«Seuls»: Comment cette série BD est devenue culte avant d'être adaptée au cinéma
BD•Phénomène éditorial de la série BD, «Seuls» possède désormais son adaptation au ciné…
Olivier Mimran
Plus que jamais, la BD inspire le cinéma. Ainsi, en attendant l’adaptation, par Luc Besson, du Valérian de Christin et Mézières, ce sont celles de Gaston Lagaffe et de Spirou et Fantasio qui viennent d’être annoncées. Et ce mercredi sort le film Seuls, inspiré de la série BD éponyme.
Mais comment ce titre, créé en 2006 par Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, peut-il « jouer dans la même cour » que Gaston, Spirou ou Valérian, « stars » de la pop culture depuis près de 50 ans ? Analyse du phénomène…
Il faut d’abord signaler que Seuls n’a rien d’une série confidentielle : en dix ans et autant de volumes, elle totalise aujourd’hui près de 1.500.000 albums vendus ! Même si ça paraît une broutille comparée aux 370 millions d’albums d’Astérix vendus, c’est un énorme succès éditorial à notre époque (quand les premiers Astérix sont parus, il ne sortait qu’une centaine de titres de BD chaque année… contre plus de 5.000 actuellement). Et - attention, spoiler ! - c’est d’autant plus surprenant que s’adressant, initialement, à un jeune public, Seuls raconte les aventures d’enfants morts « ressuscités » dans un monde parallèle.
Un effet générationnel ?
Mais le sujet a beau être lugubre, la série - pré-publiée dans l’hebdomadaire Spirou - a cartonné dès sa création. Au point qu’elle a été deux fois récompensée (en 2007 et 2010) d’un Prix Jeunesse 9-12 ans au Festival de la BD d’Angoulême et que le 1er tirage du dernier volume s’élevait à 120.000 exemplaires. Interrogé par 20 Minutes en novembre 2016, le scénariste Fabien Vehlmann ne parvenait pas lui-même à expliquer un tel engouement de la part du public : « Il y a toujours une énorme part de chance, hein ? Mais mon impression, c’est que Seuls a dû bénéficier d’un effet générationnel. Je veux dire que la société actuelle est à la fois très individualiste et effrayée à l’idée de ce que pourrait devenir le monde… on n’est pas loin d’avoir des mentalités survivalistes – fantasmées ! -, en fait, et Seuls parle indirectement de ça ».
Du divertissment avec rebondissements
Paradoxalement, la série est aujourd’hui suivie par autant d’ados et pré-ados que d’adultes : « Les premiers lecteurs, qui sont aujourd’hui de jeunes adultes, continuent manifestement à lire la série, selon Fabien Vehlmann. Mais on a remarqué, lors de festivals ou de séances de dédicace, que Seuls avait aussi des lecteurs beaucoup plus âgés. Son public est donc très disparate, mais a en commun d’apprécier les séries TV fantastiques genre Lost, c’est-à-dire du divertissement avec rebondissements, coups de cymbale etc. qu’on retrouve aussi dans Seuls ! ». Rien de surprenant, donc, que le cinéma ait décidé de surfer sur ce vrai succès populaire…
Le film de David Moreau, en salles le 8 février, s’inspire des cinq premiers volumes de la série (son 1er cycle, en fait) et « devrait en conserver l’esprit, même si l’histoire est un tout petit peu remaniée », nous confiait Fabien Vehlmann. Projeté en avant-première durant le dernier festival d’Angoulême, fin janvier, le résultat semble diviser les fans de la première heure…
… mais inspirer, à son tour, le créateur de la série : « si le film est un succès et que ça implique des suites, il faudra bien sûr qu’on se mette d’accord sur l’avenir des deux séries – BD et ciné – et leur éventuelle convergence ». Une perspective qui, si elle se confirme, devrait encore amplifier un phénomène déjà en tout point remarquable.
« Seuls », de David Moreau - au cinéma le 8 février