Festival de Cannes: «Very French», «splendida» Bellucci... Les médias étrangers parlent de la cérémonie d'ouverture
REVUE DE PRESSE•Un baiser, la sécurité et le désamour d’Almodóvar pour Netflix… Voici ce que le coup d’envoi du Festival a inspiré à nos confrères…F.R.
Avec notre regard français, la cérémonie d’ouverture du 70e Festival de Cannes nous a semblé efficace, avec un relativement bon équilibre entre exigences protocolaires et touches d’originalité. Notre mémoire retiendra peut-être la reprise du Cinéma de Claude Nougaro par Louane et Benjamin Biolay, mais plus sûrement le baiser fougueux échangé par Monica Bellucci et Alex Lutz sur les notes de Piensa en Mi. Mais comment ces trois quarts d’heure ont-ils été perçus par des yeux étrangers ? C’est ce qu’on a tenté de découvrir via une petite revue de presse. Constat : Louane et Benjamin Biolay n’ont pas bouleversé les mélomanes hors de nos frontières…
- Les Etats-Unis s’emballent sur le « french kiss »
« Voilà donc comment on lance une cérémonie en France ! », s’exclame People.com dans son compte rendu titré « La star de Matrix, Monica Bellucci donne le coup d’envoi du Festival de Cannes avec un roulage de pelle très français ». Le tout, illustré par la fameuse photo, également choisie par une foule d’autres médias autour du globe, du baiser langoureux qu’elle a échangé avec Alex Lutz. Le Daily Express titre en majuscules sur « l’EMBRASSADE passionnée » et rappelle au tournant que la comédienne a 52 ans. Certes, c’est une habitude outre-Manche de préciser l’âge des personnes citées dans un article, il n’empêche, pour l’élégance, on repassera. Et de raconter comment elle a agrippé l’acteur français de 38 ans par les cheveux. « Le duo a laissé peu de place à l’imagination durant leur badinerie ».
Tabloïd oblige, les histoires de téton ont aussi pris le pas sur le cinéma dans ce média britannique. Même traitement dans le Daily Star qui, même s’il écrit qu’elle est « l’une des actrices les plus sexy » pousse la goujaterie jusqu’à souligner que Monica Bellucci a été la James Bond girl la plus vieille de l’histoire. La presse spécialisée anglophone qui couvre le festival fait beaucoup moins de cas du baiser… Variety, par exemple, évoque davantage le discours de la maîtresse de cérémonie - « qui a agité le drapeau de l’expression artistique » - et celui de Pedro Almodóvar, le président du jury, ainsi que l’important dispositif de sécurité qui encadre l’événement. La dépêche du journaliste cinéma de l’Associated Press évacue en deux lignes la cérémonie d’ouverture, est se concentre sur la polémique Netflix qui divise Pedro Almodóvar et Netflix et, là encore, les mesures de sécurité « qui provoquent de légers retards » dans l’organisation.
- L’Italie applaudit LA Bellucci
De l’autre côté des Alpes, le bacio entre Monica Bellucci et Alex Lutz a été remarqué. Plusieurs médias italiens ont sorti leurs dictionnaires de superlatifs… Pour Il Mattino, la maîtresse de cérémonie était « monumentale » dans sa robe bleue tandis que Sky Mag la qualifie de « femme fatale » (en français dans le texte), « capable de réchauffer l’atmosphère dès les premières secondes de l’événement. » Fière de sa compatriote splendida, dixit Lo Spettacolo, la presse italienne souligne aussi la dimension politique des discours de la cérémonie d’ouverture. « Le nom de Donald Trump n’a jamais été cité, mais son fantôme, était bien présent », glisse amica.it en référence notamment aux propos du réalisateur iranien Asghar Farhadi : « Cannes est un îlot paisible tandis qu’ailleurs dans le monde, la xénophobie ne cesse de progresser. » Pour l’anecdote, signalons que plusieurs articles italiens, à l’image du Giornale di Sicilia, parlent aussi de Charlotte Gainsbourg, très populaire aussi chez nos voisins, qui a fait sensation avec sa minijupe.
- L’Espagne prend Almodóvar au sérieux
On a cherché des comptes rendus de la cérémonie d’ouverture sur les sites des principaux médias espagnols, on en est revenus bredouilles. Visiblement, que Monica Bellucci et Alex Lutz aient rendu hommage à Pedro Almodóvar en dansant – et donc en s’embrassant - sur le Piensa en Mi extrait de Talons aiguilles ne les a pas émus plus que ça. Qu’un montage des films du réalisateur espagnol ait été diffusé ne semble pas avoir non plus nourri leur chauvinisme… La presse ibérique, comme ABC, s’intéresse surtout au Festival et à Almodóvar mais préfère évoquer son rôle de président du jury ou son point de vue sur Netflix. Aucune trace non plus de l’exubérance vestimentaire de l’Espagnole, Victoria Abril…