JEU VIDÉO«Destiny, «Call of Duty», «DBZ»... C'est quoi la bêta d'un jeu vidéo?

«Destiny», «Call of Duty», «Dragon Ball»... C'est quoi la version bêta d'un jeu vidéo?

JEU VIDÉOEntre phase de test, accès privilégié et outil de marketing, elles sont devenues un incontournable du jeu vidéo, mais quid des versions alpha et bêta?….
V. J.

V. J.

Si le jeu sort officiellement le 6 septembre prochain, les joueurs peuvent jouer à Destiny 2 depuis mardi pour ceux qui l’ont précommandé, et dès jeudi pour tous les autres, ce jusqu’au 23 juillet. Enfin, en partie, en version bêta. Ces phases de bêta sont devenues, en dix ans, des étapes incontournables d’un jeu vidéo, presque des lieux communs. Ainsi, après Destiny 2, suivront les bêta de PES 2018 (fin juillet), Call of Duty : WWII (25-28 août sur PS4, puis 1-4 septembre sur PS4 et Xbox One), Star Wars : Battlefront 2 (6-8 octobre) ou encore Dragon Ball FighterZ (inscription le 26 juillet). Mais c’est quoi une version alpha ou bêta exactement, et qui peut y jouer ?

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Alpha, bêta, gamma ?

« Les termes alpha et bêta sont issus de l’ingénierie traditionnelle, rappelle Ivan Gaudé, cofondateur de Canard PC. Il s’agit tout simplement de différentes étapes de production, elles sont incontournables et suivent les avancées d’un produit. L’alpha est la version où les trois, quatre ou dix fonctionnalités indispensables sont présentes, une sorte de "proof of concept". La bêta, elle, propose toutes les fonctionnalités, et a pour but de corriger les bugs. » L’industrie du jeu vidéo reprend cette définition et ces étapes, « mais il faut savoir que tout est écrit dans le contrat que le développeur a avec l’éditeur, précise le journaliste, puisque chaque version déclenche un versement. »

Tous les joueurs sont-ils des bêta-testeurs en puissance ?

Ce qui a changé, c’est que ces versions longtemps internes aux studios sont devenues publiques, une évolution liée à la dématérialisation du contenu et à la gestion des droits. « Avant, il fallait presser des CD, les envoyer et prendre le risque qu’ils soient copiés, raconte Ivan Gaudé. Les journalistes étaient ainsi parmi les rares bêta-testeurs. » Aujourd’hui, chaque joueur peut devenir bêta-testeur, même si le cadre s’est adapté au marché, avec des bêta publique, privée, voire payante.

La possibilité de tester un jeu avant de l’acheter ?

Pour les YouTubeurs Arnaud et Charline de ZombiesFaktory, une bêta publique est avant tout la possibilité de prendre un jeu en main, de le tester, avant de l’acheter : « Tu en as pour 5-6 heures de jeu, soit 15 % du total, souvent les premières missions ». Anciens joueurs et YouTubeurs de Call of Duty, surtout du mode zombies, ils ont été tirés au sort pour participer à l’alpha de Destiny premier du nom, et ne l’ont plus lâché depuis. Si Destiny 2 n’a pas eu de phase alpha officielle, Arnaud et Charline ont été invités par l’éditeur Activision à découvrir le jeu en mai : « Une sorte d’alpha ultra-privée. »

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La bêta publique, surtout pour les jeux multijoueurs, permet « de tester les infrastructures, que les réseaux tiennent le coup », explique Ivan Gaudé. Mais c’est aussi une question d’équilibrage, « il ne faudrait pas par exemple qu’une arme soit trop puissante et prenne le dessus sur les autres », ajoute le duo de Zombies Faktory. La bêta privée, elle, donne un accès en avant-première à la bêta publique et est réservée à un cercle de privilégiés, en fait ceux achètent le jeu en précommande.

Un argument marketing ?

« Les bêta sont également devenues un argument marketing comme les autres, éclaire le cofondateur de Canard PC. On ne compte plus les bêta payantes, aussi appelés "early access". Minecraft est l’exemple le plus connu et le plus partant : son développeur l’a mis en alpha payante, à 9,99€, une semaine apès sa création, puis en bêta à 14,99€ et enfin en version définitive à 19,99€. Tout le monde s’est engouffré dans la brèche, tout le monde voulait son Minecraft. » Avec l’avènement de la plate-forme de distribution Steam, les indépendants ont trouvé une manière de développer au long cours, et une alternative au financement participatif. Mais certains ont voulu profiter de la situation.

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Ivan Gaudé ne comprend ainsi pas que de gros éditeurs se mettent aux bêta payantes, ils n’en ont pas besoin : « Ubisoft vient d’annuler la sortie de Might & Magic Showdown, qui était en bêta payante et qui avait coûté 20€ aux joueurs. Ils proposent le remboursement à "ceux qui l’estiment justifié", mais ne leur laisse que jusqu’à la fin du mois. C’est pourtant possible de rembourser tout le monde, d’un simple clic, mais le but est de faire des économies de bouts de ficelles. » 5.000 joueurs seraient concernés, et ceci explique peut-être cela : le jeu n’a pas rencontré l’engouement prévu.

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La relation joueur-développeur ?

Si une bêta est l’occasion pour le joueur de jouer, et pour l’éditeur de déjà gagner de l’argent, il ne faut pas oublier, pour en revenir à sa définition première, qu’il s’agit de tester le produit auprès du consommateur. « Les développeurs n’attendent pas forcément un retour des joueurs, explique le journaliste. Ils ont accès à une tonne de data en temps réel, ils savent quelle arme est utilisée quand, par qui et depuis combien de temps. » Ça, c’est pour le quantitatif, car le qualitatif est aussi bien sûr pris en compte. Arnaud, Charline et les autres fans de Destiny utilisent les forums pour s’exprimer, et râler quand il le faut. « Il n’existait pas de section française sur les forums officiels de Destiny, ajoute Charline, mais la communauté s’est mobilisée et a obtenu gain de cause. » Les développeurs vont aussi de plus en plus sur les chaînes des streamers et influenceurs.

« Certains joueurs sont très actifs, très investis, conclut Ivan Gaudé. Surtout avec les jeux et les équipes qui vont dans le bon sens, développent des jeux différents, originaux. Le studio français Amplitude (Endless Space) a par exemple mis en place un vrai lien avec sa communauté, et développé des outils spécifiques pour elle, à l’instar de la plate-forme de co-création Game2Gether. » Du jeu, du nous.