MyMajorCompany, un label sur le Net qui n'enterre pas les majors
MUSIQUE – Interview de Simon Istolainen, co-fondateur de MyMajorCompany...LB et AA
Alors que le Midem (Marché international de la musique) s'ouvre à Cannes, et que les ventes de musique en France tous supports confondus (physiques et numériques) ont baissé de 17% sur l'année 2007, représentant aujourd'hui un marché d’un peu moins de 800 millions d’euros, de nouveaux modèles économiques pour vendre de la musique font leur apparition sur le web. Parmi ceux-ci, MyMajorCompany, un label communautaire de musique sur Internet. MyMajorCompany permet aux internautes de devenir producteur des artistes mis en ligne sur le site en achetant des parts sur son prochain album. Interview de l’un des co-fondateurs du projet, Simon Istolainen, 24 ans.
Comment fonctionne MyMajorCompany?
Chaque artiste a un capital de 7.000 parts de 10 euros, un internaute peut miser sur lui, en achetant jusqu’à 700 parts. Quand l’artiste atteint les 70.000 euros (auxquels s’ajoutent 30.000 euros des éditeurs, aides de la SPPF dont on bénéficie en tant que label indépendant), nous le prenons en charge, depuis l’enregistrement de l’album jusqu’au produit fini (le CD) en passant par le travail de l’image, la réalisation de clips, la création de sites web, la promotion de l’artiste avec des attachés de presse ou encore l’aspect marketing avec l’achat d’espaces publicitaires…
Vous vous constituez comme label numérique et conservez pourtant le support physique du CD. N’est-ce pas paradoxal?
Les disques génèrent encore la majorité du chiffre d’affaires de l’industrie musicale. Promettre aux internautes de faire du chiffre sans support physique, ce serait une illusion. Même en étant sur le Net, nous collaborons avec les majors pour ce qui est de la fabrication du CD, du pressage, du travail commercial auprès des détaillants et de l’achat d’espaces de pub dans le métro dont nous ne souhaitions pas nous occuper. Nous avons encore besoin de la force de ventes des majors mais attention, ce sont des partenaires commerciaux, pas des investisseurs.
Quel genre d’artistes recherchez-vous?
Nous fonctionnons par coup de cœur. Les artistes doivent être des professionnels. Six sur sept d'entre eux sont auteurs compositeurs, ils ont déjà une maquette à proposer. Le one-shot ne nous intéresse pas. Les artistes doivent avoir un vrai potentiel de carrière, plutôt «populaire», et pouvoir générer des ventes.
Quels avantages peut avoir un artiste à être signé chez MyMajorCompany?
Il a moins de pression que dans une maison de disques traditionnelle. Globalement, nous pouvons prendre plus de risques alors que, par exemple, les majors signent rarement les artistes français qui chantent en anglais. Une fois son album produit, il touchera une fois et demie à deux fois plus sur les bénéfices des ventes de l’album (après marge de distribution) que ce qu’il touche actuellement dans une major.
Et les internautes?
Ils touchent 30% au pro rata des parts qu’ils ont investies sur l’artiste. Il s'agit vraiment d’impliquer l’internaute dans le parcours de l’artiste, du travail que ça demande. Le public sait qu'en achetant un CD MyMajorCompany, l’argent revient à l’artiste…