Le retour du roi Tolkien en librairie
LIVRE•«Les enfants de Hurin», le roman posthume de l'écrivain du «Séigneur des anneaux» est publié aujourd'hui...Benjamin Chapon
L'auteur le plus lu du XXe siècle sort aujourd'hui un nouveau roman, trente-cinq ans après sa mort. Avec plusieurs mois de retard sur le Royaume-Uni et les Etats-Unis, où il est resté longtemps en tête des ventes, Les Enfants de Húrin de J.R.R. Tolkien arrive en France. L'opportunité pour ses fans de dévorer un nouvel épisode des légendes de la Terre du Milieu, et l'occasion pour les autres de redécouvrir un auteur majeur, méconnu malgré la notoriété de son Seigneur des anneaux, adapté au cinéma par Peter Jackson.
Né en 1892, J.R.R. Tolkien avait commencé à travailler à cette histoire dès 1919, après son retour des tranchées. Au cours de sa vie, il est revenu à plusieurs reprises, et de façon obsessionnelle, à ce conte. Il en a écrit et réécrit plusieurs fragments, en prose et en lais (poème lyrique), mais sans jamais pouvoir en achever le récit dans une version qui le satisfasse. Voilà un indice de l'intérêt que Tolkien accordait à cet épisode de l'histoire de la Terre du Milieu.
Après sa mort, l'écrivain a légué à son fils Christopher un gigantesque corpus de notes et de dessins. « L'oeuvre de Tolkien est un iceberg, explique Vincent Ferré, enseignant à Paris-XIII et spécialiste de l'auteur. A sa mort, en 1973, on n'avait accès qu'à une petite partie de ses écrits. Il a chargé son fils de les publier. Ce roman n'est certainement pas un inédit trouvé au fond d'un tiroir. Christopher est très respectueux des écrits de son père. Il a donc pris le temps de compiler et d'ordonner les différents segments d'une histoire éparpillée. Avant cette publication, seuls les lecteurs les plus motivés pouvaient reconstituer le puzzle de l'histoire de Húrin. » De l'aveu même de Christopher Tolkien, « la difficulté était d'imposer une structure narrative ferme » à l'ultime ouvrage de son père. Le résultat : une succession de malheurs, d'errements des héros et de combats contre un destin implacable, qui possède la force de récits historiques. « Tolkien est du côté d'Alexandre Dumas, estime Vincent Ferré. Il ne fait pas de la littérature d'évasion. Mais à travers des récits merveilleux, il nous parle de notre monde. »