Mort de Johnny Hallyday: «Je l'ai exfiltré d'un concert dans le coffre de ma voiture, à côté des pistolets mitrailleurs»
VOUS TEMOIGNEZ•Commandant honoraire de la police, Christian Vezon était chargé, en 1975, de sécuriser un concert de Johnny Hallyday au Palais des Sports de Saint-Etienne...Charlotte Murat
L'essentiel
- En 1975, Christian Vezon était chargé de sécuriser un concert de Johnny Hallyday à Siant-Etienne.
- A cause de la foule en délire et du service d'ordre insuffisant, il a inventé un stratagème pour exfiltrer le chanteur.
- Johnny Hallyday s'est retrouvé dans le coffre de sa 404 break, dissimulé sous des imperméables de la police.
- Deux ou trois ans après ils se sont recroisés et Johnny n'avait pas oublié.
«J’ai croisé Johnny Hallyday en service. En 1975, j’étais un jeune officier de police et je commandais une section d’intervention à Saint-Etienne. Nous étions chargés de sécuriser le concert de Johnny au Palais des Sports. La soirée était très mal partie. Le service d’ordre était clairement insuffisant et aucune barrière n’empêchait le public de monter sur la scène. Ça chauffait pas mal dans la salle. Des bagarres éclataient quand on essayait de repousser le public. Imaginez-vous une trentaine de gars face à 6 ou 8.000 personnes.
La fin du concert approchait et vu l’ambiance, le manager de Johnny était très inquiet pour sa sortie. Surtout qu’à l’extérieur, la foule s’amassait autour de sa limousine blanche, garée côté coulisses. On était littéralement encerclés et très mal barrés. Avec la foule déchaînée qu’il y avait, Johnny ne s’en serait pas sorti vivant. Profitant d’une pause, je me rends dans les coulisses et j’explique mon idée. Johnny a accueilli cette manœuvre en rigolant. On a convenu qu’au dernier morceau, la musique continuerait et que le rockeur ferait semblant de sortir de la scène pour boire de l’eau avant de revenir pour un rappel.
Dans le coffre de la voiture
Ça nous a laissé les deux ou trois minutes qu’il nous fallait pour que je l’amène à ma 404 break de service qui était garée contre la porte des coulisses. Je l’ai caché dans le coffre, contre les pistolets-mitrailleurs, sous des imperméables de police. J’ai pris le volant et la foule a évidemment laissé passer la voiture de police. Quelques minutes plus tard, il était à l’abri dans son hôtel. Il riait comme un gosse de cette farce faite aux fans. Il avait 30 ans et moi 27.
De mon côté, je suis retourné au Palais des Sports. Là, la foule refusait de partir puisque la Limousine de Johnny était toujours là. On avait beau leur dire qu’il était parti, ils ne nous croyaient pas. J’ai alors pris quelques jeunes au hasard et je leur ai fait fouiller la salle et les coulisses de fond en comble pour leur prouver que Johnny était bien parti.
«Je l'ai recroisé à Nîmes»
Deux ou trois ans plus tard, j’avais été nommé à Nîmes. Johnny devait chanter sous un chapiteau et j’avais à nouveau été chargé de sécuriser le concert. Lorsque le chanteur est arrivé, on s’est croisé dans les coulisses. Il me regarde et me dit:
- "On se connaît, non ?"
- "Oui, Saint-Etienne".
- "Ouais ! Je vais encore avoir une place dans le coffre ?"
- "Non, pas cette fois, tout se passera bien."
Le service d’ordre fut effectivement impeccable ce jour-là et on ne s’est plus jamais recroisés. »