La bande dessinée est l’un des premiers médiums à avoir compris combien les réseaux sociaux pouvaient lui être bénéfiques. Mais si l’on trouve beaucoup d’illustrations, de récits courts, de turbomédia et d’hommages dessinés sur Facebook, Twitter, Instagram et consorts, personne n’y avait jamais publié d’histoire longue.

Ce sera bientôt chose faite grâce au projet Été, initié par les productions Bigger Than Fiction et Arte France (qui s’était déjà aventurée sur le terrain de la BD numérique avec Professeur Cyclope et À l’ombre du mur).

Bénéficier des atouts techniques d’Instagram

Co-écrit par Thomas Cadène, Camille Duvelleroy et Joseph Safieddine et intégralement dessiné par Erwann Surcouf, Été est donc diffusé sur Instagram depuis le 29 juin (et le sera jusqu’au 27 août) et exploite tous les outils du réseau social : chaque épisode quotidien peut être parcouru case par case, dans sa timeline, ou via des stories, c’est-à-dire en mode de lecture automatisé ; certains bénéficient d’ambiances sonores, les images sont statiques ou, parfois, animées, et le smartphone sur lequel la série est lue peut même géolocaliser certains lieux, réels, dans lesquels se déroule le récit.

Il y est question d’un pari - déraisonnable - que se lancent Olivia et Abel, deux trentenaires très amoureux l’un(e) de l’autre et qui projettent de se mettre en couple : avant de durablement s’engager, tous deux décident de se séparer durant l’été et d’en profiter pour se tester en se prêtant au jeu du « 10 choses que je veux faire avant de… ». Conscients que les tentations seront légion, Abel et Olivia se lancent après s’être posé cette question essentielle : « notre relation résistera-t-elle à cette parenthèse ? »

À peine lancée, la série fait un carton

Outre sa forme ambitieuse et inédite, « Été » est un projet captivant à plus d’un titre : « La série relève de l’expérimentation, précise Thomas Cadène à 20 Minutes. Ce genre de projet n’a jamais été réalisé avec une telle ampleur – un rendez-vous quotidien qui dure deux mois, avec à chaque fois un épisode de plusieurs cases. Du coup, on ne sait vraiment pas si des gens vont être prêts à le suivre avec l’assiduité qu’exige un récit au long cours. » On le rassure, le succès est au rendez-vous puisque 3 jours après son lancement officiel, la série compte déjà près de 40.000 abonnés !

Instagram ne prend pas de vacances

Mais pourquoi avoir choisi pour support Instagram et ses 700 millions d’utilisateurs plutôt que Facebook, par exemple, qui est infiniment plus populaire avec plus de deux milliards d’abonnés ? « Pour deux raisons essentielles, justifie l’auteur. La première, c’est que c’est vraiment le réseau social de l’image ; la seconde, c’est qu’il s’agit d’un des seuls réseaux sociaux qui ne subisse pas de baisse de fréquentation en été puisque les gens y postent leurs photos de voyages, de vacances etc. Facebook ou Twitter, par exemple, sont moins suivis durant cette période. »

Marchera, marchera pas ? Rendez-vous est pris en septembre prochain, à l’occasion de la publication du récit complet en album (aux éditions Delcourt), pour dresser un bilan de cette expérience audacieuse, novatrice, et qui, on l’espère, inspirera de nombreux autres auteurs. Car la BD a tout à gagner à s’épanouir sur des supports qui, s’ils sont aujourd’hui encore un peu marginaux, deviendront incontournables demain.

« Été », à lire jusqu’au 27 août sur Instagram/compte @ete-Arte