Chronologie des médias: Le cinéma défend ses quatre mois d'exclusivité
CULTURE•Les exploitants de salle ne veulent pas bouger d'un pouce...20 Minutes avec AFP
Pas de négociation. Les exploitants de salle de cinéma ont défendu mercredi avec fermeté l’exclusivité de quatre mois dont ils disposent pour diffuser un film, alors que la chronologie des médias est de plus en plus questionnée.
« Notre durée d’exclusivité à quatre mois est intangible », a martelé Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) à l’occasion de son 72e congrès à Deauville.
Un rapport de la Commission culture du Sénat préconisait cet été de réduire cette fenêtre à trois mois et de modifier plus largement la chronologie des médias pour s’adapter aux nouveaux usages et lutter contre la piraterie.
Netflix et Amazon font exploser le modèle
Le système français prévoit qu’un film sorte d’abord au cinéma, quatre mois après en DVD ou en vidéo à la demande (VoD) et au bout de dix mois à la télévision. Il peut être diffusé sur une plateforme de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) 36 mois après sa sortie.
Mais certaines de ces plateformes, comme les américaines Netflix ou Amazon, viennent bousculer ces règles. Netflix a fait scandale au festival de Cannes en refusant de diffuser en salles le film Okja qu’il avait lui-même produit et voulait fournir sans délai à ses abonnés.
Pour la FNCF, il est exclu d’en demander plus aux cinémas, qui ont déjà vu leur durée d’exclusivité divisée par trois. « Nous avons été les seuls à avoir pris nos responsabilités, aux autres de le faire aujourd’hui », a-t-il lancé, en renvoyant la balle aux « télévisions et les nouveaux diffuseurs ».
Chronologie inchangée depuis 2009
La présidente du Centre national du cinéma (CNC), Frédérique Bredin, s’est voulue rassurante. « S’agissant des salles, nous partageons les mêmes convictions », a-t-elle dit. Pour autant, elle a défendu l’idée d’une révision de la chronologie des médias, inchangée depuis 2009. « On ne peut pas rester immobile dans un monde qui a tellement bougé », a-t-elle averti, visant le secteur dans son ensemble. « Les professionnels doivent trouver très rapidement, dans les six mois, les voies d’un accord, faute de quoi les pouvoirs publics (…) prendront leurs responsabilités ».
La présidente du CNC a reconnu que l’essentiel des débats porte davantage « sur la durée des fenêtres des chaînes de télévision » et les plateformes numériques.
Pour autant, un point concerne les cinémas : les « films qui ne trouvent pas leur public en salle », a-t-elle rappelé. Une dérogation existe à la règle des quatre mois pour les films faisant peu d’entrées et retirés rapidement de l’affiche. Dans les faits, elle est peu utilisée. « Un quart des films pourrait prétendre à cette dérogation et cela ne se produit pas », selon Catherine Morin-Desailly, présidente de la commission culture au Sénat.