VIDEO. Les Rolling Stones à la U Arena: La salle de Nanterre va-t-elle bouleverser l'offre des spectacles à Paris?
SHOW MUST GO ON•La U Arena à Nanterre est inaugurée ce jeudi par un concert des Rolling Stones. Cette salle de la taille d’un stade va-t-elle entrer en concurrence avec le Stade de France et l’AccorHotels Arena ?….Floréal Hernandez
L'essentiel
- Pour son inauguration, la U Arena a tapé fort avec trois concerts des Rolling Stones les 19, 22 et 25 octobre.
- La salle dont la jauge varie de 17.000 à 40.000 places peut aussi bien accueillir des spectacles que les matchs de rugby du Racing 92.
Des rock stars aux allures de VRP. Les Rolling Stones assurent le premier concert de la nouvelle U Arena, ce jeudi à Nanterre. Plus de trente mille fans sont attendus. Et ils seront aussi nombreux pour les deux autres dates dans la nouvelle salle – « la plus grande d’Europe » – le 22 et le 25 octobre. Dans le public, on trouvera également de nombreux organisateurs de tournées curieux de voir comment la salle vit en concert. « Ils sont ébahis par le projet de la salle, assure Adrien Zannettacci, responsable partenariats de LiLiLo, société d’exploitation de la U Arena, et viennent examiner ce que ça donne. L’objectif de la U Arena, c’est d’attirer les blockbusters de la musique. En faisant venir les Rolling Stones, on montre ce qu’on peut faire ! »
Pour l’instant, les prochaines dates bookées de la U Arena – hors événements sportifs – sont Stars 80 le 2 décembre et Roger Waters le 8 juin. Soit des ex-vedettes françaises et un ex-Pink Floyd mais pas encore de Beyoncé ou de Bruno Mars. Ces stars internationales comme les grandes stars françaises étaient jusqu’à présent programmées au Stade de France ou à Bercy aka AccorHotels Arena. La U Arena rentre-t-elle en concurrence avec ces deux salles ?
La fin du monopole de Bercy
« Non, répond-on du côté du SDF par la voix de son directeur de la communication, Frédéric Souplet. Nos caractéristiques sont très différentes pour être concurrents. La jauge tout d’abord 80.000 places contre 40.000, et la saisonnalité, on n’organise des concerts que de juin à septembre au Stade de France. » L’enceinte de Saint-Denis – qui a accueilli neuf concerts en 2017, « un record » – accueille « avec bienveillance » la U Arena et estime son offre complémentaire à la sienne.
Ce que valide Matthias Leullier, directeur général adjoint de Live Nation. L’organisateur de concerts et de tournées – notamment Roger Waters mais aussi Drake ou Ed Sheeran – juge « la jauge de la U Arena comme intermédiaire entre le SDF et Bercy ». Il rappelle également que les stars internationales – solo ou groupe – font le choix de faire des tournées Arena ou stade. Pas de compétition donc entre les enceintes du 93 et du 92. Adrien Zannettacci souligne que l’Arena de Nanterre « a la taille d’un stade mais sans l’inconvénient des conditions climatiques ».
Par contre avec l’AccorHotels Arena – de 6.000 à 20.000 spectateurs –, la question se pose. « La U Arena peut être une alternative à Bercy, reconnaît Matthias Leullier. Un artiste qui a le potentiel de deux ou trois Bercy peut choisir de faire une ou deux dates à la U Arena. » Le dirigeant de Live Nation voit surtout la fin du monopole de Bercy à Paris. « En termes de planning, c’était compliqué. A la différence des autres grandes villes en Europe, Paris n’avait jusqu’à présent qu’une Arena. »
Pour la salle du 12e arrondissement, pas de compétition avec l’enceinte de Nanterre, son ouverture « élargit l’offre dans le divertissement en Ile-de-France ». « Nous sommes sur des créneaux différents, tant en termes de jauge que de programmation, nous n’accueillons pas un club en résidence (cf. Racing 92) », indique le service communication de l’AccorHotels Arena à 20 Minutes. Bercy met en avant son « expérience de 30 ans dans l’industrie du live » et son statut de seule salle intra-muros. « Salle mythique à Paris pour le sport et les concerts », la salle fraîchement rénovée souligne ses « plus de 120 dates confirmées à ce jour contre 40 prévues par an à l’U Arena. »
La U Arena « veut être un laboratoire de créations »
A la U Arena, on admet qu’en petite jauge – 17.000 places –, une concurrence existera avec Bercy. L’enceinte de Nanterre met en avant ses atouts pour séduire les organisateurs d’événements (spectacles, sport mais aussi congrès). « Une salle en ville, à côté du « Manhattan français » [La Défense] et des 200.000 personnes qui y travaillent, sur de nombreux axes de transport », énumère Adrien Zannettacci. Surtout la U Arena veut convaincre des artistes de venir y « créer un show propre à la salle ». « Les grandes tournées viennent avec des shows qui sont identiques à chaque salle. Là, on offre des possibilités de création qu’il n’y a pas ailleurs. On veut être un laboratoire de créations », poursuit le responsable partenariats de LiLiLo.
Si l’Arena est un U, c’est qu’elle a privilégié d’avoir un écran de 2.400 m2 plutôt qu’une quatrième tribune. De chaque côté, deux petits écrans de 160 m2. Tout autour de la salle, un LED ring (un anneau de LED) de 370 mètres. A cela, il faut ajouter 44 vidéoprojecteurs laser orientables qui pourront réaliser un mapping de 4.000 m2 sur le sol de la salle. Pour orchestrer tout ça, on retrouve les Québécois de Moment Factory connus pour avoir notamment travaillé sur les tournées de Madonna ou de Jay-Z et Justin Timberlake, ou les mi-temps du Super Bowl.
« On veut magnifier, sublimer différemment les manifestations de la salle, annonce Matei Georgescu, producteur et directeur de Moment Factory à Paris. On veut plonger les spectateurs dans une expérience immersive et conviviale du parvis à la salle. Dans notre coffre à outils, on a le système sonore, la vidéo, la connectivité très haut débit [15.000 connexions Wifi simultanées sont garanties par la U Arena]. »
Les spectateurs auront cette « expérience » lors d’événements organisés par la U Arena comme les matchs de rugby du Racing 92. Mais la salle aimerait donc les développer sur des concerts. « Pourquoi pas Mylène Farmer qui pourrait créer un spectacle en fonction de toutes les possibilités de la salle ? », lance Adrien Zannettacci.