Mort de Johnny Hallyday: Tentative de suicide, peur de la mort, drogues... La face cachée du chanteur
DISPARITION•Johnny Hallyday avait peur de la mort et de la solitude, il en avait fait une source d'inspiration pour ses chansons et pour sa vie, une vie de «destroyance»...V. J.
«Je sais que le bonheur n’existe pas. Il n’y a que la douleur. Et la solitude. » Ces mots, qui auraient pu être les paroles d’une de ses chansons, Johnny Hallyday les avait prononcés lors d’un grand entretien avec l’écrivain Daniel Rondeau pour Le Monde en 1998.
Les fans le savent, il l’a chanté, la légende Johnny, le chanteur yé-yé, l’idole des jeunes, la star richissime avait une part sombre, une peur de la solitude et de la mort, qui trouve peut-être son origine dans l’absence du père.
«Je me suis retrouvé en face d’un clodo »
Leon Smet quitte le foyer familial alors que Johnny, alors encore Jean-Philippe, n’a pas un an. « Quand je suis devenu vraiment Johnny Hallyday, c’est-à-dire riche et célèbre, j’ai continué de penser à mon père, raconte-t-il à Daniel Rondeau. Il m’intriguait. Je l’ai fait venir à Paris. Je me suis retrouvé en face d’un clodo. Je l’ai emmené chez Cerruti pour lui faire faire une garde-robe complète, je lui ai loué un appartement à Paris. Puis le directeur de Cerruti m’appelle, mon père avait tenté de lui revendre ses vêtements au quart du prix. Il avait aussi tout détruit dans l’appartement, mis le feu aux rideaux, et s’en était retourné à l’Armée du salut. Il n’y avait rien à faire. (…) Je lui faisais passer de temps en temps du liquide, mais je ne l’ai jamais revu. Sauf au cimetière. »
Mourir comme James Dean
La mort, elle lui a toujours fait peur. Tous ses potes rockeurs sont morts : « Il reste Mick Jagger et moi. Les autres ? Ceux qui ont mené notre vie, je les connais bien, ils sont devenus des légumes, ils sont finis ou ils ont disparu. Mon ami Jimi Hendrix ? Mort. Brian Jones, que j’avais rencontré dans une boîte de Soho, ne sachant plus qui il était ni qui étaient les autres ? Mort. »
« Dès que la nuit tombe, je suis angoissé, avoue le chanteur, toujours dans Le Monde en 1998. C’est pour ça que je sors toutes les nuits. Je n’aime pas danser, on n’entend dans les boîtes que de la musique naze, bombardée par des haut-parleurs, mais c’est le seul moyen de ne pas être seul. J’ai peur de la mort (…) Mourir dans l’action ne me fait pas peur, mais la certitude de l’échéance inévitable est effrayante. Attendre quelque chose qui va arriver, je crois que c’est le pire. (…). Dans l’absolu, mon rêve, c’est d’y passer violemment, sans m’en rendre compte. Comme James Dean. »
Une vie de « destroyance »
La fureur de vivre l’habitait, ou plutôt la « destroyance » comme il disait. Il aimait rouler vite, une Triumph, une Ferrari, une Lamborghini, et a plusieurs fois frôlé la mort dans des accidents de la route. Trois fois dans les années 60, et en 1970, il dérape sur le verglas avec sa DS et Sylvie Vartan traverse le pare-brise.
Deux ans plus tard, après une beuverie, il joue à la roulette russe, « un truc de con » confiera-t-il plus tard à VSD. Et la drogue bien sûr, Johnny a tout essayé. « Ténédron, Corydrane, cocktail Mandrax-Whisky, Maxiton injecté en intraveineuse », détaille Daniel Rondeau. Mais aussi de l’opium et surtout la cocaïne : « J’en ai pris longtemps en tombant de mon lit. Maintenant, c’est fini, j’en prends pour travailler, pour relancer la machine. Je n’en suis pas fier, c’est ainsi, c’est tout. »
Noir c’est noir
Le 10 septembre 1966, après un enregistrement à Londres et un peu de LSD, Johnny va mal, très mal. Il est déprimé, le fisc lui demande de l’argent, et Sylvie Vartan le divorce. Il avale alors grosse quantité de barbituriques et se taille les veines dans la salle de bains. Retrouvé inconscient et sauvé in extremis par son imprésario Ticky Holgado et un ami, il lui faudra plusieurs semaines de cure en Suisse pour se remettre sur pied. Le 20 septembre de la même année, sort son single Noir c’est noir.
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