Fillon, Macron, Mélenchon, Hamon… Qu’est-ce qui se passe avec les noms de politiques en «on» ?
COINCIDENCE•Marine Le Pen, Arnaud Montebourg et Manuel Valls mis à part, les prétendants sérieux à l’élection présidentielle de 2017 ont tous des noms qui finissent en « on »…Benjamin Chapon
François, Emmanuel, Jean-Luc et Benoît pourraient bien chacundevenir Président de la République. Leur autre point commun : leurs noms de famille finissent en « on ». Même si, d’après le généalogiste Jean-Marc Victor, il s’agit de l’une des terminaisons les plus courantes en France, il ne peut pas s’agir d’un hasard. Pourquoi les Français plébiscitent-ils des hommes politiques en « on » ?
La science acoustique pourrait peut-être nous expliquer cette étrange conjonction en « on ». Le docteur Steve Barron (encore un…), psycho-acousticien, travaille sur l’impact de certains sons sur nos émotions : « Il y a des fréquences qui semblent réconfortantes et d’autres plutôt anxiogènes. Le volume, le contexte et les spécificités des sons font partie des nombreuses variables. On étudie surtout des sons du quotidien et d’instruments mais nous avons aussi une partie du programme qui étudie l’impact des phones dans différentes langues. » Hélas, l’étude ne dit rien, ou pas grand-chose, sur le « on » : « Il y a un biais avec ce phone, niveau acoustique perçu d’un son, parce que nous demandons à de nombreuses reprises aux personnes qui participent aux tests s’ils entendent le son que l’on diffuse. Elles répondent par oui ou par non et cette récurrence fausse les résultats concernant les mots en « i » et en « on ». »
Pour le psycho-acousticien, un nom en « on » est largement synonyme de négation. Mais ce résultat n’est peut-être pas probant. D’ailleurs, pourquoi des politiques dont le nom évoque le refus seraient-ils mieux à même de devenir Présidents de la République ?
Les rimes en « on »
Sans aller chercher dans l’inconscient acoustique de la langue française mais plutôt dans un Bescherelle, on constate que le son « on » renvoie aussi, voire surtout, au pronom personnel indéfini qui « désigne un groupe d’individus dont on ne connaît ni le nombre exact ni le genre. » OK. Là aussi, ça pourrait coller avec la notion d’engagement collectif et politique que nos élus putatifs sont censés porter.
Allons plus loin. La solution à l’énigme se nicherait-elle dans la poésie ? Zoé Farré, professeure de littérature et spécialiste de la versification, se penche pour nous sur la question : « Il y a évidemmentune foule de rimes en « on » avec tous les concepts qui se termine en « -tion » : révolution, solution, action, attention… Mais plutôt que de la poésie, ça m’évoque des slogans. Ce que j’aime dans ce son est la forme de la bouche quand on le prononce. C’est un son agréable à dire. C’est rond, c’est bon. J’y vois une connotation rassurante, un son assez dur parce que fermé mais aussi confortable. » C’est tout bon pour un politique voulant incarner l’autorité suprême ça !
Mais deux heures après cette leçon, la poète amateur complète son témoignage : « J’en ai parlé à un collègue historien qui remarque que c’est quand même difficile de ne pas immédiatement penser à Napoléon… Mais surtout, il ne faut pas oublier que l’insulte la plus populaire en France se finit en « on », si vous voyez où je veux en venir… »
Comme dans la chanson, « le temps ne change rien à l’affaire quand on est on, on est on », ou dans le film « les ons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Pendant des années, Philippe Meyer a ainsi commencé son émission La prochaine fois je vous le chanterai, sur France Inter, avec la mythique séquence de La chanson on dédiée aux chansons idiotes ou bizarres ou improbables ou balourdes ou grossières ou complètement kitsch…
On est peu de choses
Reste que cette récurrence du « on » se retrouve dans des noms de famille. La clé du mystère était peut-être sous nos yeux dès le départ. Retour chez le généalogiste Jean-Marc Victor pour savoir si il y a une famille des noms en « on », peut-être désignent-ils tous des familles avides de pouvoir ? « Non. Chacun de ces quatre noms à une origine propre. Le nom Fillon est le diminutif de « fils » et désigne à l’origine le benjamin de la famille, le jeune fils. Macron est un nom d’origine picarde qui désigne un grand menton, « maqueron » en picard, ou une personne fière. Mélenchon est un nom d’origine espagnole alors que le nom Hamon vient des pays germaniques et est dérivé du mot « haim » désignant la maison. » Bref, contrairement aux noms de famille en « ier » désignant le plus souvent des noms de métier ancien, les noms en « on » n’ont rien à voir entre eux.
Il faudrait donc se résoudre à penser que la présence de quatre candidats majeurs à l’élection présidentielle ayant un nom de famille en « on » est une pure coïncidence.
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