BD«Giant days» dédramatise les tracas de l'adolescence

Découvrez en avant-première «Giant days», le comics sur trois ados sans tabou qui cartonne aux Etats-Unis

BDLes éditions Akileos et 20 Minutes vous présentent les premières pages d'un des comics les plus prometteurs du moment…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

Elles sont jeunes, belles (surtout la brune) et super péchues (sauf la brune, qui collectionne un peu les galères). Elles, ce ne sont pas les Drôles de dames mais le trio d’ados héroïnes de Giant Days, un comics un peu barré qui nous réconcilie avec les « teen stories ». En tout cas, à 20 Minutes, on adore Esther (la brune), Susan et Daisy.
On vous les présente ? C’est parti avec les neuf premières pages de leurs aventures !

Issue d’un webcomic, la série Giant days fait actuellement un gros carton aux États-Unis puisque chaque nouveau numéro (la parution est hebdomadaire) se vend à plusieurs milliers d’exemplaires. C’est d’autant plus remarquable que ce comics ne met pas en scène de super-héros musculeux en collants moulants, mais trois adolescentes pas méga glamours à qui arrivent des (més) aventures relativement ordinaires. Mmm… alors qu’est-ce qui explique que le public - nous compris - les aime autant ?


Des filles qui n’ont pas la langue dans la poche

Susan, la réaliste, Esther, l’aimant à galères et Daisy, la candide, ont une relation et des échanges « franco de port » : elles peuvent s’adorer à 15 heures et se détester dix minutes plus tard, se balancer des blagues à deux balles avant de se faire des confidences intimes. L’ensemble des dialogues sonne, du coup, très juste, et nonobstant quelques (rares) références typiquement anglo-saxonnes, il est très facile de s’identifier à l’une d’entre elles. Ce tour de force est à mettre au crédit du scénariste anglais John Allison, qui commence à avoir un vrai savoir-faire en la matière puisque toutes ses séries (Bobbins, Scary Go Round, Bad Machinery et Giant days) s’articulent autour de la vie d’ados et de jeunes adultes.


« Les tabous, on s’en fout ! »

En coloc à la fac anglaise de Sheffield, les trois héroïnes de Giant days font face, dans ce premier volume, à une épidémie de grippe et des dragueurs super-lourds ; mais ces aléas ne sont que des prétextes pour aborder ces thèmes plus « sérieux » que sont la drogue, l’alcool, le sexe (on remarque, par exemple, des allusions à la masturbation et à l’homosexualité)… des préoccupations universellement partagées par les jeunes de l’âge d’Esther, Daisy et Susan, finalement, et dont le traitement renforce l’impression de justesse du récit.


Du franco-belge made in USA

Pop et coloré, le dessin de l’américaine Lissa Treiman - qui effectue ici ses premiers pas en BD - est très loin des canons du comics made in usa. Il s’apparenterait même plutôt à notre bonne vieille BD franco-belge, tendance « cartoony » (ce qui paraît normal vu que Lissa a travaillé, au sein des studios Disney, sur les films d’animation Les Mondes de Ralph et Les Nouveaux Héros). Ça rend indéniablement la série plus accessible et ça confère davantage de fraîcheur à un titre qui n’en manque pourtant pas.


Un titre qui ratisse (très) large

Rigolote et très ancrée dans note contemporanéité, Giant days s’adresse d’abord à un lectorat de - plus ou moins - l’âge de ses héroïnes. En ce sens, la série rappelle d’ailleurs Skins, une de ses consœurs télévisées, qui relatait pareillement le quotidien d’ados britanniques et leur apprentissage de la vie de jeunes adultes (et abordait aussi leur relation à la drogue, la sexualité, voire à la religion). Mais sa pertinence, son audace et son humour séduiront également d’autres générations de lecteurs, moins directement « concernées » mais tout autant diverties.

« Giant days » t1, de John Allison & Lissa Treiman - éditions Akileos, 10 euros
En vente le 8 juin 2017