VIDEO. Mort de Jean d’Ormesson: Cinq choses que vous ne savez (peut-être) pas sur cet immortel
ANECDOTES•Il est mort dans la nuit de lundi à mardi d’une crise cardiaque…L.Be.
L'essentiel
- Jean d'Ormesson est décédé d'une crise cardiaque à son domicile de Neuilly.
- Ancien directeur du Figaro, il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages.
- Dans son livre de souvenirs Je dirai malgré tout que cette vie est belle, paru en 2016, il revient sur son passé sous la forme d'un procès.
Jean d’Ormesson, l’auteur d’Au Plaisir de Dieu, est mort dans la nuit de lundi à mardi à l’âge de 92 ans. Le romancier est décédé d'une crise cardiaque à son domicile de Neuilly (Hauts-de-Seine), a précisé sa fille, l’éditrice Héloïse d’Ormesson. Récompensé par le Grand Prix de l’Académie française, il a reçu la récompense suprême de tout écrivain français en 2015 : être édité dans la collection La Pléiade des éditions Gallimard. Ancien directeur du Figaro et auteur d’une quarantaine d’ouvrages, son visage rieur a marqué la culture française. Retour sur cinq choses que vous ne savez (peut-être) pas sur cet immortel au sourire inoubliable.
Considéré comme un voyou par son père
Dans son livre de souvenirs paru en janvier 2016, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle, publié chez Gallimard, il se confie sur ses rapports douloureux avec son père. « Il y a bien quelqu’un qui a foutu la merde dans la famille c’est moi et évidemment mon père est mort persuadé que j’étais un voyou, un bon à rien, que j’étais perdu et c’était une déchirure pour moi. Je suis sûr que si je suis rentré à l’académie, si je me suis marié, si j’ai été directeur du Figaro, c’est pour dire à mon père : « Tu vois ces institutions je suis venu à bout d’elles », a retranscris RTL au moment de la sortie du livre.
Invité à s’allonger sur le Divan de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, il décrit un père intransigeant. « Cet homme était incroyablement réactionnaire pour les mœurs. Quand j’avais 19 ou 20 ans - j’étais peut-être déjà normalien, sur le point d’être agrégé -, si le téléphone sonnait, je me précipitais pour décrocher car, si c’était lui et qu’il entendait une voix de femme me réclamant, il répondait toujours : "Qu’est-ce que vous lui voulez encore ?" Son but était de m’empêcher de m’amuser pour travailler ». Il explique avoir connu une crise adolescence tardive. « J’ai été odieux avec mon père vieillissant, je devais tenter, j’imagine, de me libérer coûte que coûte du poids que sa douceur écrasante faisait peser sur moi », confie-t-il très ému.
Un vrai tombeur
Il ne cache pas son passé de tombeur mais l’académicien a connu les femmes tardivement. « Ça m’est venu à 21 ans et, à partir de là, ça a eu des conséquences désastreuses », explique-t-il à Gala en 2015 au moment de son entrée à La Pléiade. « Je crois que ce qu’elles ont préféré chez moi, c’est me quitter. J’ai été beaucoup quitté et j’ai aussi été énormément séduit par des femmes. Pendant longtemps, hélas, parce que je ne me montrais pas assez attentif envers elles, j’ai roulé de chagrin d’amour en chagrin d’amour ». Il a même volé l’épouse espagnole de son cousin (le compositeur Antoine d’Ormesson), avant de la quitter. « Un désastre ».
Une étrange visite à son arrivée à la tête du « Figaro »
Nommé à la tête du Figaro, Jean d’Ormesson est surpris par une visite inquiétante. L’anecdote décrite dans son livre autobiographique, fait sourire, comme beaucoup d’autres de ses souvenirs. « Tout le monde sait qu’en 1914, Caillaux était au pouvoir. Le Figaro avait publié des lettres un peu compromettantes pour lui et le directeur du Figaro s’appelait Calmette et Madame Caillaux est venue dans le bureau de Calmette et l’a tué. J’arrive au Figaro, c’était en janvier 1974. L’huissier me dit il y a une dame qui demande à être reçue et me tend une carte de visite sur laquelle il y avait marqué Madame Joseph Caillaux. Elle est entrée et j’ai tout de suite reconnu Jean Dutourd déguisé en femme avec un pistolet à eau à la main ». Dans les années 1980, Jean Dutourd était l’académicien de service, au côté de Jean d’Ormesson.
Son combat pour l’avortement
L’intellectuel n’a jamais caché son intérêt pour l’égalité. Il a d’ailleurs soutenu Simone Veil dans son combat pour l’avortement. « Je ne supportais pas l’idée que seules les femmes riches, celles qui pouvaient aller se faire avorter en toute sécurité puissent avoir ce recours, il fallait une égalité sur ça », explique-t-il à Gala en 2015.
Son passage à l’Unesco
On ne s’en souvient pas, mais Jean d’Ormesson a fait tour à l’Unesco. Il est secrétaire général (1950-1992), puis président du Conseil international de philosophie et des sciences humaines. Il appartient parallèlement à plusieurs cabinets ministériels de 1958 à 1965. « Si je suis entré à l’Académie, si j’ai été directeur du Figaro et fait un semblant de carrière dans des organisations internationales comme l’Unesco, c’est pour obtenir le pardon de mon père », affirme-t-il sur Le Divan.