BDPourquoi le Grand Prix d'Angoulême ira à Larcenet

Festival d'Angoulême: Pourquoi le Grand Prix n'échappera pas à Manu Larcenet

BDDe la liste des auteurs éligibles au Grand Prix 2017, réduite ce mercredi à trois noms, Manu Larcenet figure comme le principal favori… « 20Minutes » vous explique pourquoi…
Olivier Mimran

Olivier Mimran

À huit jours de l’ouverture de sa 44e édition, le festival d’Angoulême vient d’annoncer les noms des trois finalistes à l’élection du Grand Prix 2017 (qui récompense un auteur pour « l’ensemble de son œuvre »). À l’issue d’un vote rassemblant près de 2000 votants (tous auteurs professionnels de bande dessinée dont les œuvres sont traduites en français et diffusées dans l’espace francophone), ont donc recueilli le plus de suffrage : l’Américain Chris Ware, le Suisse Cosey et le Français Manu Larcenet.


20 Minutes se risque au jeu du pronostic en invoquant cinq raisons qui, à nos yeux, font de Manu Larcenet le principal favori au titre qui sera décerné le 25 janvier prochain.

Larcenet est au sommet de son Art…

Après avoir longtemps dessiné du « gros nez », rigolo ou pas (Le combat ordinaire, Prix du meilleur album du festival d’Angoulême 2004, raconte, de façon prosaïque, la vie d’un jeune photographe en mal d’inspiration), Larcenet a spectaculairement laissé évoluer son trait vers un réalisme s’appuyant, notamment, sur une vraie science de la lumière. Avec les quatre volumes deBlast (2009 à 2014) puis Le rapport de Brodeck (adapté du roman de Philippe Claudel), le quadra révèle enfin l’artiste exigeant - et complet - qu’il a toujours été.

Chris Ware a le « malheur » d’être Américain…

Après douze ans de disette (Robert Crumb l’ayant reçu en 1999), le Grand Prix a déjà été attribué deux fois à un auteur d’outre-Atlantique lors des cinq dernières années (Art Spiegelman en 2011 et Bill Watterson en 2014). Qu’un de leurs compatriotes soit nommé si peu de temps après semble, au moins statistiquement, fort improbable… Régulièrement désigné par ses pairs comme un lauréat légitime - et attendu -, l’auteur de Jimmy Corrigan (Prix du meilleur album du festival d’Angoulême 2003) devra certainement encore patienter quelques années avant une probable consécration.

Cosey après Hermann, ça ferait redite…

Même si Cosey a une douzaine d’années de moins qu’Hermann, tous deux appartiennent, aux yeux d’un large public, à cette même « génération artistique » qui a fait les beaux jours des périodiques francophones (notamment le journal de Tintin) des années 1970 à 1990. Quoique les univers qu’ils déploient soient très différents (plutôt poétique chez Cosey et réaliste chez Hermann), il serait surprenant de voir le Suisse couronné immédiatement après le Belge… Aparté amusant : Larcenet s’était retiré de la course au Grand prix en 2013 afin de laisser la place et de faire campagne pour Cosey, son « mentor artistique ». Faute d’une nouvelle déclaration, il pourrait donc bien être honoré avant son idole.

Le festival a besoin d’un président impliqué…

Demandez aux habitués du festival quelles ont été les présidences (tout Grand prix « supervisant » l’édition suivante) les plus marquantes du 21e siècle et la majorité vous répondra immanquablement : « celles de Zep (Grand prix 2004) et de Lewis Trondheim (Grand prix 2006) ». Du premier subsistent, par exemple, les très populaires concerts de dessin (une manifestation devenue institutionnelle que Zep a co-créée en 2017 avec le directeur artistique d’alors, Benoît Mouchart) ; du second reste l’identité visuelle du festival - c’est lui le créateur du Fauve, la mascotte du festival - et le souvenir d’événements éphémères et rigolos, telle la création d’un « Prix du meilleur dessinateur du Chat du rabbin de l’année », évidemment attribué à Joann Sfar.

Réputé très discret, Cosey n’est pas du genre à révolutionner le festival. Chris Ware non plus, du fait de la distance… alors que personne n’imagine une présidence « fade » sous l’éventuel règne du « très entier » Manu Larcenet.

Alan Moore s'est retiré de la course…

Le célébrissime auteur britannique de V pour Vendetta, Watchmen, From Hell, etc fait, depuis plusieurs années, partie des grands favoris à l’élection du Grand Prix. Beaucoup - 20 Minutes y compris - auraient donc bien misé une pièce sur lui cette année, sauf que… Moore ne veut plus être distingué. C’est ce qu’ont confirmé les organisateurs du festival d’Angoulême : « Il figurait, à l’issue du premier tour, parmi les trois auteurs plébiscités et bien qu’il soit heureux et fier de cet honneur, il ne souhaite plus participer à la vie publique de la bande dessinée ou recevoir de prix ». C’est un peu triste, mais ça dégage quand même pas mal l’horizon de Larcenet.

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, du 26 au 29 janvier 2017