SERIE D'ETESummer of Love» 1967-2017: Le Peacock digne héritier de Monterey?

«Summer of Love» 1967-2017: The Peacock Society digne héritier du festival de Monterey?

SERIE D'ETEA l’occasion des 50 ans du «Summer of Love» et du festival de Monterey, «20 Minutes» est parti à la recherche d’«amour», de «paix», et de «célébration de la vie» dans un festival de musique électronique…
Clio Weickert et Romain Lescurieux

Clio Weickert et Romain Lescurieux

L'essentiel

  • A la radio, sur les maillots de bain, dans des pubs ou à l’affiche de festivals… Le « Summer of Love » sera PARTOUT cet été à l’occasion des 50 ans du mouvement.
  • Cette récupération mercantile ne rend cependant pas hommage à l’esprit du mouvement. 20 Minutes veut croire à un nouvel « été de l’amour » possible et va partir à la recherche de l’esprit du Summer 67 dans le monde de 2017.
  • Ce quatrième épisode de notre série vous emmène dans une quête des valeurs de la communauté hippie dans un festival électro.

«La musique reflète les nouveaux bohèmes rebelles, leur Art Nouveau et leur mode vestimentaire farfelu et dans le vent (…) Parallèlement au rythme régulier lourd qui relève de celui du marteau-pilon qui jaillit de manière assourdissante, des six haut-parleurs, des lumières stroboscopiques aveuglantes s’éclairent de manière synchrone avec la musique. Les murs sont inondés d’images projetées qui ressemblent à des amibes ondulant au milieu de taches de couleur palpitantes ». Fin de citation. Bienvenue à toutes et à tous dans la matrice.



« The Love Crowd »

Contrairement aux apparences, les quelques lignes ci-dessus ne sont pas extraites du compte rendu d’un énième rassemblement électro du 21e siècle, à Berlin ou Paris, mais d’un article du Time dépeignant avec fougue et ravissement, le festival de Monterey… en 1967. Ces trois jours durant lesquelles des milliers de jeunes avides d’amour, de vibrations, de trips et de bons sons, communièrent au rythme des guitares d' Hendrix et des envolées de sitar de Ravi Shankar.

Deux jeunes hippies à Monterey en 1967
Deux jeunes hippies à Monterey en 1967 - AP/SIPA

Le premier festival open air, qui comme l’explique Frédéric Robert, auteur de La révolution hippie, « rassembla près de 200 000 personnes et est considéré comme point de départ du « Summer of Love », reflétant parfaitement les valeurs de la communauté hippie : amour, fraternité, tolérance, entraide et vie communautaire dans une ambiance musicale. En raison de son succès, il influença l’organisation d’autres grands rassemblements de ce style, dont, bien évidemment, le concert de Woodstock » et même par certains points, jusqu’à aujourd’hui. Et c’est bien cela qui nous intéresse : communier avec notre génération sur du Procol Harum, à la sauce 2017.

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Cinquante ans plus tard, à l’occasion du jubilé du « Summer of Love », 20 Minutes tente en effet de raviver « l’été de l’amour », son insouciance et sa liberté. Durant une nuit, nous nous sommes plongés parmi les festivaliers du Peacock Society pour voir si les fans d’électro et de techno, pouvaient être les dignes héritiers des jeunes aux cheveux longs de Monterey baptisés « The Love Crowd ». Eux, qui tentaient de franchir les « portes de la perception », les pieds dans l’herbe, grâce notamment à la défonce.

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« Dès le vendredi, c’est électrique, il y a une énergie, un esprit fédérateur. Le samedi c’est plus smooth. Mais globalement, on veut un esprit de communion et que les gens passent un moment tous ensemble, au début avec leurs potes, puis avec d’autres personnes, les artistes etc. On veut transmettre un supplément d’âme », nous prévenait l’organisateur de l’événement, Alexandre Jaillon, le boss du Peacock. Là, on se dit qu’on est sur la bonne voie.



Fraternité

Stan Smith aux pieds, iPhone en mains, antihistaminique dans la poche (contre le rhume des foins) nous nous sommes donc rendus à ce qui est désormais l’un des rassemblements phares de l’électro, avec une idée en tête, tenter de retrouver les valeurs que portaient nos ancêtres en 1967. Et nous n’avons pas été déçus. Car cette jeunesse dépeinte comme individualiste, égoïste, déprimée, fataliste, matérialiste, (bla-bla-bla)ici et , n’en est pas moins fraternelle. « La techno, c’est perso, mais finalement cette somme d’individus forme un collectif », analyse peu avant 23 heures, un jeune festivalier, venu en bande pour profiter de la nuit. Notre voisin de table et de pichet, débite : « C’est l’amour avec ses sauces, c’est cosmique, je ne suis pas seul ».

L'un des coins «chill» du festival Peacock Society
L'un des coins «chill» du festival Peacock Society  - R.LESCURIEUX

Et prise de drogue ou non, beaucoup d’entre eux semblent réunis ici pour communier avec leurs « sauces ». Et à la question, comment profiter de la vie à 200 % en 2017, les réponses fusent. « Etre toi-même, c’est la chose la plus incroyable du monde. Après, sois avec tes potes, profite d’eux au maximum. Et enfin il faut rencontrer des gens », explique Hugo, 24 ans, non loin des pissotières. Un endroit d’intense réflexion en communauté.



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« Profiter de la vie c’est être libre et profiter de l’instant présent, faire ce qu’on aime, avoir des amis, rencontrer de nouvelles personnes et la découverte de manière générale. Ce soir, on vient entre potes, se marrer. Car si on ne se marre pas, ça sert à rien », réagit Clément 25 ans, veste en jean. Question fraternité, nos grands-pères les hippies seraient fiers de nous, non ?

Tolérance

Et quid de la tolérance ? « Tout le monde a le sourire ici. Il fait chaud, il fait beau. C’est cool. Il y a un esprit familial, fédérateur. C’est très ouvert. Je viens pour le son et pour rencontrer différentes catégories de personnes : ceux qui kiffent le son underground, ceux qui préfèrent chiller etc. », estime Camille, 19 ans. Un point rassurant, les fans d’électro ne sont pas des tyrans. Mais hormis la tolérance à chiller ou non, certains n’hésitent pas à sortir les grands et beaux discours.

Les enfants de la Peacock sont-ils les dignes héritiers des festivaliers de Monterey?
Les enfants de la Peacock sont-ils les dignes héritiers des festivaliers de Monterey? - C.WEICKERT

« On est des putains de fils de bourgeois, on sort, on claque de la tune, on se marre. OK on travaille. Mais il faut aussi penser aux gens qui traversent la mer tous les jours. Et eux, je leur souhaite de trouver le summer of love. On doit tous les accueillir », lance Hugo. Et en vrai, penser à ça à deux grammes, c’est beau.

Amour

Enfin, que reste-t-il de l’amour ? Si on sait déjà quel’amour court les rues, l’amour en festival ça existe toujours ? « A partir du moment où le soleil brille, c’est l’été de l’amour. Le soleil est un point de ralliement, c’est le rassemblement. A partir du moment où il y a de la chaleur il y a du plaisir. Ici, on est dehors, c’est le mélange, c’est la vie et c’est chaleureux », analyse Clément, 25 ans. Devant l’une des scènes, la foule se fait de plus en compacte, stimulée à la moindre vibration de basse. Nous aussi.

Les festivaliers devant le set de Carl Craig
Les festivaliers devant le set de Carl Craig - R.LESCURIEUX