Quand le Festival prend une tournure engagée. Samedi 20 mai, à l’occasion de la montée des marches de 120 battements par minute, les membres du jury de la Queer Palm venus assister au film ont tenu à faire passer un message. Ce prix indépendant récompense un film de la sélection cannoise évoquant le mieux l’homosexualité. Alignés, les membres du jury ont sorti des pancartes qu’ils ont tenues sans bouger devant les objectifs des photographes pendant de longues minutes. Sur celles-ci, un triangle rose sur un fond noir et en dessous des messages : « assez », « silence = mort », « plus jamais », ou encore « Tchétchénie ».

Ces pancartes dénoncent les exactions commises à l’encontre des homosexuels en Tchétchénie. Tortures, enlèvement, assassinat… À cause de leur orientation sexuelle, des centaines de Tchétchènes sont victimes d’une véritable purge.

« Il faut la pression des gens »

Un sujet auquel le réalisateur de 120 battements par minute, Robin Campillo, est particulièrement sensible. Son film, une comédie dramatique, retrace le combat des militants de l’association Act Up au début des années 90, pour rendre visibles les ravages du sida. « J’espère que des films comme celui-là vont aider à démontrer que pour que les politiques agissent, il faut la pression des gens », a déclaré le réalisateur, ancien membre d’Act Up, lors d’une conférence de presse plus tôt dans la journée.

Ce n’est pas la première fois que des personnes profitent de l’ultra médiatisé Festival de Cannes pour faire passer des messages. L’année dernière, l’équipe du film Aquarius avait dénoncé le « coup d’État » au Brésil, alors que le scandale Dilma Rousseff battait son plein.