Après les start-up, l’école 42 va-t-elle révolutionner l’industrie française ?
CHALLENGE•En organisant trois jours de développement intensif (appelés hackathon), le prix Lilly a construit un pont avec les élèves de l’école 42...Antoine Besse
«Grâce à la technologie du machine learning, nous voulons développer une analyse qui combine plusieurs facteurs afin d’anticiper une panne qui pourrait advenir sur la ligne de production. » Khaled parle comme un ingénieur chevronné, mais ce jeune homme de 27 ans n’est encore qu’élève à 42, l’école de développement fondée par Xavier Niel. Il fait partie des équipes qui se sont affrontées amicalement du 18 au 20 janvier dernier dans un hackathon appelé « HackTheUI », organisé par le laboratoire pharmaceutique Lilly en partenariat avec Danone. Le but ? Faire émerger des idées neuves pour faciliter la vie des opérateurs en cas de problème sur les chaînes de production.
« Il y a beaucoup de contraintes dans notre usine de Fegersheim, qui fabrique des doses d’insuline auto-injectables, explique Philippe Perrin, directeur informatique chez Lilly. Elle est sous atmosphère stérile avec des normes de qualité et de traçabilité très élevées. Durant ces trois jours, nous voulons montrer que des réflexions moins formelles peuvent aboutir à des solutions innovantes, même dans des structures très contrôlées. »
« #selfiechallenge de l’équipe Lilly ! @42born2code à vous de jouer ! #hacktheui cc @BeMyAppFR pic.twitter.com/Hpyx4EpOb2 — LillyPad France (@LillyPadFR) 19 janvier 2017 »
L’industrie se dope au numérique
Ce hackathon était surtout l’occasion de faire découvrir un autre monde à ces digital natives qui ne jurent que par l’ambiance iconoclaste des start-up. « Nous voulons montrer, d’une part, qu’il se passe beaucoup de choses nouvelles dans l’industrie et, d’autre part, que nous voulons nous confronter à des méthodes de travail plus innovantes », souligne Véronique Delvolvé, directrice de la communication des affaires publiques chez Lilly.
En effet, un sondage Ifop commandé par le laboratoire pharmaceutique montrait que les jeunes avaient une image encore assez floue du milieu industriel, perçu à la fois comme high-tech et pénible… Pour Tahar Melliti, membre du jury du hackathon et directeur de l’Alliance pour l’industrie du futur, pas de doute : « Il faut absolument rapprocher l’industrie et le numérique. »
Des jeunes qui veulent peser
A l’école 42, l’innovation et le numérique, on connaît. Fondée en 2013 à Paris, cette école gratuite et ouverte 24 h/24 n’a ni prof ni cours magistraux. Les élèves construisent, à leur rythme, devant leur ordinateur, leur « arbre de compétences » en multipliant les missions comme dans un jeu vidéo ! Pas vraiment l’ambiance qu’on retrouve dans une grande industrie…
« C’est surtout une école très rigoureuse qui nous permet de nous intégrer partout, tempère Pedro, 32 ans, originaire du Brésil et ancien journaliste télé. Ce que nous cherchons, c’est un challenge intellectuel. Qu’importe le lieu. » En fait, ces jeunes veulent surtout que là où ils travailleront, leurs idées fassent changer les choses. Matthieu, 26 ans, ancien technicien informatique, est ravi : « C’est formidable de voir qu’on est écouté alors qu’on est seulement étudiants ! »
« Le prix Lilly est attribué au projet E-Lys ! Bravo pour votre motivation, votre idée et votre travail ! #hacktheui pic.twitter.com/MBOAZSJ2p5 — LillyPad France (@LillyPadFR) 20 janvier 2017 »
Après trois jours de cogitations intenses, l’innovation est bien là. Danone récompense une interface Web collaborative de suivi de fournisseurs et Lilly, un projet de boîtier sécurisé de commande vocale, pour discuter avec une hotline contrôlée par une intelligence artificielle… A la clé, un chèque, et surtout un suivi de six mois de ces projets dans les entreprises. Le speed dating entre les jeunes développeurs et l’industrie a fonctionné !