PALAISOn a emmené une Anglaise au restaurant Le Cinq, défoncé par le «Guardian»

On a emmené une Anglaise au restaurant Le Cinq qui s’est fait défoncer par le «Guardian»

PALAISAprès la critique du « Guardian », « 20 Minutes » a emmené Louise Ekland manger au Cinq pour savoir si les Anglais étaient tous incapables d’apprécier la gastronomie française…
Claire Barrois

Claire Barrois

A force d’avaler des fish & chips, les Anglais auraient-ils perdu tout sens de la gastronomie ? C’est en tout cas ce que la plupart des Français ont pensé de leurs voisins d’outre-Manche quand ils ont appris l’existence d’une critique du restaurant Le Cinq (celui de l’hôtel George V) par Jay Rayner, journaliste au Guardian. Pour en avoir le cœur net, 20 Minutes est allé déguster sa cuisine avec l’Anglaise Louise Ekland, qui réagit aux citations du journaliste Jay Rayner.

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« « Il y a un peu de doré ici et là, pour nous rappeler qu’il s’agit d’une pièce conçue pour les personnes pour lesquelles la culpabilité n’est pas familière. Le restaurant hurle l’argent comme les fans de football hurlent sur l’arbitre. » »

L’entrée d’un palace parisien fait toujours son petit effet, et celle du George V n’échappe pas à la règle : dorures, lustre énorme, tapis moelleux… Il est difficile de ne pas être impressionné par l’environnement dans lequel on met les pieds. Quant aux tapis « suffisamment épais pour étouffer les hurlements », la comparaison fait rire (jaune) Louise Ekland : « C’est étrange cette comparaison alors que les Anglais adorent les gros tapis et que c’est quelque chose qu’on retrouve dans toutes les maisons chez nous. » La déco plaît donc à notre Anglaise, entre le chic à la parisienne et un petit retour en enfance.

Les amuse-bouches servis au Cinq avant le début du repas.
Les amuse-bouches servis au Cinq avant le début du repas. - Jean-Claude Amiel

« L’un des amuse-bouches : « sorte d’implant mammaire en silicone pour poupée Barbie » est également qualifié de « préservatif laissé trop longtemps chez un primeur poussiéreux ». »

Une fois qu’on a lu cette comparaison, difficile de ne pas voir l’implant mammaire à l’arrivée des amuse-bouches. Néanmoins, à l’évocation du préservatif, Louise Ekland se demande « qui peut avoir une idée pareille en mangeant ça. S’il avait été plus élégant dans ce qu’il raconte, je lui aurais accordé plus de crédibilité. Qui croque des préservatifs ? Il doit avoir un souci avec se vie sexuelle pour décrire ça comme ça », le tacle-t-elle. En revanche, elle non plus n’aime pas le goût : « On dirait le Doliprane de mon fils ! » Les deux autres amuse-bouches, une boule remplie de sorte de jus de framboise très fort en goût et une petite pizza revisitée, l’étonnent aussi. « On est vraiment dans le sens premier de l’amuse-bouche : on ne sait pas trop si on trouve ça bon, mais les saveurs et les textures nous surprennent. » Place aux plats.

« « On nous dit de la gratinée d’oignons qu’elle a la saveur de la soupe à l’oignon française. […] Elle est surtout noire comme les cauchemars et collante comme le sol après une fête d’adolescents. » »

Attention, on arrive ici au vrai point de désaccord culturel entre Français et Anglais. Selon le chef Christian Le Squer, tous les critiques culinaires français ont beaucoup aimé ce plat. Pour notre part, on trouve très audacieux qu’un plat aussi populaire se retrouve à la carte d’un restaurant de ce niveau. Et la manière dont il a été revisité est étonnante et vraiment plaisante. Pour Louise Ekland, ça passe moins bien : « C’est trop acide à mon goût, explique-t-elle. En revanche, la présentation, critiquée par son compatriote, l’inspire. L’aspect est poétique, l’explosion de la bulle d’oignon est drôle. On dirait un potager de conte de fée, celui d’une grand-mère un peu isolée. »

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La seconde entrée, une asperge verte truffée avec une mousseline et un sorbet d’asperges n’est pas évoquée par le journaliste. Normal, elle est difficilement critiquable et fait l’unanimité à notre table. A propos du voile de lait qui recouvre l’asperge qu’il a retrouvé dans d’autres plats, Jay Rayner affirme cependant qu’il ressemble à « quelque chose tombée d’une personne victime de brûlures ». Pas pour Louise Ekland, qui ne trouve pas ça très esthétique, mais qui apprécie son goût.

« Le pigeon demandé à point « est servi si rosé qu’il pourrait s’envoler à nouveau avec quelques volts ». »

Une semaine après le passage du critique anglais, plus de pigeon à la carte. Mais Louise Ekland tient à expliquer le fossé culturel qui peut apparaître lorsque la viande est servie. « J’ai mis dix ans à m’habituer à la nourriture française, à pouvoir manger un steak saignant ou du poisson cru, explique-t-elle. Et il ne faut pas oublier que la bouffe n’est pas notre culture, nous, on s’y connaît en football et en rock ! Aujourd’hui, l’Anglaise que je suis comprend certaines choses à la nourriture, mais pas tout. Le critique n’a clairement rien compris. »

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Elle goûte alors la semoule d’agneau qu’elle qualifie de « couscous de luxe » et se range du côté de son compatriote sur la merguez qui n’est pas très épicée. Vient alors une interrogation : « La lumière de la salle ne rend pas forcément justice aux assiettes. La photo du Guardian est sombre, ne donne pas envie, et n’est vraiment pas fidèle à la réalité. Est-ce qu’une jolie lumière ne devrait pas être obligatoire pour des œuvres d’art comme celles que l’on est en train de déguster ? » Difficile en effet d’obtenir un joli rendu des plats en les prenants en photo avec de simples smartphones. Les desserts font alors leur entrée.

Le cheese cake ? « L’une des pires choses que j’ai jamais mangées. »

Devant la présentation du cheese cake au persil, difficile de ne pas être sceptique. Et pourtant, le mariage des saveurs est réussi. « On ne sent presque pas le persil, le cheese cake est réussi et les fruits congelés parsemés dessus lui donnent un côté pétillant. C’est très bon », assure la journaliste avant de craquer pour la gourmandise offerte par le chef breton… Un kouign amann revisité.

Louise Ekland sur le point de s'attaquer au cheese cake qu'a critiqué le jounaliste anglais.
Louise Ekland sur le point de s'attaquer au cheese cake qu'a critiqué le jounaliste anglais. - C. Barrois / 20 Minutes

Evidemment, ce plat n’a pas été épargné par le critique anglais, qui l’a estimé brûlé. Pour Louise Ekland, qui revenait d’une semaine en Bretagne, le résultat de ce classique revisité était réussi. La journaliste a alors tenu à saluer « la fraîcheur des produits, leur qualité, leur goût », pas mentionnés par le critique. Grâce à sa présence, 20 Minutes a pu constater que gastronomie française et goût anglais n’étaient pas incompatibles. Reste à vous montrer le clou du spectacle, la note.

La direction du Cinq a gentiment invité « 20 Minutes », lui évitant de payer cette note pour le moins salée.
La direction du Cinq a gentiment invité « 20 Minutes », lui évitant de payer cette note pour le moins salée. - C. Barrois / 20 Minutes