MUSIQUEFestival: Faut-il détester Live Nation et Lollapalooza?

Festival: Faut-il détester Live Nation et Lollapalooza?

MUSIQUEParis accueille les 22 et 23 juillet la première édition française du festival Lollapalooza…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

L'essentiel

  • Le festival Lollapalooza a lieu pour la première fois à Paris.
  • Certains festivals sont inquiets de cette nouvelle concurrence.
  • Live Nation se défend de vouloir asphyxier ses concurrents.

Au mieux qualifié de « mastodonte » au pire de « vampire » par ses concurrents, le géant de l’organisation de concerts Live Nation fête le huitième anniversaire de son arrivée en France avec la première édition du Lollapalooza Paris. Le festival, marque internationale déjà déclinée à Chicago, São Paulo, Buenos Aires et Berlin, accueillera plusieurs stars de la musique internationale comme Lana del Rey, The Weeknd ou Red Hot Chili Peppers. Il y aura aussi des Français comme IAM ou La Femme.

Ces deux groupes ont la particularité de faire partie intégrante de l’écurie Live Nation qui organise tous leurs concerts.Live Nation a construit son hégémonie en maîtrisant chaque aspect de la chaîne de production des spectacles. La société possède des salles de concerts dans le monde entier, des festivals, des exclusivités avec les plus grands artistes… A Lollapalooza, rien, du merchandising aux stands de boissons, n’est externalisé. Live Nation maîtrise tout sur son événement.

Paris au centre du monde

« On attendait ce moment-là depuis 8 ans, c’est l’aboutissement de tout notre travail, s’enthousiasme Angelo Gopee, directeur général de Live Nation France. Dès le début on a voulu avoir notre festival. Le Main Square à Arras, on l’a racheté. Le Download Festival est moins grand public. Là, avec Lollapalooza Paris on a enfin un festival parisien avec un retentissement mondial. On a mis Paris sur la carte mondiale des festivals. »

Angelo Gopee balaye les interrogations sur un possible trop-plein de festivals parisiens avec Solidays, Rock en Seine ou encore We Love Green. « Je ne comprends pas cet état d’esprit. Il n’y a pas de concurrence parce qu’on a tous le même objectif : faire venir le maximum d’artistes en France. Avec Lollapalooza on fait venir des pointures internationales qui ne seraient pas venues sans nous. Franchement, le monde entier sera là. Il n’y a pas d’autre festival au rayonnement international ce week-end. Tout le monde attend de voir ce dont on est capable. C’est une date cruciale pour nous. »

« La musique change »

Observé avec défiance par de nombreux acteurs de la musique, Live Nation a les atours du groupe américain tout-puissant venu bouleverser les habitudes d’un secteur en crise. « Quand on fait les choses différemment des autres, on est toujours au centre de l’attention, relativise Angelo Gopee. On a une vision du business qui en choque certains mais tant pis pour eux. La musique change, les artistes sont de plus en plus indépendants. Nous nous adaptons à ça. Notre vision, c’est de donner plus de moyens pour les performances des artistes. Nous ne sommes pas des ogres. On n’a racheté personne. Personne n’a mis la clé sous la porte à cause de nous. Au contraire, avec nos événements, on booste le tourisme parisien comme jamais. »

Au moment de pointer les responsabilités pour une édition moins prolifique que la précédente, les responsables de Solidays n’ont pas hésité viser le nouveau venu Lollapalloza plutôt que, par exemple, le Fnac Live Festival, événement gratuit ayant eu lieu une semaine après Solidays. De même, il y a une forme de solidarité des acteurs du secteur autour de Rock en Seine, alors que le festival qui fête cette année ses 14 ans, a été racheté par Matthieu Pigasse et AEG, autre géant américain des organisations de spectacle et propriétaire de nombreuses salles dont l’Accorhotels Arena à Paris.

Les petits artisans contre le gros industriel

Live Nation, et son émanation la plus symbolique Lollapalooza, payent une mauvaise image héritée des années où la société signait des contrats faramineux à tour de bras avec les stars de la musique alors que les maisons de disques étaient au pire de leur crise. Ex-patron repenti d’Universal, Pascal Nègre travaille aujourd’hui étroitement avec Live Nation au travers de sa société de management d’artistes, NP. « Il n’y a pas de différences fondamentales entre Live Nation et d’autres acteurs si ce n’est la surface financière, explique un ancien directeur de festival. L’animosité à l’égard de Lollapalooza vient du fait que beaucoup de gens, dans le monde de la musique, aiment se faire passer pour des artisans passionnés et ont pour cela besoin de méchants capitalistes sans scrupule à pointer du doigt. Mais le public se fout un peu de tout ça. »

Le public justement, verra-t-il, une différence concrète entre Lollapalooza et Rock en Seine, par exemple ? Parmi les données objectives, il y a le prix, bien plus élevé pour Lollapalooza. Pour le reste, il faudra attendre de voir pour juger de la qualité de l’accueil des festivaliers et des concerts. Sur le papier, et si on pense à la version berlinoise du festival, Lollapalooza est très excitant. « On est là pour s’inscrire dans la durée, annonce Angelo Gopee. Chaque année nous proposerons des artistes internationaux incroyables. Et on parlera d’eux, et pas de Live Nation. »