Baptiste Lecaplain à l'Olympia: « Je ne sors de scène qu'après avoir tout donné»
SPECTACLE•Baptiste Lecaplain se tape l'affiche de l'Olympia à partir de mercredi soir...Propos recueillis par Vincent Jule
Bref, Palmashow, Vendredi tout est permis… vous avez tous déjà vu sa tête sur le petit écran, et un peu sur le grand dans les films Nous York ou Libre et assoupi - mais pas 20 ans d’écart qu’il a refusé et il le regrette encore. Si vous voulez lui taper l’affiche, vous pouvez même ressortir le dossierStrictement platonique, une sitcom France 2 totalement passée inaperçue où il tenait le rôle principal, un de ses premiers.
Mais Baptiste Lecaplain est aujourd’hui surtout connu sur scène. Il fait les comptes lui-même : « Le Temple, le Trévise, la tournée, le Bataclan, encore la tournée, les Folies Bergère, les Zéniths avec Jérémy Ferrari et Arnaud Tsamère… » Sans oublier le Montreux Comedy Festival, qui alimente régulièrement la TNT et YouTube. Actuellement en tournée dans toute la France avec son deuxième spectacle, Origines, l’humoriste s’arrête pour quelques dates à l’Olympia, et quelques questions de 20 Minutes.
Quelles sont les « origines » de ta vocation ?
Quand j’étais animateur en colo, j’ai joué un sketch de Franck Dubosc devant des gamins de 12 ans, pour les faire marrer. Je me suis pris un bide, mais les autres animateurs, eux, rigolaient. J’ai continué avec d’autres sketchs, comme la cigarette de Gad Elmaleh, incroyable. Je me suis fait la main dessus, et plus je les reprenais, plus je m’amusais et intégrais mes propres vannes. J’ai toujours été fan des humoristes, je les regardais sur de vieilles VHS et ma grand-mère me prévenait dès qu’il en passait un à la télévision. Mais j’étais à fond dans le sport, je voulais devenir basketteur professionnel. Pour moi, comique ou comédien n’était pas un métier possible, je venais d’un petit village, il n’y avait pas de cours de théâtre. J’étais un peu comme Billy Elliot. (rires)
Quand a eu lieu le déclic alors ?
Une fois sur les bancs de la fac, j’ai compris que ce n’était pas pour moi, j’ai donc commencé à écrire mon spectacle, tout en continuant à être animateur. Cela a duré quatre ans, et en 2008, j’ai pu jouer au Théâtre Le Bout à Paris. Six mois plus tard, je remplissais la salle trois soirs par semaine, donc j’ai pu me lancer, signer avec un producteur, etc. Mais je ne monte pas sur scène pour être connu, c’est plus une réponse à ma timidité, et une volonté de véhiculer un truc cool. C’est tout.
Beaucoup d’humoristes actuels sont dans le commentaire social, politique… Pas toi.
C’est assez naturel, je fais des trucs qui m’amusent. Ce qui ne veut pas dire que je me désintéresse de l’actualité. Mais je n’ai pas forcément envie de la commenter. Pour certains, c’est aussi une manière de se cacher, de ne pas se révéler. Or, moi ou Kyan [Khojandi], nous sommes influencés par ces mecs comme Louis C.K. qui parlent de ses filles, de son divorce. Tu peux te dire que c’est très « exhib », mais en fait pas du tout. Tout part d’un vécu, qui fait naître tel sentiment, et comment je peux le rendre drôle et ainsi dédramatiser la situation. Mes spectacles ressemblent à ma vie. Je ne veux pas arriver à mon quatrième ou cinquième spectacle, payer l’ISF, pourquoi pas, et dire aux gens que je fais du Blablacar… Non, mec, on sait que tu ne vas pas non plus au supermarché. Parle-nous de vrais trucs, de vraies galères.
aD’où la blague sur François Hollande…
Ah, elle vient de mon expérience sur Salut les terriens. Stéphane Guillon partait, et ils cherchaient un remplaçant. Le producteur m’a prévenu qu’il avait deux autres noms, mais il avait envie de me voir. Sauf que je suis pas du tout politique. J’avais donc décidé d’ouvrir ma chronique par « Niveau politique, je suis calé. J’ai écrit avec mon neveu de cinq ans, qui est vachement au fait sur les jeunes, l’avenir. Bah, François Hollande, c’est du caca boudin ». Voilà, basta. J’ai trouvé cette vanne géniale, donc je l’ai gardé pour le spectacle. Et je savais que Gaspard Proust allait avoir le job.
Et sur la scène comique française, tu es le seul qui imite encore des animaux…
Pour le troisième spectacle, j’ai envie d’accorder une grosse place à un castor. Ils construisent quand même des barrages pour se protéger et cassent les couilles de tout le monde. T’imagines la fête des voisins ? J’ai juste ça pour l’instant, ah ah !
Tu es aussi le maître des digressions, difficile de t’arrêter.
J’adore, même si je ne sais pas forcément où je vais. Mais je n’ai rien inventé, il suffit de regarder Robin Williams ou le britannique Eddie Izzard. Yacine Belhousse le fait aussi très bien, c’est lui, leur véritable héritier. En tournée, j’ai été tellement loin, tu perds des spectateurs mais tu as toujours un rire. Le rire pointu. Dans les expos, il y a souvent cette personne qui n’aime qu’une seule oeuvre. Là, c’est pareil, même s’il y a qu’un rire, ça me va. Le mec qui te dit « J’ai adoré quand t’as fait parler une serpillière ».
C’est normal de sortir du spectacle plus fatigué que toi ?
Ce n’est pas la première fois qu’on me le dit. Le deuxième est encore plus physique que le premier. Je n’aime pas sortir de scène en me disant que j’en ai encore sous le coude. Paradoxalement, c’est pire lorsque je fais une première partie, je n’ai que dix minutes mais je sors plus essoré encore. J’y vais à fond. C’est une façon de faire, c’est la mienne, j’ai besoin de montrer que c’est aussi une performance. Cela me permet d’aller plus loin dans l’improvisation, de tester plein de choses. Par exemple, le castor, si je me pose devant une feuille, je vais trouver des idées, mais rien de comparable à le tester sur scène, à improviser un soir. Je peux me planter, mais si le public rit 10, 15, 20 fois sur une blague, c’est bon, je peux la garder. Le plus important est d’être toujours sincère.
Baptiste Lecaplain, Origines, du 11 au 15 janvier à l’Olympia de Paris