JEUX VIDEO«Ghost Recon Wildlands», pour Ubisoft l'aventure continue

«Ghost Recon Wildlands» : Pour Ubisoft, l'aventure continue

JEUX VIDEOAvec « Ghost Recon Wildlands », Ubisoft livre un jeu d’action intense dans la droite lignée de ses précédentes productions. Suffisant pour faire la différence ?
Jean-François Morisse

Jean-François Morisse

Après nous avoir emmenés à New York l’an passé avec le très réussi The Division, l’éditeur Ubisoft nous envoie cette année sous le soleil de la Bolivie avec Tom Clancy’s Ghost Recon Wildlands (un jeu PlayStation 4, Xbox One et PC).

Une virée au milieu des cartels de la drogue dans un pays où l’on semble faire pousser de la coca comme dans d’autres régions le blé. Une image sans doute pittoresque mais qui a provoqué la colère du gouvernement bolivien qui ne s’est pas privé de le faire savoir aux concepteurs du jeu.

Cette Bolivie « plus vraie que nature » a nécessité de nombreux voyages de reconnaissances de la part des équipes d’Ubisoft. « L’immersion directe dans la culture locale est essentielle pour capter les subtilités qui rendront notre travail crédible, explique Jean-Marc Geffroy le directeur créatif. Car de nombreux thèmes suscitaient l’intérêt de l’équipe : la diversité des environnements, l’architecture, la population, les légendes… ». De quoi assurer le dépaysement ? La réponse est oui, assurément, si l’on s’en tient aux paysages traversés dans ces 21 provinces, magnifiques.

Des paysages magnifiques, une Bolivie plus vraie que nature (?).
Des paysages magnifiques, une Bolivie plus vraie que nature (?). - Ubisoft

En termes de réalisation technique Ubisoft livre un titre remarquable. On parcourt ces vastes étendues à bord de camions, de voiture, en hélicoptère ou bien à moto. Des dizaines de moyens de locomotion qui rendent le périple fascinant au milieu d’une dizaine d’écosystèmes différents. On va des montagnes à la jungle en passant par des petits villages ou des favelas. Une richesse graphique qui transformerait presque ce Ghost Recon en une petite virée touristique. Mais la forme ne fait pas tout.

L'univers du jeu Ghost Recon Wildlands reste évidemment très mature. Un jeu à destination des adultes.
L'univers du jeu Ghost Recon Wildlands reste évidemment très mature. Un jeu à destination des adultes. - Ubisoft

Et c’est là notre bémol : avec Ghost Recon Wildlands, Ubisoft propose une aventure en monde ouvert comme on les aime, mais comme on les connaît aussi. A la tête d’une équipe de quatre soldats d’élite, le joueur va devoir arpenter la région et mettre la main sur une vingtaine de trafiquants et gangsters. Si le jeu peut se jouer seul, il a évidemment, tout comme le précédent The Division, été pensé pour être joué à quatre.

Si l’expérience en solo est amusante, elle atteint vite ses limites. Les assauts sont rarement très tactiques et on passe d’une zone à l’autre en faisant feu à tout va sans vraiment réfléchir, quand on ne débarque pas dans un camp à bord d’un véhicule blindé histoire de faire rapidement le ménage.

Un jeu d'action pensé pour quatre joueurs en simultané à l'instant de The Division l'an passé.
Un jeu d'action pensé pour quatre joueurs en simultané à l'instant de The Division l'an passé. - Ubisoft

A quatre simultanément, les joueurs peuvent introduire une véritable dimension tactique au jeu rendant les parties bien plus amusantes et intelligentes. Si vous n’avez pas quelques amis sous la main, vous passerez à côté de l’essentiel, le jeu ayant été clairement conçu pour être découvert à plusieurs.

Il manque à "Ghost Recon Wildlands" un petit supplément d’âme

N’aurait-on pas même l’impression de refaire The Division dans la jungle alors que les missions s’enchaînent (et se ressemblent un peu, pour tout dire) ? Cette jungle et ces montagnes enneigées ne sont pas sans rappeler les décors de titres comme Far Cry 4 et Far Cry Primal. Et les mécaniques de jeu font immanquablement songer à celles de Watch_dogs, encore un titre Ubisoft.

Un monde ouvert gigantesque dans lequel le joueur peut aller où bon lui semble. Un sentiment de liberté grisant.
Un monde ouvert gigantesque dans lequel le joueur peut aller où bon lui semble. Un sentiment de liberté grisant. - Ubisoft

Bref, il est difficile de ne pas éprouver une impression de déjà-vu déjà-joué même si, au final, le jeu peut au moins se targuer d’être une belle production Ubisoft, bien calibrée, à laquelle il ne manque in fine qu’un petit supplément d’âme. Un petit plus que l’on trouve dans d’autres aventures en monde ouvert comme Horizon Zero Dawn ou Zelda Breath of the Wild, deux jeux qui sortent quasi simultanément en magasin. Deux aventures qui se partagent néanmoins seul, là où Ghost Recon Wildlands invite les joueurs à expérimenter la vie d’un petit groupe de forces spéciales dans un jeu qui n’a pas à rougir face à la concurrence du point de vue de la réalisation. Suffisant pour se distinguer ? Peut-être, mais sans doute pas pour être un titre mémorable.

Jeux vidéo Magazine le leader de la presse de jeux vidéo.
Jeux vidéo Magazine le leader de la presse de jeux vidéo. - LDS

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Malaise en Bolivie

C’était une semaine tout juste avant la sortie de Ghost Recon Wildlands : le 1er mars, les deux ministres des affaires étrangères et de l’intérieur boliviens ont convoqué l’ambassadeur de France pour exprimer leur « malaise » à propos d’un jeu qui présenterait, selon elle, le pays sud-américain « comme étant sous l’emprise du narcotrafic ». Ils lui ont remis une lettre destinée à Ubisoft, ajoutant : « Nous nous réservons le droit de faire usage de toutes les actions légales » contre ce jeu. Réponse d’Ubisoft dans Le Monde : « Comme dans tous les jeux de la franchise Tom Clancy, l’action se déroule à notre époque et s’inspire de la réalité. Mais les personnages, les lieux et l’histoire sont fictifs et uniquement créés dans le but de divertir. Même si la réalité dépeinte dans le jeu est différente de celle de la véritable Bolivie, nous espérons que le monde que nous avons créé rendra hommage à l’incroyable beauté et à la topographie du pays ». Reste qu’il n’y a pas de fumée sans feu : la Bolivie est, selon l’ONU, le troisième producteur mondial de feuilles de coca, après la Colombie et le Pérou.