectionnait tant. « C’était un habitué mais on ne l’avait pas vu depuis avril », précise Troy, le manager, qui apprend son décès avec 24 heures de retard. Si les sites Internet de Variety ou de CNN ont bien annoncé la mort du « French Elvis », aucune chaîne de télévision n’en a parlé en prime time.

Quatrième étape : Au salon de tatouage Shamrock social club

C’est une institution d’Hollywood, située en plein cœur de la Sunset Strip, en face du Roxy Theatre. Mark Mahoney a tatoué Biggie, David Beckham, Rihanna et… Johnny, une dizaine de fois. Ses yeux bleus jettent un regard noir quand il entend les mots « journaliste français ». Il en a assez vu pour la journée. « Johnny Hallyday était plus qu’un client, c’était son ami », chuchote un employé.

Cinquième étape : Au Petit Four

Adresse incontournable de Sunset Boulevard, surtout pour les expats qui ont le mal du pays, Le Petit Four était souvent fréquenté par Johnny. « On le voyait énormément quand il était en France et qu’il venait enregistrer à Los Angeles. Il allait à la salle de sport le matin, était en studio la journée et venait le soir avec tous ses musiciens », se souvient Alexandre Morgenthaler, propriétaire de l’établissement depuis près de 20 ans.

Au milieu d’un mur de photos, Johnny est là, aux côtés de Laeticia, pour son retour sur scène, après la grosse frayeur de son coma de 2009. Dernier sondage à main levée à la fermeture d’un café voisin. Les quatre serveurs connaissent Daft Punk et Yelle mais n’ont jamais entendu parler de Johnny Hallyday. Tant pis pour eux.