Eurovision: On a bu des pintes avec des fans australiens (ils méritent de participer)
REPORTAGE•Alors que l’Australie participe au concours depuis 2015, «20 Minutes» est allé à la rencontre de ces fans pas comme les autres qui ont fait 24 heures d’avion pour venir en Ukraine…Fabien Randanne
L'essentiel
- L'Australie participe à l'Eurovision depuis 2015.
- Cette année, une trentaine de membres du fan club australien ont fait le déplacement à Kiev où se déroule le concours.
- Croiser des fans australiens dans un pub irlandais en Ukraine, c'est la magie de l'Eurovision.
De notre envoyé spécial à Kiev (Ukraine)
Au milieu des mines impassibles des Ukrainiens, leurs sourires nous sautent au visage. Au To Dublin, un bar à deux pas du Centre d’exposition de Kiev où se déroule l’Eurovision, ce n’est que crépitement de dents blanches et tintements de pintes de bière autour de leur table. On est à peine arrivé qu’on sait que l’on va passer un bon moment avec ces Australiens…
Oui, on sait, vous vous demandez ce que l’Australie vient faire à l’Eurovision. Ce pays, qui adule le concours, a été invité à participer pour la première fois en 2015, afin de fêter la 60e édition… Ça a tellement bien marché que l’invitation a été reconduite l’année suivante. C’est parfaitement dans les clous du règlement, puisque l’Eurovision ne se limite pas à l’Europe. Sachez-le : le Maroc a participé une fois, en 1980.
« L’Eurovision est diffusé à la télé australienne depuis si longtemps, explique Paul, 34 ans, qui arrive de Melbourne. Il y a beaucoup d’Européens ou de descendants d’Européens qui vivent en Australie, c’est une des raisons pour laquelle le concours a dû s’installer dans le paysage. » Chaque année, la finale est un carton d’audience…
Un budget conséquent
Au pays de Kylie Minogue on s’intéresse ainsi bien plus à l’Eurovision que sous certaines latitudes européennes. « On est fier de participer, reprend Paul. Nous, contrairement aux Anglais, on prend le concours au sérieux, ce qui n’empêche pas de rigoler. Mais il n’y a pas de mépris. Les artistes australiens, qu’ils fassent de la pop ou viennent de la scène indé, respectent le concours. Vraiment en Australie, l’Eurovision n’est pas stigmatisé. »
De quoi se demander si ce ne sont pas eux, les plus grands aficionados du concours. Parce que, pour se taper 24 heures d’avion pour voir une Roumaine yodler ou applaudir un Italien dansant avec un singe, il ne faut pas manquer d’enthousiasme. Ni d’un certain budget. « Il faut compter 1.000 euros pour les billets d’avion, une centaine d’euros pour le visa…, énumère Adrian, un ingénieur de 43 ans. Heureusement, la vie à Kiev n’est pas très chère. »
Effectivement, dans la capitale ukrainienne un trajet en métro ne coûte que quelques centimes et on peut déjeuner pour moins de trois euros… « J’attendais une destination pas trop chère pour pouvoir enfin vivre cet événement », glisse d’ailleurs Jorja, une étudiante de 24 ans qui s’apprête à découvrir l’Eurovision de l’intérieur : « On m’a dit que ça paraît tout petit par rapport à la télé. » Sharleen confirme. Le baptême du feu de cette trentenaire remonte à 2011, c’était en Allemagne. « Je me suis dit que j’allais y aller juste une fois, que ça allait être fun… et puis j’ai remis ça tous les ans », sourit-elle. Et de vanter « l’ambiance, l’amitié entre les fans »…
« On peut être jusqu’à 200, selon les éditions »
Cette année, une trentaine de membres du fan club australien ont fait le déplacement en Ukraine. « C’est une petite année, fait remarquer Sharleen. Lors de certaines éditions, on peut être jusqu’à 200, sur 250 adhérents environ. » Et encore, c’est sans compter les Australiens expatriés en Europe ou ceux qui ne sont pas passés par l’association pour organiser leur voyage.
Ils devraient donc être nombreux à encourager Isaiah, leur candidat, en finale samedi. Ils soutiendront aussi la Danoise, Anja, qu’ils connaissent bien car elle a remporté le The Voice australien. « Quand Dami Im (la candidate australienne de l’an passée) est arrivée deuxième, ça a été un truc énorme, encore plus de monde s’est intéressé à l’Eurovision en Australie », assure Sharleen. Ils peuvent l’avoir mauvaise car, si les règles n’avaient pas été modifiées l’an dernier, elle aurait remporté le concours… Mais la fan ajoute : « Ça met la pression, il faut faire aussi bien ». Sans cacher non plus qu’elle n’imagine pas un aussi bon résultat cette année.
Qu’importe, ces fans-là auront eu leur dose de frisson eurovisionnesque jusqu’à l’édition suivante. Et nous, on se dit que rencontrer des Australiens, dans un pub irlandais, en Ukraine, c’est aussi ça la magie de l’Eurovision.