«Marvel’s Iron Fist»: Les super héros sont-ils à bout de souffle?
SERIE•Alors qu'Iron Fist, le superhéros qui débarque ce vendredi sur Netflix, peine à convaincre la critique américaine, nos internautes ont planché sur la question: n’assiste-t-on pas au crépuscule du genre?…Anne Demoulin
Qu’ils appartiennent à l’écurie DC Comics ou Marvel, les superhéros ont envahi le petit et le grand écran. Netflix lance ce vendredi sa nouvelle création, Marvel’s Iron Fist, clouée au pilori par la presse américaine.
« Iron Fist est mortelle – dans le mauvais sens », a jugé Variety tandis que The Hollywood Reporter évoque « une déception majeure ». Après l’héroïne féministe Jessica Jones et le héros afro-américain Luke Cage, le bellâtre blanc et blond Danny Rand apparaît comme une formule déjà trop éprouvée. « S’il avait été le premier diffusé, lui aurait-on réservé le même accueil ? », s’interrogent nos confrères du Point. Au cinéma, Logan, sorti le 1er mars, est salué par la critique. Mais Allociné se demande si ce héros crépusculaire n’annonce pas « en fait la fin de l’ère des super-héros ? ».
20 Minutes a fait appel à vos lumières, via un formulaire en ligne, pour savoir si les fictions superhéroïques étaient à bout de souffle ? Vous avez été nombreux à répondre, merci. On vous avait promis une synthèse, la voici.
« Les superhéros seront encore là dans longtemps ! »
L’année 2016 a vu l’arrivée de Deadpool, Suicide Squad, Civil War ou encore Dr Strange sur la toile. L’année 2017 sera jalonnée par les sorties de Justice League, Thor 3 : Ragnarok, Spider-Man : Homecoming, ou encore Wonder Woman. Il n’y a jamais eu autant de séries basées sur des comic books diffusées en même temps : Arrow, The Flash, Gotham, I-Zombie, Supergirl, DC’s Legends of Tomorrow, Lucifer, Preacher, Powerless, Marvel : Les Agents du SHIELD, Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage ou encore Legion. Et ce n’est pas près de s’arrêter !
ABC diffusera en septembre Marvel’s Inhumans et Netflix prépare The Defenders et le spin-off The Punisher. Malgré cette abondance, deux tiers des internautes estiment que les superhéros ont quoi qu’il arrive de beaux jours devant eux. « Il y aura toujours des fans », estime l’un d’entre eux. « Les superhéros seront encore là dans longtemps ! », assure un autre. « Il existe des centaines de héros différents qui mériterait leur adaptation sur le petit ou le grand écran », renchérit un troisième. Pourquoi tant d’appétit ? Parce que les superhéros « permettent de s’évader », de « rêver à un monde meilleur où tout est possible », de « déconnecter de ce monde » et de « sortir de la routine de tous les jours ».
« C’est toujours les mêmes clichés »
Si la figure du superhéros suscite toujours de l’intérêt, « c’est toujours les mêmes clichés », déplorent certains internautes. Les fans du genre ne veulent pas de « scénarios qui se répètent », mais « une bonne histoire », des « intrigues qui savent nous maintenir en haleine » et « une chute surprenante à la fin » en lieu et place des « happy ending trop prévisibles ». Il ne faut « pas juste montrer un gars superfort qui bat tout le monde sans problème », mais « sortir des stéréotypes ».
Pour les scénaristes, le défi est compliqué à relever. Les fans estiment qu’il faut « respecter l’“origin story” », ne pas « changer radicalement certains détails qui caractérisent les personnages aux yeux des fans », au risque de le « dénaturer », tout en ne se contentant pas de « juste de rejouer le comic ».
L’ingrédient indispensable du genre reste « l’action » et la « baston », mais une adaptation DC Comics ou Marvel doit avoir également « du mystère, de la psychologie, des bons dialogues, de l’humour » et des « gros effets spéciaux ». Quant aux romances, souvent « nian nian » et « prévisibles », elles ont failli « tuer le genre ».
« Un héros vulnérable et un superméchant charismatique »
L’« attachement au personnage » principal est un critère très important. Pour ce faire, la psychologie du superhéros se doit d’être complexe. Les spectateurs aspirent à des superhéros avec « de la maturité », voire des « antihéros ». « Il faut montrer le côté humain du personnage », considère un autre internaute. « Un héros vulnérable et un superméchant charismatique », réclame encore un autre. « Des héros noirs, sombres, pas tout puissants », demande un troisième. Bref, le superhéros « ne doit pas être parfait » pour créer une « approche empathique » qui permet de « s’identifier ».
Les fans de comics aspirent à des héros crépusculaires, c’est-à-dire à des héros à la moralité plus ambiguë, en proie à des crises existentielles, à des personnages plus réalistes et plus torturés, comme Logan dans le film éponyme, comme les héros équivoques des Defenders, mais à l’opposé du nouveau héros de la série Netflix, Iron Fist, optimiste et doté d’une grande droiture.
Comme le rappelle un internaute, Steven Spielberg a prédit aux films de superhéros un destin similaire à celui du western. «Nous étions là quand le genre est mort », avait déclaré le cinéaste dans une interview donnée à l’Associated Press en 2015. « Bien sûr, les super-héros sont aujourd’hui vivants et prospères. Mais ces cycles ont une durée de vie limitée dans la culture populaire », avait-il poursuivi. Nul doute que les fictions superhéroïques sont arrivées au « crépuscule » de leur âge d’or et qu’« il y aura un moment où les super-héros emprunteront le même chemin que le western ». En attendant, les fans s’apprêtent donc à découvrir les chefs-d’œuvre superhéroïques équivalents à La Horde Sauvage ou à Impitoyable pour le western. On est donc loin d’avoir complètement marre des vengeurs masqués !