Festival d'Angoulême: Un peu de ciné et beaucoup de femmes... Place au programme!
BD•Le programme du prochain festival d’Angoulême a été révélé ce vendredi par ses organisateurs : honneur aux femmes dans la BD, aux scénaristes et aux liens avec le cinéma…
Olivier Mimran
«La vraie faute est celle qu’on ne corrige pas », aurait dit Confucius. Un aphorisme qu’a manifestement fait sien l’organisation du festival International de la BD d’Angoulême: après une édition 2016 mal commencée (souvenez-vous de la fronde suscitée par l’absence de femmes dans la short-list des prétendants au Grand prix) et mal terminée (la maladresse d’un animateur ayant perturbé la cérémonie de clôture), de nouvelles - et ambitieuses - orientations viennent d’être annoncées en conférence de presse. 20 Minutes vous présente les plus notables…
Vive les femmes
Il apparaît d’abord, même si ce n’est pas officiellement revendiqué, que le festival poursuit le mea culpa commencé l’an dernier en réaction à l’indignation née du manque de parité au sein des différents jurys, sélections, nommés etc. Les autrices - un terme désormais assumé - seront donc, cette année, davantage mises à l’honneur à travers événements (notamment un concert de China Moses illustré, en temps réel, par Pénélope Bagieu) et expositions (comme celles consacrées à la dessinatrice Sophie Guerrive et à la scénariste Loo Hui Phang).
L’affiche du festival 2017 (détail) par Hermann © FIBD 2016
Mais surtout, et c’est un peu la face immergée de l’iceberg, les femmes sont plus présentes dans les différentes commissions (les différents Comités de sélection comptent, par exemple, 7 femmes pour 6 hommes). Ces mesures, symboliques mais fortes, montrent que le festival reste attentif aux critiques qui lui sont parfois faites. C’est tout à son honneur.
Dans l’air du temps
Une autre position emblématique, car elle tient compte des tendances du moment, prend corps avec la création d’un « quartier BD-Ciné-Séries », qui acte les ponts évidents entre 7e et 9e Art : le cinéma inspire les auteurs de BD, et l’inverse est aussi vrai. Pour illustrer la tendance, ce nouveau pôle proposera, entre autres animations et en avant-première, la projection du film Seuls, inspiré de la série éponyme. Sans parler de l’événement Valérian et la Cité des 1000 planètes, le film de Luc Besson qui reprend les aventures des héros galactiques de Christin et Mézières et autour duquel s’articulera une exposition mettant en vis-à-vis la BD et son adaption cinématographique.
Autre fait marquant : les auteurs sont enfin considérés du même oeil bienveillant que les dessinateurs (un des reproches jadis faits au festival concernait le peu de consécration des scénaristes) : Outre l’exposition consacrée à Loo Hui Phang (voir plus haut), le festival d’Angoulême relance, en partenariat avec l’Institut René Goscinny, le prix qui porte le nom d’un des plus fameux scénaristes de la BD francophone. De là à imaginer qu’un scénariste pourrait prochainement devenir Grand Prix d’Angoulême, il n’y a qu’un pas que beaucoup aimeraient voir franchi…
Le fauve, mascotte du festival © L. Trondheim & FIBD
Pour le reste, on ne change pas une formule qui gagne : les événements les plus populaires (comme les Concerts de dessin, les Rencontres internationales - avec, cette année, des invités aussi prestigieux que l’américain Daniel Clowes, Christin et Mézières, le scénariste de comics Chris Claremont, Andreas etc -, les animations pour la jeunesse (quartier jeunesse, ateliers, concours de la BD scolaire) etc sont naturellement reconduits.
Et de grandes expositions seront consacrées à Hermann, Grand Prix l’an dernier, Christin et Mézières, les créateurs de Valérian, Franquin (à travers une « autre » expo Gaston Lagaffe) et l’américain Will Eisner, auteur du Spirit… « Des Maîtres dont les oeuvres incarnent à elles seules l’archétype de genres fondateurs du 9e Art », dixit Franck Bondoux, Délégué général du festival.
Finalement, en tenant compte du passé pour mieux construire l’avenir, l’organisation du festival d’Angoulême confirme cette année une vocation essentielle : celle de promouvoir la BD, toute la BD, « ce langage fait de dessins et de mots, si facile à lire en apparence qu’on le place très tot entre les mains des enfants et si riche en émotions que nombre d’entre eux continuent d’en lire toute leur vie pour se divertir ou se cultiver », s’enthousiasme Stéphane Beaujean, son Directeur artistiquel. Avant de rappeler une visée cruciale, surtout après l’édition 2015 marquée par les attentats de Charlie Hebdo : « Angoulême 2017 donnera à voir, dans une fenêtre de 96 heures, toute la beauté, la variété et la pertinence de cet Art (ndr : la BD) plus que jamais nécessaire ».
44e Festival International de la Bande dessinée d’Angoulême, du 26 au 29 janvier 2017
Consultez le programme complet sur le site du festival